d) - Processus de construction sous le regard des autres

Après avoir dressé ce constat d’infériorité, le héros refuse cet état et va mettre tout en œuvre pour le gommer, le réparer. La construction de l’identité héroïque inclut cette étape, car « la reconquête de la grandeur perdue commence (…) par un refus »858. Dans Lion de Bourges, les protagonistes savent qu'ils sont différents de leur entourage et qu'ils doivent pallier leurs manques pour se faire intégrer dans un système de relations sociales. Cela agit comme un fil conducteur, et l'on retrouve ici une duplication du procédé à l'œuvre dans l'ensemble du poème : chaque dysfonctionnement déclenche une série d'actions pour y remédier. Ainsi, le pouvoir royal est porteur de valeurs négatives, la famille est menacée par de nombreuses atteintes ; ces deux éléments suscitent la réaction du héros qui cherche à combattre les effets de ces désordres. De même, lorsque l'identité de celui‑ci est menacée (en raison, d'ailleurs, de l'action combinée des deux premiers éléments), il réagit. Il faut effacer l'infériorité pour parvenir à la construction de l'identité héroïque.

C'est précisément cette connaissance qui le distingue d'un personnage comme Perceval qui est tellement ignorant du monde extérieur, qu'il confond anges et chevaliers et se révèle incapable de soutenir une conversation cohérente lors de sa première confrontation avec l’un de ceux‑ci, si bien que les compagnons de ce dernier vont le comparer à un animal : « Cist est (…) com une beste »859. Pour autant, « Perceval n'est pas un enfant sauvage », note M. de Combarieu, « mais sa mère l'a tenu totalement à l'écart du monde chevaleresque, de ceux qui le constituent et du vocabulaire utilisé par et pour eux »860. Dans son ignorance, Perceval ne perçoit ni ses carences ni ses erreurs, parce qu'il n'a reçu aucune des leçons de la chevalerie ; bien au contraire, sa mère ne lui a donné que des informations négatives. Avant d'apprendre, il va devoir « corriger le brouillage maternel des signes », comme l'explique H. Bloch : « La jeunesse de Perceval dans les marges désolées de la société est (…) synonyme d'une perte du père qui correspond aussi à l'ignorance des signes de la chevalerie dans laquelle l'entretient sa mère »861. Ainsi, l'apprentissage de la chevalerie, de la courtoisie et de la religion devra être précédé d'une phase de désapprentissage à laquelle Gornemanz va s'employer.

Chez Perceval, le désir naïf d'être chevalier naît de l'émerveillement de sa rencontre avec le groupe d’hommes armés, avant même d'avoir compris la signification de l'engagement, – incompréhension dont l'écho va se retrouver lors de son premier séjour à la cour du roi Arthur. En schématisant, on pourrait dire que sa première impulsion répond au désir de porter un costume. C'est en cela aussi que réside la différence avec Lion et Olivier, conduits dès les premiers instants par un désir d'éprouver leur valeur héroïque, car ils savent d'emblée quelle signification lui donner. À cela, s'ajoute, pour Lion, le désir de venger son père. Différents également de Tristan de Nanteuil, élevé par une bête sauvage et qui ne possède aucune connaissance – si ce n'est celle des langues étrangères grâces aux leçons prodiguées par l'ange qui lui rendait visite pendant sept ans –, les héros de Lion de Bourges pressentent le contenu de toutes ces leçons à prendre, les codes à assimiler, qu'ils vont découvrir en regardant les autres et en cherchant à les imiter, – ce qui leur permet simultanément de définir les manques à combler.

Les premières confrontations de Lion et d'Olivier avec la société chevaleresque ont montré que l'absence de nom et d'origines pouvait se révéler cruciale. Ils vont donc déployer toute une panoplie de ruses assez efficaces pour pallier ce manque. Ainsi, Lion, quelque peu frondeur, se reconnaît comme « Chevalier d'avanture » et accepte volontiers de se faire appeler « l'Avantureux » par les hérauts862, ce qui remplace avantageusement les termes de « Chevalier Trouvés », « povre chevalier », ou, simplement (et bien pire) celui de « Trouvés »863. Mais cela ne présente pas un intérêt majeur, mis à part le fait que cela révèle l'image dont il souhaite se doter à cette étape. C'est une appellation qu'adoptent facilement les jeunes héros en quête de reconnaissance dans les poèmes. Plus intéressant est le stratagème envisagé par Olivier ; pour masquer sa condition paysanne, il s'invente des origines prestigieuses suffisamment vagues pour qu'on ne puisse déceler quelque mensonge. Il veut se présenter comme étant de la « grant terre Artus » :

‘« Maix qui verroit mon perre, comment il est chennus,
Dez chevalier seroie souvant boutéz a l’uis. »
Maix je ne lou dirait mie, que j’an soie venus,
Ains dirait que je sus de la grant terre Artus. » (v. 24470-473)’

Pourtant, malgré son aspect relativement pittoresque, ce mensonge est loin d'être anodin. Évoquer un personnage légendaire tel que le roi Arthur, c'est montrer un désir d'assimilation à une classe marquée par certaines pratiques, qui s'affirment dans le courant de la seconde moitié du XIe siècle. À partir de cette période, la noblesse est donnée comme « une qualité de naissance »864. Cette conception pose pour principe essentiel que la supériorité est héréditaire et qu'elle réside dans la noblesse du sang des ancêtres. Il est donc pour ainsi dire impératif de pouvoir se rattacher à une longue lignée d'ancêtres ayant accompli des actions prestigieuses. Dans ce type de société fortement caractérisée par une obsession des origines et de l'aristocratie du sang, « le passé sert à définir et à légitimer le présent »865. Quand Olivier évoque le roi Arthur, il veut signifier – ou simplement donner l'illusion – que quelques liens de parenté existent peut‑être... De là à s’inventer un ancêtre et se rattacher à une ascendance illustre, il n'y a plus que quelques pas. On peut penser qu'il s'agit d'un clin d'œil du poète en réaction à ces pratiques de l'aristocratie, que les travaux des historiens et anthropologues ont mises en évidence. En analysant les généalogies de familles nobles établies à partir du XIIe siècle, ils ont constaté qu'il existait une contamination entre la littérature épique et les textes généalogiques, qui font apparaître chez ces familles le souci de se rattacher à une ascendance illustre – quitte à s'inventer un ancêtre mythique qui serait en quelque sorte une garantie de vaillance, de légitimité. Georges Duby pense que « l'intervention des légendes, la contamination que subissent alors les textes généalogiques de la part des œuvres de divertissement et d'évasion dans l'imaginaire, se trouvent encore à l'origine de la modification la plus remarquable qui affecte au XIIe siècle les généalogies : l'invention d'ancêtres mythiques ». Il voit dans ces procédés la signification d'attitudes mentales traduisant les préoccupations de la classe chevaleresque866. En ajoutant ce détail au comportement d'Olivier, le poète rejoint un courant qui est déjà présent dans les œuvres de la seconde moitié du XIIIe siècle.

Dans le cas typique d'Olivier, issu de la classe paysanne par son adoption, ce mensonge est nécessaire pour cacher des origines non nobles, car, lors du premier tournoi auquel il participe, il ne sait pas encore que le vacher Élie n'est pas son père biologique. On se souvient de ses exclamations lorsqu'il renverse un chevalier :

‘« Sire, frans chevalier, pancez dou lit paier !
Vous n'avés pais estés abaitut d'un vaicquier ! » (v. 24568-569)’

En s'immisçant dans le monde – interdit – du tournoi, Olivier se place sous le regard des autres. Or, c'est un héros en décalage de son statut social actuel. Il le sait et, pour compenser ses lacunes, son premier souci va être de prendre les leçons nécessaires et chercher à imiter les autres, dont il observe le comportement867. Car il s'agit bien de « remplacer sa culture de vilain par les leçons de la chevalerie courtoise »868. C'est‑à‑dire que, dans l'immédiat, il se soucie de son apparence extérieure. Vient alors l'enseignement, à proprement parler, de la chevalerie ; les conseils dispensés par un sergent résument les techniques du maniement de l'écu :

‘(…) Ung sergens li apprant
Comment il doit aller et li dit baissement :...
« L'escut de vassellaige et quant qu'il li appant. »
Ollivier print la lance san nul arestement ;
Encontre ung chevalier la main erramment tant,
Jouste demande a ly, si li ait en couvent. (v. 24521-526)869.’

Lance couchée sur l'encolure du cheval, Olivier commence sa vie de chevalier avant même d'être adoubé... mais, pour cela, il a payé : « je vous paierait bien et largement », dit-il au sergent pour obtenir son aide870. Ainsi s'enchaîne un processus de construction, peu louable en ses débuts, qui aboutira cependant à ce que le futur héros se dote d'une apparence qui lui permette de s'intégrer pour réaliser l'action centrale : prouver sa valeur. Le vol et la vente du troupeau d'Élie, l'achat des armes et d'un cheval, les leçons de chevalerie ne sont que des étapes préliminaires, mais indispensables, « car maintenir se vuelt en guise de princier »871. Cet enchaînement fait apparaître combien le pouvoir de l'argent est important, car il conditionne le train de vie, l'apparence et la possibilité de l'appartenance à une classe sociale.

Le train de vie : c'est précisément cela qu'il faut montrer pour se fondre dans le moule aristocratique, pour modifier le regard des autres. Il faut se souvenir des motivations de Lion lorsqu'il avait entendu parler du tournoi de Monlusant ; la ruine de Bauduyn de Monclin l'avait contraint à annuler le tournoi qu'il projetait d'organiser à Monclin et il avait dû se séparer de sa maisnie. Pendant une année entière, il se rendait seul aux tournois des alentours, monté sur son vieux cheval décharné872. L'annonce du tournoi de Monlusant avec l'espoir d'être couronné roi est donc perçue comme la promesse d'une nouvelle vie, un moyen de quitter l'état de pauvreté, mais, pour y parvenir, encore faut-il franchir une étape délicate. C'est à cela qu'il va s'employer, dès le début de son aventure. Par exemple, en menant grand train de vie à Monlusant et en invitant à sa table quatre cents chevaliers :

‘Moult noble fuit la cour que tint li damoisialz ;
Tres bien furent servis de chappon et d'osiaulz,
De vin viez, de clarez, de tout mez bon et biaulz.
Moult mainent la neutie ensamble grant reviaulz
Attandant le hault pris (…). (v. 7310-314)’

Mais, ce comportement modifie-t-il vraiment le regard des autres chevaliers ? Depuis son arrivée à Monlusant, Lion est connu pour être pauvre. La première fête laisse planer un doute – quand ce ne sont pas des craintes873, car il n’a justement pas l’apparence qui lui permette de tenir « court ouverte », et son comportement n'est donc pas en rapport avec sa situation actuelle. D'où, la légitime frayeur de l'aubergiste lorsqu'il entend Lion refuser que les autres chevaliers payent leur écot, comme ils le lui proposaient : « pau fault que du sens n'arabie : G'isterait de mon sans, plain sus de derverie ! »874. La seconde fête qu'il donne chez son hôte au soir du tournoi, commence à faire naître de nouvelles appréciations assez caractéristiques : tandis que persistent encore certaines réticences875, on voit l'opinion de l'entourage se modifier progressivement et la largesse du héros est appréciée comme une qualité, qui suscite l’admiration de tous. Un tel déploiement de faste provoque l’étonnement, et fait aussitôt de lui un homme capable de tenir un royaume876 ! La magnificence devient ainsi le signe révélateur d’une noble naissance, sans laquelle la prouesse guerrière ne saurait être reconnue. C'est une leçon que Lion n'est pas le seul à connaître, sinon comment expliquer le geste de Florantine à son égard ? Lorsqu’elle fait charger deux bêtes de somme pour déposer de l'argent chez l'hôte de Lion, elle compense la carence qui pourrait se révéler incompatible avec l'attribution du prix au jeune chevalier. Elle lui permet ainsi de se comporter comme un aristocrate :

‘« A l'osteilt mon ammi s'an porait per raison
Donner grant et petit entour et environ
Et mener noble estet a sa devision,
Si que ne dite mie li prince et li baron
Que je soie donnee a ung povre garson. » (v. 7170-174)’

Ce que l'on demande à l'éventuel futur époux de l'héritière de la couronne, c'est tout simplement de se conduire comme un prince, dont on attend les largesses. Des largesses princières à propos desquelles D. Barthélemy se demandait s'il ne s'agissait pas d'un leurre destiné à compenser la perte de pouvoir progressive de la noblesse face à la montée de la bourgeoisie des villes, à partir du XIIe siècle : « Comment se fait‑il, dès lors, qu'en un pareil contexte la « chevalerie » (entendue comme style de vie et de comportement) puisse s'épanouir ? Pourquoi les princes la financent‑ils et s'appliquent‑ils à l'illustrer eux‑mêmes ? Et si leurs fêtes, si leurs largesses d'un jour ou deux par an n'étaient qu'un leurre, ou à peine une compensation, consentis à la noblesse adoubée pour endormir sa vigilance et noyer son chagrin ? »877. L'omniprésence du motif de la largesse dans la littérature épique fait de celui‑ci un topos du comportement des héros, que l'on retrouve dans de nombreuses œuvres. Il est souvent employé pour signifier un changement dans le parcours du jeune chevalier. Par exemple, dans Hervis de Mes, à peine le jeune Hervis a-t-il la bride sur le cou qu'il donne libre cours à sa propre nature en se conduisant comme un prince. À Provins, il dépense en moins de huit jours toutes les sommes d'argent que son père, le prévôt Thierry, lui avait confiées pour s'initier au négoce. Il invite successivement quatre-vingts, cent soixante, deux cent quarante, puis trois cent vingt marchands878. Et ce n'est pas fini : au retour, il croise la route d'un écuyer qui, pour trois mille marcs, lui vend un destrier, un faucon, deux braques et un lévrier, c'est‑à‑dire la panoplie complète du jeune aristocrate pour se livrer au passe-temps de la chasse. Ce qui est remarquable dans cet épisode c'est que Hervis avoue très naturellement à cet écuyer inconnu qu'il a dépensé énormément d'argent et qu'il ne sait pas marchander : « de barguignier ne sai je riens »879. C'est reconnaître une inaptitude totale au commerce, parce que cela n'est pas dans sa propre nature. C'est en même temps le signe du réveil de celle‑ci et les prémices d'une nouvelle existence en rapport avec le sang qui coule dans ses veines.

La mise en scène des premiers pas des héros, dans la poésie épique tardive, montre qu'il s'établit facilement un lien entre largesse et noblesse du sang. De nombreuses occurrences en témoignent, aussi bien dans Lion de Bourges 880 que dans d'autres œuvres. Ainsi, on pourra relever des commentaires presque calqués les uns sur les autres dans différents textes. Dans Tristan de Nanteuil, la largesse de Doon – grâce aux richesses mises à sa disposition par Garnier de Valvenise – suscite chez ce dernier un commentaire de cet ordre : « Ains ne vint de mais lieu, noble sont sy parent »881. Le caractère inné de ce comportement serait donc interprété comme le signe d'une naissance noble. Les premières actions mises en œuvre par Lion ou Olivier pendant la période de genèse ont donc pour but de façonner l'apparence extérieure, sous le regard des autres, soit en masquant un défaut, soit en comblant une lacune882. Elles construisent la coquille, l'enveloppe autour d'une personnalité qui va se développer. D'une façon générale, elles font apparaître un désir d'intégration dans la classe chevaleresque, avec pour objectif final la réalisation de la destinée terrestre à laquelle chacun se sent appelé. Le fait d’adopter cette conduite permet de se rapprocher des « normes », mais cela n’est pas suffisant. Il faut désormais prouver aux autres que l’on « est un héros » en réalisant une prouesse guerrière. C'est encore une action visant à ajuster son image – puisque la reconnaissance de la valeur ne peut être donnée que par l'entourage –, mais elle constitue déjà une étape importante dans la construction de la personnalité, car elle participe du concept du regard intérieur.

Le fait de vouloir prouver sa propre valeur par la réalisation d’une prouesse guerrière ne constitue pas un fait nouveau dans la littérature épique, mais ce qui le caractérise dans Lion de Bourges, c’est le fait que cet acte soit intimement relié à la construction de la personnalité du héros. L'exploitation particulière du thème dans le poème marque la différence avec les épopées plus anciennes dans lesquelles le dépassement héroïque apportait la gloire, confirmait le jeune chevalier dans son statut, mais ne le modifiait pas. L'engagement de Roland n'apporte pas de changement au statut qu'il possédait déjà lorsque Charlemagne lui confie sa mission, et – autre élément qui souligne précisément cette différence – les actes du héros sont accomplis en relation directe avec la mission confiée par autrui. Dans l'épopée traditionnelle, le protagoniste a pour vocation essentielle d'accomplir des actes inscrits dans son destin, ce qui relègue à un rang très minime le libre arbitre. S'intéressant au personnage de Raoul dans la chanson de Raoul de Cambrai, M. Botero Garcia constate que « dans la chanson de geste, le destin du héros occupe la place du caractère ; ainsi le fatum s'impose et oblige le héros à accomplir ses actes »883. L'enchaînement des engagements répond à un ordre programmé par le destin. Cette vision du héros jugé non en tant que personnage en évolution mais appréhendé comme une entité immuable – « monolithique », pour reprendre l’expression d’A. Georges884 – ne trouve plus sa place dans les poèmes tardifs. Lion, Olivier se construisent, à proprement parler, sous les yeux du lecteur. Cette évolution, dans laquelle les critiques littéraires ont recherché la part réelle de l'influence romanesque, est à la source de la conception du personnage héroïque dans Lion de Bourges. Ce que François Suard appelait « l'incertitude relative »885, est l'essence même du héros de la chanson de geste tardive. Avec Lion et Olivier, nous sommes en présence de personnages isolés, à la recherche d'exploits individuels, qui se reconnaissent volontiers en quête d'aventure – tout du moins pendant cette période de leur histoire. L'empreinte romanesque est‑elle réellement si lointaine ?

L'étude des séquences consacrées aux divers apprentissages (leçons de chevalerie, découverte du monde du tournoi, etc.) a permis d'établir certains rapprochements avec un héros typique du roman d'apprentissage – Perceval – tout en excluant une trop grande ressemblance, notamment en ce qui concerne Lion, déjà marqué par le désir de vengeance, motif épique par excellence. Dans le même ordre d'idées, le parcours initiatique de Lion ou d'Olivier se laisse souvent effleurer par la « hiérarchie dans l'ordre des acquisitions » de Perceval, décrite par Jean Dufournet886. Lors du premier tournoi auquel il participe, Olivier découvre l'éducation chevaleresque et amoureuse (Alexandrine, sœur de la mariée, lui donne un anneau d'or fin en gage de son amour887), mais il n'acquerra une réelle dimension religieuse qu'après son mariage avec Galienne et par le truchement du Blanc Chevalier, lorsqu'il entreprendra la quête de ses origines et qu'il sera confronté au monde sarrasin, c'est‑à‑dire qu’il se trouvera dans le contexte épique de la lutte contre l'Infidèle.

La recherche de la prouesse guerrière implique l'acceptation d'une certaine part d'aventure ; les méandres des parcours individuels représentés dans le poème le montrent à loisir, mêlant combats en contrées lointaines contre des créatures monstrueuses et luttes contre les Sarrasins. Cependant, lorsque le protagoniste se trouve confronté à ce type d'enchaînement de situations, il n'agit pas sous l'effet d'un libre choix de l'aventure pour elle-même, parce que, pendant ces périodes, il est à la recherche de ses origines. On ne retrouvera donc pas dans Lion de Bourges de chevauchées solitaires à la recherche d’une aventure inconnue digne d’être rapportée. Cette part d’incertitude et d’attente n’existe guère dans le poème, exception faite des circonstances entourant le second départ d’Olivier, après la révélation d’Élie. Oscillant entre monde magique, par l'action des enchantements produits par ces diverses créatures, et monde épique, par la défense de la chrétienté, le héros poursuit un but déterminé, qui est celui de parvenir à la réunification de la famille. La multiplication des aventures n'est que la conséquence de la complexité d'une telle quête, et de nombreuses prouesses guerrières jalonnent alors son parcours. Peu importe, d'ailleurs, qu'elles soient accomplies lorsque le chevalier est seul ou entouré d'une armée : elles justifient, elles magnifient sa valeur888, mais elles n'ont plus pour fonction de modifier un statut déjà acquis. C'est donc uniquement dans la première période de son histoire que la recherche de l'épreuve revêt une signification spécifique, car cela correspond à la période de la genèse.

Avec les exemples des trois principaux personnages de Lion de Bourges, le poète a instauré une progression dans la valeur qu'il convient d'accorder à la prouesse guerrière réalisée au moment où ceux‑ci sont à la recherche de leur personnalité. Le premier souci du futur héros est de se prouver à lui‑même que ce qu'il pressent peut se révéler exact. Cette première étape est aussitôt suivie par la nécessité de la reconnaissance par l'entourage, ce qui va lui conférer un nouveau statut et une couronne royale. Enfin – épreuve ultime – la reconnaissance par le père, telle que le bâtard Girart s'impose de la vivre. À chaque épreuve, un enjeu différent, selon un ordre qui conduit progressivement le personnage vers la recherche de la perfection.

Comment acquérir la certitude que ce que l'on pressent est exact ? N'écoutant que sa « proppe nature »889, c'est Olivier qui donne la réponse : en vendant les vaches d'Élie et en se rendant au tournoi de la ville voisine. Or, à ce moment, il ignore qu'il n'est pas le fils d'un vacher. L'épreuve qu'il s'impose – si ce n'est elle qui s'impose au héros – comporte donc des risques importants :

‘(…) « Vray Perre de laissus,
Envoiez moy telz grace que ne soie vancus,
Et c'on ne puist pais dire que je soie cornus.
Trop seroie en mon cuer et dollans et confus
Se j'estoie pour folz enneut endroit tenus ! » (v. 24449‑453)’

L'écart entre la situation d'Olivier et le résultat acquis (il reçoit le prix du tournoi890) est l'élément qui confère toute sa valeur à cette épreuve qualifiante. À partir de ce moment, il a acquis la certitude de ce qu'il cherchait : « Pués que je sai ceu faire et qu'ansement me va »891. Désormais, il ne sera plus question de vaches ni de brebis ; son destin se trouve scellé avant même qu'il n'apprenne qu'il est un enfant trouvé.

La seconde étape que nous évoquions trouve naturellement sa place dans la formation du jeune chevalier, car c'est au cours de celle‑ci qu'il va recevoir la reconnaissance de sa valeur par l'entourage et que cette dernière va entraîner une modification de son statut. Le poète donne deux exemples relativement similaires, ayant pour caractéristique commune majeure de se situer, dans le parcours du héros, à un moment où il a appris qu'il était un enfant trouvé. Il s'agit, pour Olivier, de ses exploits à la cour du roi Anseïs de Carthage, et, pour Lion, du tournoi de Monlusant.

Le tournoi constitue une étape initiatique, dans le sens où il est le lieu par excellence de la reconnaissance de la valeur. L'exemple de Monlusant est révélateur à cet égard. Ainsi, lorsque Lion décide de se rendre à ce tournoi, il place au premier rang de ses préoccupations la nécessité de se soumettre à une épreuve :

‘« Avanturer m'y vuelz et faire esprouvement,
Car s'eur et fortune et Dieu premierement
Me volloient aidier a ceu torniement,
Bien poroit advenir per fait de hardement
Que j'aroie la belle pour cui mez cuer s'esprant. » (v. 1182‑186)
« Au tornoy vuelt morir ou avoir honnestez » (v. 3664)’

Le prix du tournoi résidant dans l'acquisition d'une position sociale, par la main de la princesse, cette épreuve est vécue comme une étape très personnelle, dotée d'une très forte valeur dans la construction de la personnalité héroïque. La déclaration de Lion à l'adresse de Florantine donne toutes les clés de l'engagement :

‘« Damme, s'ai dit Lion, tout ceu laissiez ester,
Car j'ai fait serement et si lou volt vouuer
Que jamais n'arait armes ne chevalz pour monter
[S'] au tornois ne lou puez per force conquester,
Car on doit per raison muelx ung ovrier loeir
Que de malvais hottrez puet muelz euvre former
Que celui qui hernex ait biaulz, lusant et cler. » (v. 6202‑208)’

Ne pas admettre de partage, de don, affirmer que la puissance ne réside pas dans l'argent : c'est un peu une profession de foi à l'inverse des pratiques ; c'est aussi la signature d'un héros isolé à cause des manques qui le caractérisent. De même qu'il avait refusé d'être le champion du sénéchal de Florence, Lion décline la proposition de Raymond de Vauvenisse892, et n'admettra que le partage des gains avec le Blanc Chevalier893. Dans ce contexte, la reconnaissance de la valeur héroïque par l'attribution du prix acquiert une fonction rassurante et confère au jeune chevalier la certitude qu’il « a le sang d’un héros »894. L’utilisation du motif épique du tournoi895 renvoie ici l’image essentielle de l’acquisition du statut héroïque. Cela n'est pas anodin, puisque, pendant cette période, Lion diffère la recherche de ses parents (contrairement au désir de l’écuyer Ganor), pour accorder la priorité au tournoi de Monlusant896. D'autre part, on remarque que la conquête de la princesse lui est nécessaire pour prouver sa valeur, car cette reconnaissance se révèle indispensable avant de se faire reconnaître par son père. Contrairement à l'impression suggérée par le récit du poète, en filigrane, l'image paternelle ne cesse d'exercer une attraction vers la perfection et dicte en permanence la ligne de conduite de toutes les actions entreprises.

Le deuxième exemple, donné par Olivier, reprend la même thématique de la mise à l'épreuve suivie d'une reconnaissance par le roi ; puis, le héros acquiert l'amour de la princesse héritière de la couronne royale :

‘Dist li rois Anseys, li rois de Carcaige :
« Ollivier, je me fie en voustre vaissellaige,
Car puez que je vous ais je ne crieng nulz damaige. » (v. 25008‑010)
« Chevalier, dit li rois, vous m'avez fait gairison,
Tancér et garantir contre la gens Mahon ;
Et pour ceu vous en vuel donner si riche dont
Que mareschault vous fais de mon noble roion. » (v. 25114-117)’

Dans cette séquence du poème, tout semble se dérouler suivant un ordre parfaitement établi pour conduire Olivier à l'état désiré : après avoir aidé Anseïs de Carthage à repousser l’assaut des païens, il se voit confier la conduite de l’armée royale pour reconquérir Burgos, qu'il reçoit en récompense. La mort du souverain et son mariage avec Galienne lui confèrent la couronne : « Ensi fuit Ollivier d'Espaingne corronnér »897. Il faut également retenir que la prouesse est réalisée dans un cadre à forte dominante épique – l’aide apportée à un roi chrétien assailli par les Sarrasins –, motif dont Jean‑Pierre Martin a donné une description précise : « La bataille peut ainsi servir de test lors de l'épreuve qualifiante. Elle y intervient d'une autre manière dans le motif du secours contre les Sarrasins, fréquent dans nos chansons : devant la carence du pouvoir royal à assurer la justice, le héros victime d'un manque doit vendre sa prouesse à un roi que les Sarrasins attaquent, et c'est par là seulement qu'il parvient à acquérir les moyens (soldats ou richesses) d'affronter les traîtres. L'épreuve qualifiante alors se transforme en une nouvelle série de motifs, sur lesquels souvent se greffe celui de la princesse amoureuse » 898. Dans Lion de Bourges, les modèles de la poésie épique apportent des structures clairement identifiables aux récits successifs des exploits accomplis.

D'autre part, un événement d’une importance capitale intervient au cours de cet affrontement contre les Sarrasins : pour la première fois, Olivier reçoit l'aide du Blanc Chevalier, envoyé par Dieu, qui lui intime l'ordre de poursuivre son action guerrière : « Pance de cez paien ossire et descoper »899. C’est une injonction pure et simple, qui ne susciterait pas de remarque si elle n’était pas accompagnée de recommandations et de révélations, dont le contenu dessine la voie qu’Olivier devra suivre pour retrouver ses parents et, par conséquent, son identité. Déjà, elles lui apportent une certitude sur ses origines : « Car saiche que tu viens de haulte estraccion », et sont de nature à susciter, dès cet instant, le désir d’identification à l’image paternelle : « Tu le ressamblerais ». De plus, elles soulignent de façon très nette une exigence de perfection qui ne devra plus jamais être oubliée : « Soiez cortois et s’aiez le cuer proudom »900. Olivier, désormais, est prêt pour réaliser sa destinée terrestre : mettre sa vaillance au service des chrétiens opprimés, se consacrer à la reconquête du fief et à la réunification de la famille, mais l’on perçoit qu’il est déjà marqué par deux éléments spécifiques à Lion de Bourges : la recherche de l’image du père et l’attraction de la ressemblance avec ce modèle, incluant la quête de la perfection, bien que cette thématique ne reçoive pas le même développement que dans le portrait de Lion. Il est donc logique que l'avertissement nocturne qu'il reçoit s'inscrive immédiatement après la seconde victoire contre les Sarrasins – « Ollivier, de si vous partirez » – et qu'il puisse révéler à Galienne l'ignorance de ses origines901, car il est devenu « un héros », dont l'évolution montre pourquoi et en quel sens la prouesse guerrière doit être réalisée, et ce qu'elle apporte au personnage. L’étude de cette période dans la vie d’Olivier, qui correspond sensiblement à la fin de sa genèse proprement dite, laisse aussi percevoir entre les lignes qu’il conviendra peut-être de donner une autre finalité à l’engagement héroïque.

Notes
858.

Cf. J.-C. Vallecalle, « Aspects du héros dans Aliscans », Mourir aux Aliscans (…), Paris, Champion, 1993, p. 177-195 (p. 188).

859.

Le Conte du Graal, éd. F. Lecoy, Paris, Champion, 1990, v. 243 ; Cf. v. 234‑239 :

« Ne set mie totes les lois,

fet li sires, se Dex m'amant,

qu'a rien nule que li demant

ne respont li onques a droit,

einz demande de quan qu'il voit

comant a non et qu'an an fet. »

860.

M. de Combarieu du Gres, « Les "apprentissages" de Perceval dans Le Conte du Graal et de Lancelot dans le Lancelot en prose », Cahiers du C.R.I.S.I.M.A., n° 1/t. I, Montpellier, Universite Paul‑Valéry, 1993, p. 129‑153 (p. 135). Cf. également J. Dufournet, « Le Conte du Graal, roman d'éducation », L'École des Lettres II, n° 6, 1995‑1996, p. 85‑92 : « son ignorance est totale, puisqu'il ne connaît ni son nom ni les structures élémentaires de la société féodale, que ce soit la chevalerie ou l'Église. C'est un nice, un rustre mal dégrossi, étranger à tout ce qui n'est pas son obsession et naïvement attaché à sa mère ». (p. 86)

861.

H. Bloch, op. cit., p. 277.

862.

Cf. respectivement les vers 4162, 7083, 7145, 7148.

863.

Cf. respectivement les vers 4158, 3962, 3834.

864.

Cf. H. Bloch, op. cit., p. 94.

865.

D. Ion, La parenté dans Garin le Loheren et Gerbert de Metz, Étude littéraire, linguistique et anthropologique, Thèse de doctorat (dactyl.), Université de Nancy II, 1999, p. 696

866.

G. Duby, « Structures de parenté et noblesse dans la France du Nord, XIe‑XIIe siècles », et « Remarques sur la littérature généalogique en France aux XIe et XIIe siècles », Hommes et structures du Moyen Âge I, La Société Chevaleresque, op. cit., p. 1159‑1175 et p. 1176‑1185.

867.

Cf. v. 24420-423 :

Il regarde lez aultre, si s'i duist et apprant,

Et doctrine du bien qu'il voit la apparrant,

Et de la cortoisie dont il y avoit tant.

Cf. également v. 24476 : Il regarde la joste et l'estat en aprant.

868.

J. Dufournet, « Le Conte du Graal, roman d'éducation », L'École des Lettres II, n° 6, 1995‑1996, p. 85‑92.

869.

Faire pendre l'écu, prendre la lance, etc. : ce sont les termes mêmes de la « leçon de chevalerie » que Gornemanz donne à Perceval ; cf. Chrétien de Troyes, Le Conte du Graal (Perceval), éd. cit., v. 1429 sq.

870.

Vers 24429.

871.

Vers 24364. Pour l'ensemble, cf. à partir du vers 24358.

872.

Cf. v. 1009‑1107. Il faut se souvenir qu'auparavant, Lion menait un grand train de vie :

Joste, tornois et feste que font cilz de frant lin

Volt adés poursuyr en demenant grant brin.

Ne contoit ung bouton d’aloweir ung florin

Ne d’ossire a la joste palleffroy ne ronsin.

Si loing c’on faisoit feste se metoit au chemin ;

Mener fait après lui doulx solmier ou quarmin.

A la guise d’un conte demenoit son hustin. (v. 919-925)

873.

Cf. v. 5248 : « Ne sai ou prant l’avoir qu’enneut despanderait. ». On peut également se reporter au récit de Marie, demoiselle de compagnie de Florantine, qui tente de mettre cette dernière en garde contre un homme dont le comportement paraît dangereux : « Je vous tieng a moult nisse, plainne de folletez... » (v. 5960-978).

874.

Cf. v. 5672 sq.

875.

Cf. v. 7211-213 : Lion est soupçonné de voler l'argent qu'il dépense.

876.

Cf. pour l’ensemble : v. 7311-7348 et, notamment :

« Bien sceit faire grandour comme c'il fuist hons roialz ;

Si se maintient son corpz comme nobille vassialz.

Dapmaige est qu'aissez nait terre et chaistialz,

Car bien saroit despandre et donner biaulz joyaulx. (v. 7321-324)

877.

D. Barthélemy, La Chevalerie, Paris, Fayard, 2007, p. 291‑292.

878.

Hervis de Mes, éd. J.‑C. Herbin, Genève, Droz, 1992, v. 326‑344. Cf. également l'épisode de la foire de Lagny, où Hervis reproduit le même comportement (v. 1202‑214)

879.

Hervis de Mes, éd. cit., v. 368‑410. M. de Combarieu a donné une analyse de cet épisode dans « Le héros épique peut-il être un héros burlesque ou dérisoire ? », Burlesque et dérision dans les épopées de l'occident médiéval, Paris, Les Belles Lettres, 1995, Annales Littéraires de l'Université de Besançon, n° 558, p. 25-48. On trouve, dans Florent et Octavien, une autre illustration de la naïveté et du manque d'aptitude pour le négoce propres au jeune héros : Florent échange deux bœufs contre un épervier qui se révèlera non dressé ; cf. Florent et Octavien, éd. N. Laborderie, Paris, Champion, 1991, v. 1316‑347.

880.

Cf. notamment les commentaires, cités précédemment, des autres chevaliers lors des fêtes organisées par Lion à Monlusant (v. 7318‑332).

881.

Tristan de Nanteuil, éd. K.V. Sinclair, Assen, Van Gorcum, 1971, v. 5249.

882.

Il faut noter cependant, en ce qui concerne Olivier, que le manque d'éducation ne sera jamais totalement comblé ; par exemple, il ne peut lire la lettre que Lion laisse lors de son départ pour l'ermitage :

« Guillaume, biaulz douz frere, cest lettre lirez,

Car je ne sai lire, per Dieu qui fuit penés !

Ains ne fu a l'escolle en jour de mez aiez,

Car je gardai lez vaiche et per boix et per prez,

Et fils d'un vaichier fus longuement appelléz. » (v. 26927‑931)

883.

M. Botero Garcia, « Le personnage de Raoul dans Raoul de Cambrai ou le fatum héroïque d'un chevalier démesuré », Cahiers de Recherches Médiévales, n° 6, Paris, Champion, 1999, p. 111‑122 (p. 120).

884.

A. Georges, op. cit., p. 437.

885.

Cf. F. Suard, « L'Épopée française tardive (XIVe ‑ XVe s.) », Études de Philologie Romane et d'Histoire Littéraire offertes à J. Horrent, Liège, 1980, repris dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge , Caen, Paradigme, 1994, p. 243‑254.

886.

J. Dufournet, « Le Conte du Graal, roman d'éducation », L'École des Lettres II, n° 6, 1995‑1996, p. 85‑92 (p. 86).

887.

V. 24634‑640.

888.

Cf. F. Suard, « La chrétienté au péril de l'invasion sarrasine », La chrétienté au péril sarrasin, Aix‑en‑Provence, CUER MA, 2000, p. 231‑248.

889.

Vers 24145 : Maix sa proppe nature li revenoit devant...

890.

Cf. v. 24592 (le frère de la mariée lui remet le prix) : « Je vous donne le pris, ja aultre ne l'arait ! ».

891.

Cf. v. 24598-602.

892.

Cf. v. 5612‑667 ; cependant, un accord d'entraide est conclu.

893.

Cf. v. 6547‑571.

894.

Cf. la déclaration d'attribution du prix par le roi de Sicile, v. 8068‑078.

895.

Cf. J.-P. Martin, Les Motifs dans la chanson de geste, Définition et utilisation (Discours de l’épopée médiévale I), Lille, Centre d’Études Médiévales et Dialectales, Université de Lille III, 1992, p. 132-133.

896.

Cf. v. 6109 sq:

« Et se ne fuit pur vous noble corpz scienteux

Et pour l'amour de vous qui m'eschaude que fevour,

Je fuisse ensois allér, per Dieu le glorieux,

Tant que l'arme en mon corpz eust tenus son estour

Que je n'eusse trouvér le bon chevallereux (...) »

C'est une décision qui est prise dès le départ de Monclin (cf. v. 4126‑128).

897.

Cf., pour l'ensemble, v. 25120‑352.

898.

Cf. J.-P. Martin, Les Motifs dans la chanson de geste, op. cit., p. 133.

899.

Vers 25067.

900.

Cf., pour les trois dernières citations de ce paragraphe, v. 25091-104.

901.

Cf. v. 25353‑362 et v. 25368‑417.