1/ - L’élan vers la perfection

L’élan vers la perfection implique la présence du surnaturel. La tradition épique réunissait dans une même pensée une forme d’héroïsme et l’admission du martyr à la glorification suprême, au royaume divin. Purifié par ses épreuves et son dévouement, le héros des premières épopées peut accéder à la connaissance du mystère divin, car le sacré se révèle directement. Cette conception évolue, comme le reflètent les poèmes des XIIIe et XIVe siècles qui témoignent d’une prise de conscience de l’altérité du sacré. Cela se vérifie dans de nombreux textes par la présence de créatures merveilleuses, qui ont pour rôle de servir d’intermédiaires entre le pouvoir divin et l’humanité : elles transmettent aux hommes la volonté divine et intercèdent auprès d’un Dieu désormais trop éloigné pour répondre directement à leurs prières. C’est dans cet espace vacant entre Dieu et l’humanité que s’inscrit le merveilleux chrétien968, dont l’auteur de Lion de Bourges donne une représentation particulière en la personne du Blanc Chevalier.

Il convient donc maintenant de mieux le découvrir pour comprendre la signification de ses interventions lorsque les protagonistes sont exposés aux diverses incarnations du mal, celle de ses disparitions et silences, ainsi que les leçonsqu’il délivre sur l’autorité et la bienveillance de Dieu.

Notes
968.

La notion de « merveilleux chrétien » est reconnue par l’Église dès le début du XIIIe siècle ; cf. J. Le Goff, Le Dieu du Moyen Âge, Paris, Bayard, 2003, p. 88-89.