b) – Tentations, faiblesses et craintes : les épreuves d’un parcours difficile

Le parcours héroïque se réalise dans un contexte d’épreuves dont certaines sont assez prévisibles. L’imbrication des récits et la complexité du poème pourraient laisser supposer que celles‑ci sont dispersées sans ordre apparent995 ; le lecteur va ainsi passer d’une bataille, où les saints armés seront intervenus aux côtés des chrétiens, à un combat contre un monstre marin, puis ce sera la rencontre d’une fée, si ce n’est celle d’un nain belliqueux ou d’un géant monstrueux. Cela n’est qu’illusion. La lecture des aventures des personnages révèle que chaque élément qui intervient dans leur destinée terrestre a une fonction précise, et cela s’ordonne toujours dans le but de les hisser vers la perfection, par le truchement du Blanc Chevalier. On peut ainsi distinguer trois catégories de mises à l’épreuve : en premier, la tentation et l’état de péché, ce qui constitue un empêchement à la connaissance de soi et à la volonté d’atteindre la perfection ; en second : l’attraction du merveilleux féerique faisant oublier à Lion sa mission, et, enfin, toutes les confrontations à un fantastique peuplé de géants et de monstres996, ainsi qu’aux forces du mal (le magicus), parce que cela va permettre de révéler la puissance du surnaturel. En ce sens, le poème s’inscrit bien dans la perspective des chansons de geste, qui veut que les engagements soient accomplis dans une visée chrétienne, sous le regard de Dieu. C’est en outre la signature du poète qui annonce ainsi la distinction de son héros par le Tout‑Puissant.

Tentations et péchés :

Une fois pour toutes, un principe essentiel est instauré par le Blanc Chevalier ; quelle que soit la nature de ses interventions, l’aide qu’il apporte est liée au respect de certaines règles, dont la principale est de ne commettre aucun péché :

‘« Tant que le cuer arez plain de bon couvenant
Ne vous faurait je point, car Jhesu s’i assant » (v. 13817‑818)’

Cette condition sine qua non est la clé de voûte des relations unissant Lion au mort reconnaissant. Elle permet de comprendre pourquoi certaines actions sont favorisées par une intervention, tandis que d’autres n’en bénéficient pas. À chaque fois, le Blanc Chevalier rappelle que sa présence est impossible sans une soumission totale à la volonté divine, qui – à l’origine – est de conduire Lion à la sainteté. Ce sont donc, à la fois, une constante exigence de perfection et le maintien dans un état exempt de tout péché qu’il devra respecter, car c’est le péché qui empêche l’homme d’accéder à la connaissance de Dieu. C’est une des notions de base de la théologie de Bernard de Clairvaux développée dans ses sermons997. L’élan que le Blanc Chevalier va insuffler dans la quête de la perfection entreprise par le héros montre combien le poème est imprégné de cette doctrine.

Le long conflit qui oppose Lion au lignage de Calabre en donne un exemple complet, car il a l’avantage de présenter une succession d’épisodes où alternent fautes, expiation et remords, mises en garde, apparitions et disparitions du Blanc Chevalier. Autre raison : ce conflit prend naissance lors du tournoi de Monlusant, c’est-à-dire dans la phase de genèse du chevalier, et s’achève avec la réunification de la cellule familiale à Palerme. Pendant cette période qui couvre environ les dix-sept premières années de l’âge adulte de Lion, on remarque nettement que chacun des appels à l’aide de ce dernier suscite une réaction du Blanc Chevalier. Or, cette réaction n’est pas identique d’une situation à une autre. Ainsi, après l’enlèvement de Florantine par Garnier de Calabre998, Lion demande à Dieu de lui accorder l’aide du Blanc Chevalier : « E, Dieu, s’il vous plait, rallez moy envoiant / Mon loialz compangnon que bien m’a fait tant ! »999. Dès l’arrivée de celui‑ci, les ravisseurs de Florantine, poursuivis par les troupes rassemblées par les Siciliens, s’empressent de confier celle‑ci à la garde du Bâtard de Calabre, à Reggio. La bataille sous les murs de Monterose donne un aperçu de l’efficacité de cet auxiliaire précieux :

‘Et li Blanc Chevalier s’y prueve teillement,
Tout abait devant lui et a la terre estant ; (v. 8917-918)
Et li Blan Chevalier au Dieu commandement
Aidait si bien Lion de cuer et de tallant
Que li Callabrien qui furent malle gens
Y furent desconfis et mis a ffinement ;
De quinze cent qui furent tout au commancement
N’an pot on pais trouver sur lez champz ung cent. (v. 8927‑932)’

Cependant, le repli des Calabrais dans la forteresse de Monterose ne permet pas aux troupes réunies par le roi de Sicile et Lion de vaincre. Et c’est précisément dans cette seconde phase du conflit que le Blanc Chevalier aimerait se faire entendre : il tente de dissuader son ami d’aller libérer Florantine1000 et lui délivre un avertissement, qui ne sera guère écouté :

‘« Or vous gardés, compain, de Jhesu corroucier,
Car s’an peschief laissiez voustre arme habergier,
De vous me covanrait partir et esloingnier.
Tant comme cez proudom vous vorait avancier,
Mais se en nulle manière laissiez vous corpz peschier,
De vous me partirait san plux de l’estargier.
Or ne vous sai que dire, vuelliez vous chaistoier
Per quoy vous ne perdés l’amour dou Droiturier ! » (v. 9574-581)’

Comme l’ont déjà montré les premières révélations faites par le revenant, cet avertissement confirme que ce dernier a le pouvoir de dévoiler une partie d’un avenir très proche et qu’il possède une connaissance supérieure à celle de l’homme1001, – un savoir que seul Dieu détient et qu’il transmet par les anges ou les saints. Cela lui confère une place privilégiée dans cet espace intermédiaire entre le sacré et l’humanité. Or, le péché que Lion va commettre est effectivement d’une importance capitale, car il sera lourd de conséquences. Non seulement, son infidélité à l’égard de Florantine lui sera fortement reprochée par le Blanc Chevalier : « Peschief de luxeure est devant Dieu trop blaméz », mais pour racheter cette faute il devra faire pénitence, tandis qu’il perd l’appui de son compagnon : « de toy me fault partir », car son comportement ne permet pas que Dieu continue à lui accorder l’aide de ce dernier1002. Ce dénouement provisoire montre à quel point la bienveillance surnaturelle est liée au respect d’une certaine éthique. En tombant dans un état de péché, Lion ne mérite plus de bénéficier de cette protection1003. Et, ce qui est encore plus significatif, c’est qu’il n’est pas capable de prendre la mesure de sa faute : « je ne sai pais de quoy j’ai Jhesu corrouciér », « dite moy mon peschief », dit-il au Blanc Chevalier, à qui revient donc le rôle de l’aider à prendre conscience de son état de pécheur. Outre les dons que nous avons déjà évoqués, le revenant possède donc celui d’être un guide spirituel, ce qui justifie qu’il puisse exercer une influence sur le déroulement de la destinée du héros. Dans une logique chrétienne, il lui demande de se purifier, de se débarrasser, en quelque sorte, d’un fardeau qu’il porte en lui. Comme Lancelot ou Perceval que J. Ribard décrit comme « prisonniers surtout de leur péché – qu’il soit de luxure, comme chez Lancelot ou Villon, ou d’égoïsme comme chez Perceval », Lion porte en lui le poids d’une « nature pervertie, viciée dès l’origine »1004 dont il doit se libérer pour progresser. On comprend alors très bien que l’intermédiaire de Dieu lui impose une pénitence (« Si faite la penance, fort la souffrerés »1005), qui se traduit par les souffrances qu’il va connaître et dont Florantine et les Siciliens seront également victimes, avant qu’ils ne puissent reconstituer leur unité et vaincre les Calabrais. Il faut donc que le jeune chevalier accomplisse un réel travail sur lui-même, qu’il connaisse l’humiliation d’une défaite possible et reconnaisse la justesse des avertissements du Blanc Chevalier :

‘« Bien me dit mez compain qui tant ait renommee
Que je chier comparreroie ains que paissait l’annee
L’amour que ver Clarisse fuit per moy demenee. » (v. 12289-291)
Et dist : « Biaulz sire Dieu, quelz meschief aparant !
Bien me dit mez compain chier yroie achetant
Le peschief que je fis ; bien m’en voy percevant !
Morir me couvanrait a loy de soldoiant. » (v. 12336-339)’

L’idéologie exposée ici par le poète s’apparente à celle que Bernard de Clairvaux n’a de cesse de transmettre, notamment dans ses sermons sur le Cantique des Cantiques où il condamne l’homme pécheur à la colère de Dieu1006. Cette morale chrétienne, très exigeante, est particulièrement présente dans La Quête du Saint Graal. En se rendant coupable du péché de luxure, Lancelot s’interdit l’approche du Saint Graal, et ce n’est que par la confession et le renoncement, comme le lui recommande l’ermite rencontré dans la forêt, qu’il pourra à nouveau reprendre sa quête1007.

La confession de Lion, qui est suivie d’une longue prière dans laquelle il supplie Dieu de lui rendre son compagnon1008, est aussi un aveu de faiblesse. (D’ailleurs, peut‑on imaginer pire situation que celle de se retrouver pieds et mains ligotés, attaché par une corde à son cheval, sous les railleries de Genoivre et la conduite du duc de Calabre et du sénéchal de Florence, avec pour unique perspective celle d’être pendu ?) Désormais, il sait qu’il existe des situations dans lesquelles il ne pourra pas triompher sans l’aide armée du Blanc Chevalier et, ce qui est primordial, s’il n’adopte pas une conduite irréprochable. Autre détail qui retient l’attention : ce sont simplement trois vers, situés à la fin de la longue prière que nous évoquons ci‑dessus, dans lesquels le héros s’engage à se consacrer à la recherche de ses parents1009. La quête des origines – qui s’était trouvée momentanément occultée par l’acquisition du statut chevaleresque lors du tournoi de Monlusant – reste donc une priorité.

Le dénouement de l’épisode met en évidence la nécessaire présence d’un intermédiaire entre Dieu et l’humanité. En effet, s’il est certain que Dieu a entendu le repentir sincère de Lion et qu’il lui pardonne en lui envoyant le Blanc Chevalier accompagné d’une armée de quatre mille chevaliers célestes, on ne peut pas conclure que cela constitue une réponse directe à sa prière. À ce sujet, le texte est très clair :

‘C’est li Blanc Chevalier au fier contennement
Qui avoit tant priér a Dieu omnipotant
Qu’il peust secorrir Lion au fier tallant,
Dieu li ot ottroiér per son commandement. (v. 12461-464)’

Le Blanc Chevalier apporte le secours et transmet le pardon de Dieu1010. Cette leçon sera répétée de façon constante dans le poème, principalement lorsque l’intervention est couplée avec un miracle, comme cela se produit pour la guérison des blessures de Lion : « Teilt miraicle y fist Dieu pour le Blanc Chevalier »1011. La réalisation de tels phénomènes en faveur des héros par le truchement du Blanc Chevalier atteste que celui‑ci entretient une relation privilégiée avec le surnaturel.

Par sa nature spécifique, le Blanc Chevalier appartient au domaine du merveilleux (le mirabilis, pour reprendre la définition de J. Le Goff). Il possède une autorité morale sur les protagonistes du poème en leur confirmant la justesse de leurs choix ou en les incitant à modifier ceux‑ci. Grâce à la relation qu’il entretient avec Dieu1012, il peut intercéder auprès de lui pour obtenir le pardon ou pour réaliser un prodige et il peut également révéler à Lion ses péchés. Cela lui confère une autorité religieuse. Il établit donc un lien entre le surnaturel (le miraculosus) et l’humanité, et cette particularité fait de lui un médiateur. Mais, sa nature (puisqu’il s’agit d’un revenant) ne permet pas de voir en lui un ange. C’est ce que souligne J.‑L. Picherit, en notant que les anges ne possédant pas de « formes particulières », « ne pouvaient saisir [les] esprits médiévaux nourris d’images de la religion ». Il ne le considère pas non plus comme un saint patron car les saints « dont les reproductions abondaient dans les lieux sacrés et dont les traits étaient si bien définis, n’étaient pas de nature à ravir les âmes »1013, (remarque à laquelle il faudra apporter une réserve, puisque cette surabondance d’images est plutôt le fait de la fin du Moyen Âge1014). Enfin, Lion adresse ses prières à Dieu et non pas à un « saint », ce qui n’exclut nullement la place d’intermédiaire que lui accorde le poète.

Cet intermédiaire veille sur son compagnon ; la clairvoyance qui lui est accordée par Dieu lui permet d’intervenir lorsque cela se révèle nécessaire. Or, il est des circonstances dans lesquelles la quête entreprise par le héros demeurerait lettre morte si le Blanc Chevalier ne s’interposait pas ; cela est illustré par le séjour de Lion au Royaume de Féerie.

Une épreuve spécifique : l’attraction du merveilleux féerique

En quoi cette épreuve mérite-t-elle d’être qualifiée de spécifique ? Plusieurs raisons expliquent ce qualificatif : jusqu’à présent, nous avons constaté que Lion mettait au centre de ses préoccupations la recherche de ses origines, mais celle‑ci est bien souvent décalée dans le temps, si ce n’est occultée par d’autres sollicitations. Ces empêchements ont un point commun essentiel : ils dépendent de sa volonté, car c’est lui qui choisit de se rendre au tournoi de Monlusant pour éprouver sa valeur ; c’est encore lui qui décide de poursuivre le conflit contre le duc Garnier de Calabre (car, finalement, – si l’on met à part les sentiments qu’il déclare éprouver pour la demoiselle – son avenir en dépend : si Florantine épousait Garnier, il n’y aurait plus de couronne ni de royaume….). Le long périple qui le conduit de Rome au Proche Orient, puis à l’Espagne lui permet enfin de retrouver ses parents à Tolède. Désormais, en toute logique, Lion doit accomplir, de sa propre volonté, la vengeance du père, par la revendication du fief de Bourges1015. D’où, un nouveau périple, mais une épreuve l’attend alors et celle‑ci est totalement indépendante de sa volonté. L’analyse de cet épisode, pendant lequel Lion va séjourner au Royaume de Féerie, dans un univers typiquement arthurien, permettra de mieux appréhender l’impact du pouvoir surnaturel sur le déroulement de la destinée héroïque.

Après un itinéraire assez fantaisiste, Lion, qui vient de quitter ses parents à Hault-Lieu pour se rendre à Bourges, arrive à Coblence et traverse la forêt des Ardennes ; il n’a pour compagnie qu’un seul écuyer, car tous ses chevaliers ont péri en mer1016. Univers dangereux dans la mentalité médiévale, la mer et la forêt sont propices aux rencontres susceptibles de faire naître de nouveaux périls sans cesse renouvelés1017, et cela se concrétise rapidement par l’apparition d’un nain belliqueux qui défend un château où Lion pensait demander l’hospitalité. Une forêt profonde, un château pourvu de hautes tours et de créneaux, entouré de fossés : l’univers évoqué ici partage des caractéristiques communes avec l’univers du roman arthurien, faisant de la forêt un « lieu de tous les dangers, donc celui où peut être représenté, sous diverses figures, humaines ou diaboliques, tout ce qui menace le chevalier dans son être de guerrier, d’amant, d’homme, de chrétien »1018. Désarçonné, puis à peine remonté en selle, Lion doit affronter un géant de treize pieds de haut1019. Celui‑ci se fait rapidement reconnaître : il s’agit du nain Auberon, qui invite le jeune chevalier et son écuyer à séjourner au château où résident maintes belles fées (dont Morgane et Gloriande), mais aussi le roi Arthur1020. Dans ce château enchanté, on entoure le héros de délicates attentions :

‘La fuit bien festyér entour et environ,
Car la ot mainte fee en ceu riche donjon
Que l’anffan honnoroient per bonne entancion ;
Tout le sollas dou monde trouver y peust on.
La fuit li donsialz en consollacion,
En si grande joie, (…) (v. 20934‑939)
La duit li damoisialz en consollacion
Avuec Morgue la fee et Artus son baron,
La belle Gloriande et le roy Auberon,
Et mainte riche fee y avoit, ceu sceit on,
Que servoient l’anffan en grant devocion. (v. 20949‑953)’

Sous le charme de la Féerie, Lion perd la notion du temps : il reste six ans, mais croit n’avoir passé que quatre jours1021. L. Harf‑Lancner souligne que le thème de la fuite du temps (qui est un schéma fréquent dans le conte morganien) révèle une « signification identique dans tous les folklores. L’autre monde et le monde des humains obéissent à des lois différentes et inconciliables. Quand un mortel quitte son univers pour le royaume des fées, il passe du règne de l’éphémère à celui de l’éternité, il échappe au temps. Regagnant le monde des humains, il retrouve le temps et la mort »1022. Ainsi, dans un au‑delà fait de bonheur, le temps passe plus vite que sur terre1023. Pendant son séjour, Lion oublie l’essentiel de son engagement : le fief de Bourges, sa famille qui se trouve dispersée, le royaume de Sicile tombé aux mains du traître Garnier, il ignore le meurtre de son père par Gombaut. L’abolition du temps et l’amnésie du personnage, dans un lieu isolé du monde des vivants, signifient que le pouvoir d’attraction vers le merveilleux féerique a exercé une force supérieure à la volonté individuelle. L’identité chevaleresque, si difficilement conquise1024, se trouve momentanément éclipsée sous l’effet de l’envoûtement. La particularité du motif du séjour dans l’Autre Monde dans Lion de Bourges réside dans le fait qu’il ne constitue ni une consécration du héros, comme cela est le cas dans La Bataille Loquifer ou dans la Chanson d’Ogier en alexandrins, ni une étape initiatrice, comme dans Tristan de Nanteuil. Sa personnalité n’est pas modifiée et il ne remporte avec lui aucun objet magique susceptible de lui apporter une aide pour la suite de son parcours (comme les objets magiques remis à Huon par Auberon, dans Huon de Bordeaux). En réaffirmant l’emprise du merveilleux féerique sur Lion, le séjour au Royaume de Féerie préfigure sa disparition définitive. M. Éliade voyait dans l’oubli des personnages appelés à traverser ce type d’aventure « un symbole de la mort »1025, une mort qui nécessiterait une nouvelle naissance pour revenir au monde des vivants. C’est en ce sens que l’intervention du Blanc Chevalier va s’exercer pour réveiller Lion. Ce geste révèle à la fois la fragilité de l’individu et la nécessaire présence de Dieu.

Les séjours au Royaume de Féerie sont en règle générale étrangers à la tradition épique, mais ce motif apparaît dans certains poèmes à partir du XIIIe siècle, par assimilation de thèmes présents dans les contes et le roman arthurien. Les schémas selon lesquels ce motif est développé sont assez proches du conte type AT 471 A, dit Monk Felix 1026 , que la présence de l’animal guidant le héros soit évoquée ou non. Dans la littérature épique ou romanesque, c’est plutôt un personnage faé qui invite celui‑ci à le suivre. On relève également que ce motif, d’origine folklorique, tend à se christianiser dès lors qu’il entre dans la composition des poèmes épiques. Si le royaume féerique s’apparente fortement à la cour arthurienne, ce monde possède cependant des caractéristiques qui le rapprochent du domaine du surnaturel, par l’adjonction d’éléments hagiographiques1027 et par la mise en relation des actions des personnages faés avec la volonté divine : on peut retenir pour exemple la nature spécifique d’Auberon dans Huon de Bordeaux, qui tient ses pouvoirs de Jésus1028.

Le motif du séjour en Féerie n’a cependant pas la même vocation dans toutes les œuvres où il apparaît. Avec La Bataille Loquifer, Rainouart est le premier personnage épique à séjourner parmi les fées1029. André Moisan voit dans ce séjour « une sorte de consécration, un honneur suprême accordés au héros », puisqu’il lui est donné de goûter au bonheur éternel du paradis1030. Le poète de Lion de Bourges ne conserve pas les mêmes éléments ; l’épreuve imposée pour prouver sa vaillance est déplacée1031 : elle a lieu avant l’entrée au château, et c’est seulement à l’issue de l’épreuve que Lion peut y pénétrer, en toute bonne foi d’ailleurs, puisqu’il cherche un gîte où faire une halte avec son écuyer pour la nuit ; d’autre part, cette aventure survient alors qu’il se rend à Bourges ; il n’est pas question ici de transport magique dans l’île d’Avalon comme cela est le cas pour Rainouart qui, dans La Bataille Loquifer, est enlevé par les fées1032. Enfin, si le motif commun de l’invitation exprimée par un personnage féerique est présent, ce ne sont pas des fées, mais le nain Auberon qui remplit cette fonction. On retrouve par contre le motif de la fée amoureuse du héros : au départ de celui‑ci, « Morgue, suer Artus, en ot le cuer dollant, / Car moult amoit Lion tres amorousement »1033. Alors que Rainouart est entouré de chevaliers célèbres (Roland, Gauvain, Yvain et Perceval), seul le roi Arthur est mentionné dans Lion de Bourges. Enfin, différence sensible dans l’issue du séjour : Rainouart interrompt volontairement son séjour afin de poursuivre la quête de son fils Maillefer1034 (dont la pensée ne le quitte pas), ce que Lion ne peut faire puisqu’il est frappé d’amnésie.

Dans le Bâtard de Bouillon, certains éléments sont communs avec La Bataille Loquifer, notamment celui de la consécration du personnage, et avec Lion de Bourges, par l’amnésie et la présence du cor magique. Dans cette chanson de geste du milieu du XIVe siècle1035, la Féerie est située au‑delà de la Mer Rouge ; c’est la terre « Artus et Morgue la jolie », où personne n’a jamais pénétré. Baudouin et ses douze compagnons décident de s’y rendre, mais ils sont rapidement victimes d’enchantements ; un nuage les sépare et isole celui qui est destiné à réussir. Seul, Hugues de Tabarie pénètre dans le pavillon magique et réussit à faire sonner le cor d’ivoire ; le roi Arthur, entouré de sa sœur Morgue et d’Oriande, le reconnaît comme « Fleur de cheval[e]rie ». Conduits dans un verger merveilleux peuplé de mille fées, les chevaliers traversent une période de totale amnésie. Hugues de Tabarie réussit la dernière épreuve, qui consiste à cueillir la rose destinée au plus preux chevalier du monde. Le roi Arthur leur rappelle qu’ils doivent repartir et leur remet des présents. Cinq années ont passé, mais Baudouin et ses compagnons « ne le peurent croire, tant c’on leur recorda » (v. 3689). Cet épisode, qui n’apporte aucune modification ni aucune évolution aux personnages, semble plutôt destiné à reproduire un modèle connu pour être agréable. Comme le note l’éditeur de la chanson, c’est une « sorte de roman arthurien en miniature », un « divertissement », dans lequel le « merveilleux chrétien est absent »1036. Cette aventure fonctionne comme une parenthèse indépendante du reste de la chanson, avec peut-être pour seule vocation celle d’affirmer que la reconnaissance de la prouesse par le roi Arthur est la consécration suprême de la chevalerie, bien qu’il ne s’agisse pas du personnage principal. En ce sens, elle confirme la persistance, comme symbole de l’honneur absolu, le fait d’être invité à la cour arthurienne, ce que F. Suard décrit comme étant le « moyen privilégié [par l’auteur] d’apporter à son héros la consécration suprême »1037. Les épreuves imposées pendant le séjour n’ont d’ailleurs pas de retentissement sur son engagement, après son retour au monde des vivants.

En revanche, ce n’est pas le cas dans la chanson de Tristan de Nanteuil, qui transforme ce séjour en véritable épreuve initiatique. Plus proche de Lion de Bourges, cette chanson comporte elle aussi un épisode dans lequel le protagoniste, Tristan, est conduit par la fée Gloriande dans un château enchanté, où séjournent le roi Arthur, la fée Morgue et le nain Auberon, mais les circonstances entourant cet épisode et l’évolution qui lui est donnée le distinguent résolument de l’idéologie représentée par le séjour en Féerie de Lion. Dans Tristan de Nanteuil, la fée est l’instigatrice du séjour et de la mise à l’épreuve de la vaillance du chevalier. En ce sens, elle lui fait entendre ce qu’il doit entreprendre pour se hisser vers la perfection : « ne vous esmaiés ja »1038. Mais, à la différence de ce qui se passe dans Lion de Bourges, elle rassemble, sur son seul statut de personnage faé, deux rôles qui se trouvent nettement séparés dans notre poème, car c’est elle qui révèle à Tristan le secret de ses origines, après que celui‑ci a réussi à vaincre sa peur et à tuer le serpent (qui est une réincarnation de Malabron, destiné à le mettre à l’épreuve)1039. L’emprise du merveilleux féerique se révèle plus forte chez Tristan que chez Lion, notamment par le rôle prédominant joué par la fée et par un détail : le don, par le roi Arthur, du cor d’ivoire qui est censé rendre invulnérable1040. A. Georges rappelle à ce sujet que la remise d’un objet magique est en règle générale contraire à la tradition épique et n’existe que dans les contes, car « un trop grand pouvoir (venant de l’objet magique) neutralise l’action du héros » qui est « censé être maître de son destin »1041.

Ce séjour en Féerie revêt tous les aspects d’une initiation chevaleresque : lorsque Tristan exprime le désir de quitter le château pour retrouver son père, (« se j’estoye delivres, mon père querre yray / Et ma mere ensemment »)1042, il a vaincu sa « couardise » et porte désormais en lui le désir de vengeance. L’abolition du temps (huit jours, alors que Tristan croit n’avoir passé que quelques heures) représente le temps qui lui est nécessaire pour se forger une personnalité chevaleresque, tout comme « le dragon symbolise cette animalité que le personnage doit dompter pour accéder au statut héroïque »1043. L’aventure vécue a pour vocation de conférer un nouveau dynamisme à l’itinéraire épique, car elle modifie la personnalité de Tristan.

C’est également une des significations du séjour de Huon au château d’Auberon, dans Huon de Bordeaux, dont l’influence sur Lion de Bourges a été reconnue par la critique. Si l’auteur a repris les traits caractéristiques du nain merveilleux, il en atténue considérablement le rôle, en déplaçant sur le Blanc Chevalier une partie de ses pouvoirs, notamment celui de transmettre les ordres divins et de rappeler des règles de conduite chrétienne. Pour Huon, le séjour en Féerie est le signe du départ en aventure et Auberon lui remet les objets magiques destinés à l’aider dans sa quête, mais ces objets perdront leur pouvoir si Huon tombe dans l’état de péché1044. Dans son étude sur Huon de Bordeaux, M. Rossi considère qu’Auberon se trouve « pourvu de tous les dons que confèrent l’union à Dieu, l’absence de toute trace de péché : il est ce qu’aurait pu être l’homme, sans le péché originel »1045, d’où la spécificité du séjour dans son royaume et celle de son rôle dans la suite des aventures de Huon.

Les comparaisons avec ces quelques œuvres où figure le motif du séjour au Royaume de Féerie montrent qu’il existe de nombreuses variantes1046, dont l’auteur de Lion de Bourges a retenu certains éléments caractéristiques. Apparaissant comme un fil reliant toutes ces œuvres entre elles, la fée Morgue marque les enfants dès leur naissance, les accueille pour un séjour dans son royaume et ne les laisse repartir pour le monde des mortels que sous certaines conditions. Dans la Chanson d’Ogier en alexandrins du XIVe siècle, la destinée d’Ogier, entièrement placée sous le pouvoir de la fée, est scandée par les allers et venues entre ces deux mondes, et Morgue impose un dénouement merveilleux, assurant ainsi l’immortalité au personnage1047. Dans Lion de Bourges, Morgue ne dispose pas des mêmes facultés ; elle exerce une réelle force d’attraction vers le monde merveilleux, mais Dieu veille en la personne du Blanc Chevalier, car Lion est prédestiné, dès sa naissance, à connaître une finalité supérieure. C’est pour cette raison que la magie se trouve brutalement interrompue :

‘Dit li Blanc Chevalier : « Damoisialz de renom,
On vous tient si androit en guise d’un mouton !
Que n’allez vous a Bourge pour Dieu et pour son nom ? » (v. 20964-966)’

Cette nouvelle intervention du mort reconnaissant n’est pas si lointaine de celle que nous avons déjà évoquée à propos du conflit contre le duc Garnier de Calabre et de la faute commise par Lion, même si la nature des forces en présence est profondément différente. En effet, elle apporte un éclairage précieux sur la conception du merveilleux chrétien, proposée dans l’œuvre. De même que le Blanc Chevalier avait déjà délivré des avertissements destinés à aider Lion à lutter contre le péché et contre tout ce qui l’empêche de progresser, ses nouvelles admonestations visent à lui ouvrir les yeux. En mettant un terme brutal à cette période d’amnésie, qui détourne le chevalier de son idéal1048, le Blanc Chevalier rappelle la faiblesse humaine et réaffirme son autorité morale, comme le montrent les révélations qu’il délivre avant de le quitter. Il lui recommande de se diriger immédiatement vers Bourges, car : « Jhesu le commande a qui le monde appant »1049. Comme dans toutes les circonstances où le Blanc Chevalier apparaît aux côtés des héros, c’est donc l’expression de la volonté divine qui se trouve ici rappelée et reconnue comme telle1050. Lion, qui est un personnage marqué par le merveilleux – mirabilis – dès sa naissance, va ainsi se trouver progressivement attiré vers le surnaturel, par le truchement du Blanc Chevalier.

« Conquête du Haut » et « purification du Bas »

Analysant les confrontations des héros médiévaux aux créatures merveilleuses maléfiques, F. Dubost a proposé cette image : « la conquête du Haut et la purification du Bas imposent en général l’affrontement de la merveille »1051, qui résume exactement la situation de l’homme en le plaçant au centre de cet enjeu fondamental et universel. En opposant Lion ou Olivier à diverses créatures qui incarnent les forces du mal, le poète de Lion de Bourges suit la thématique traditionnelle de la lutte incessante du biencontre le mal, dont le premier sens est la nécessité de l’aide divine pour vaincre un mal toujours renaissant1052. D’ailleurs, à peu près tous les personnages du poème connaissent un parcours jalonné d’épreuves, qui peuvent prendre à un moment donné la forme d’un combat à mener contre une créature merveilleuse maléfique (géants, nains ou monstres) ou bien contre des magiciens. C’est un procédé courant dans le roman courtois où la lutte contre les forces du mal représente un élément constitutif du développement de sa destinée. Comme l’a souligné J. Le Goff : « le merveilleux est profondément intégré à cette quête de l’identité individuelle et collective du chevalier idéalisé ». Reprenant les observations d’Erich Köhler, il rappelle « le fait que les épreuves du chevalier passent par toute une série de merveilles, de merveilles qui aident (tels certains objets magiques) ou de merveilles qu’il faut combattre (tels les monstres) »1053. L’auteur de Lion de Bourges opère une étroite fusion entre cette thématique de la lutte contre le mal et celle de la recherche de la perfection, en liant cette dernière, dans chaque occurrence, à l’exigence de Dieu. Cet éclairage, particulier à notre poème, invite à suivre, dans les épreuves rencontrées par les héros, la construction de leur identité, présidée par une constante incitation au dépassement.

Dans le sens le plus banal, les pouvoirs des créatures infernales ont pour fonction de constituer un obstacle opposé à l’ordre chrétien ou bien à la volonté individuelle des protagonistes. En terre chrétienne, les géants appartiennent au peuple sarrasin qu’ils aident pour conquérir une ville. C’est le cas de la lutte de la duchesse Alis contre le géant Lucien : Marsile assiège Tolède, aidé de ce géant aux dimensions impressionnantes, engendré par un diable ; il ne combat pas avec une arme chevaleresque, mais il abat les habitants de Tolède au moyen d’une hache1054. On retrouve un combat symétrique quelques années plus tard, mais ce n’est plus Alis qui est concernée ; c’est Herpin, retenu prisonnier par l’émir de Tolède. Encore un géant, judicieusement prénommé Orible, frère de Lucien, haut de treize pieds, qui prête main forte à Marsile pour assiéger à nouveau la cité (car la trêve entre le roi sarrasin et l’émir a pris fin). La description hyperbolique donne la mesure du péril : le géant, qui est à la tête de cent mille païens, veut tuer tous les habitants de Tolède ainsi que le roi, et voudrait prendre pour épouse Florie, fille de l’émir. Il agit dans le désir de venger son frère tué par Alis1055. Ces deux combats, menés successivement par les seigenurs de Bourges, répondent à la vocation initiale de ce type de motif dans la poésie épique. Révélateurs de la prouesse héroïque1056, ils témoignent de la supériorité du bien sur le mal, mais il faut également retenir qu’ils se situent tous les deux en Espagne, c’est‑à‑dire dans les limites géographiques de la chrétienté. Le géant, familier de l’univers épique, est voué à être vaincu1057 parce que, associé au motif du péril sarrasin1058, il représente le mal. Le géant Fernagu, dans Florent et Octavien, apporte son aide au soudan Aquarius aux portes de Paris ; il est vaincu par Florent, après un long combat au cours duquel celui‑ci le découpeprogressivement1059. La victoire de la duchesse Alis et du duc Herpin assure le rétablissement de l’ordre – même si celui‑ci est précaire – dans une structure sociale et politique au profit d’une collectivité, puisqu’il s’agit en chaque occurrence des habitants de Tolède. Le songe du duc Herpin le confirme dans sa volonté de mourir pour Dieu, car il sait que les chrétiens obtiendront la victoire1060. C’est un premier enseignement, qui ne s’éloigne pas de la thématique habituelle de l’art des trouvères, et il trouve pleinement sa place ici.

Le second enseignement de ces confrontations avec les forces du mal renvoie le lecteur à la thématique du dépassement et de l’attraction vers le surnaturel, car chaque action doit être réalisée en ce sens. Le géant Lucien est destiné, depuis sa naissance, à être tué par Alis et celle‑ci doit accomplir ce combat, voulu par Dieu, pour revoir son mari et son fils1061. Le miracle qu’il réalise en sa faveur constitue donc une première réponse : « Dieu y fist miraicle pour la damme avenant »1062. La voix céleste, qui avait ordonné à la duchesse Alis de tuer le géant, délivrait un avertissement dont les termes étaient identiques à ceux que le Blanc Chevalier utilise :

‘« Ne enver ton Signour n’an aiés ja follement
Du peschief de luxure, car Dieu le te deffant » (v. 1596-597)’

Cette exigence lui sera rappelée lorsqu’elle devra fuir le palais de l’émir1063. Quant à Herpin, il exprime le désir de se retirer dans un endroit où il puisse se consacrer à la prière1064.

Avec l’évolution du genre épique dans les deux derniers siècles du Moyen Âge et le jeu de l’intertextualité, le champ de la rencontre avec la créature extraordinaire va s’élargir, notamment, dans Lion de Bourges, lorsque le héros éponyme parcourt le Proche Orient à la recherche de son père. Il effectue alors un très long périple, pendant lequel tous ses compagnons meurent, sauf l’écuyer Ganor ; il se retrouve donc seul et cela n’est pas sans rappeler la solitude qui l’entoure lors de son départ de Monclin :

‘Si dirait de Lion qui tant ot renommee
Qui son perre querroit per estrainge contree.
Il ot estéit en mer et dever Gallilee,
Et en Constantinople et per deden Judee,
Eroppe et toute Aufricque ot li anffe trepessee,
Et l’ile de Malas et Quarquoe la lee,
Et en Jherusalem la citeit honnoree
(…)
Rochebruns paissait, une citeit doubtee,
Et toute Salorie paissait per l’antree,
Et deden Babillonne une citeit fermee,
La vit la tour Aubel que hault fuit massonnee.
Tant ot allér Lion que la chair ot laissee ;
(…)
Droit a l’ille de Rodes est lour neif arivee. (v. 16421‑441) ’

C’est à ce moment que se produit l’inévitable rencontre avec un premier géant, Mallabron, à Rhodes1065. La seconde est celle d’un autre géant, au port de Magloire, alors que le héros tente de regagner Tolède1066. Il faut rapprocher ces deux rencontres de celle d’Olivier avec le nain Otinel à Ascalon1067, parce qu’elles appartiennent à un monde – l’Orient – qui fascine l’homme médiéval. J. Le Goff l’évoque comme « le grand réservoir du merveilleux, (…) le grand horizon onirique et magique des hommes de l’Occident médiéval »1068. En outre, les figures de ces deux géants et du nain reflètent la vision plus forte d’une altérité qui effraie et qu’il faut dominer et rejeter au plus bas. D’ailleurs, le fait que ces deux géants et le nain défendent l’accès à une tour, donc une situation élevée par rapport au héros (qui, dans les trois cas, arrive par la mer) participe d’une même vision dans un texte qui fonctionne « comme un système de signes », selon F. Dubost, et qui reproduit des « situations topiques dans lesquelles la conquête (ou la reconquête) du Haut impose d’affronter quelque merveille »1069. L’épreuve, qui semble être presque figée dans la littérature épique, s’impose cependant au chevalier dans Lion de Bourges car elle apporte une progression dans l’accomplissement de sa destinée.

Ces deux géants conservent à peu près les caractéristiques physiques que leur confère généralement le genre épique, et Otinel n’est pas en reste : « quinze piet acomplis » pour le géant Mallabron1070, quatre pieds de haut, les yeux rouges et la peau noire pour le nain Otinel1071 ; leur laideur est repoussante1072. Le roi Corsolt, dans Le Couronnement de Louis, répondait à la même description : les yeux rouges, la chevelure hérissée, un espace d’un demi‑pied entre les deux yeux1073. La laideur repoussante du géant constitue un topos dans le genre épique, même si certains textes, comme Fierabras restent sobres en la matière1074. La description hyperbolique des caractéristiques physiques et du comportement des deux géants et du nain les range dans la catégorie des créatures démoniaques : ils ont pour point commun de se livrer à des exactions sur leurs victimes féminines, de les tenir captives et de vouloir les épouser après avoir tué père, mari et enfants1075. Leur entourage est à leur image : c’est une « pute gens dervee » qui garde le château de Mallabron1076. Ils font preuve d’une force démesurée, se défendent au moyen d’une hache dont ils assènent des coups redoutables1077, et le déséquilibre des forces est toujours souligné avec insistance1078. Ils sont l’incarnation même de la violence et le fait que ces combats soient livrés hors du contexte traditionnel du siège sarrasin en terre chrétienne leur donne une signification supplémentaire dans la représentation de l’instabilité. D’une part, la multiplication de ce type de personnages monstrueux auxquels doivent se mesurer les personnages de la chanson montre que le mal règne dans toute l’humanité, et, d’autre part, le fait qu’ils soient dotés de caractéristiques physiques échappant au domaine du rationnel signifie que ce type de forces surnaturelles échappe au contrôle de l’homme1079. Reflets des peurs qui traversent la pensée médiévale, les géants lançant leurs défis appellent les héros épiques à toujours repousser les limites du dépassement. Le défi que Mallabron lance à Lion va en ce sens :

‘« Je ne doubte nulz homme, se n’est ung Lion
Qui est de douce France le roialme Charlon ;
Icy me doit ossire per le mien dieu Mahon.
Je ne doie morir se n’est per cestui nom ». (v. 16566‑569)
« Car je ne pués morir, se m’ait dit li malfez,
Se se n’est per Lion qui est de France nez ». (v. 1636‑637)’

La prédiction du diable s’accomplira telle que Mallabron l’avait entendue, et Lion le tue. « Ainsi, remarque J. C. Vallecalle, ces créatures impressionnantes, parce qu’elles sont destinées à être finalement vaincues au cours d’affrontements mémorables, permettent à leurs adversaires non seulement de faire triompher le bien mais aussi d’élever l’homme au dessus de puissances qui lui sont étrangères et qui le dépassaient d’abord »1080. La place accordée dans le poème aux figures appartenant à un univers infernal n’est pas fortuite, bien que leur représentation obéisse fréquemment à des lieux communs de la littérature épique et ne constitue pas en ce sens une particularité. En sollicitant constamment la volonté du héros, l’affrontement de la merveille constitue une mise à l’épreuve gratifiante, car l’idéal de perfection ne saurait être atteint sans une lutte sans fin contre le désordre.

Le motif du combat contre une créature monstrueuse apparaît souvent en corrélation avec la précarité des actions, qui est une thématique continue dans Lion de Bourges. La place que le poète accorde au combat d’Olivier contre Otinel en témoigne, tout en apportant un surenchérissement dans la représentation des forces du mal. En effet, le nain est doté de pouvoirs diaboliques ; il fait des bonds prodigieux pour esquiver les coups de l’adversaire : « Il se torne et tressaulte come ung homme dervéz »1081. De plus, Otinel appartient au royaume des créatures infernales :

‘C’estoit ung ennemmi de la prison duree
Qui est per ordonnance et per euvre faiee. (v. 27136‑137)
Il n’i ot si lait homme jusques a la mer betee.
Le diable ot ou corpz, c’est veriteit prouvee ! (v. 27144‑145)’

Et comme pour tous ses semblables, sa mort s’accompagne de phénomènes atmosphériques extraordinaires :

‘La getait ung telz cry Ottinalz au morir
Que trois lue et plux fist la terre bondir,
Et une teille fumier vit on de li issir
Que la clerteit en fist environ li couvrir.
Le diable qu’il ot es corpz pour lui norir
S’an vait droit inellement en la mer saillir :
A loy de poison s’allait illuec norir. (v. 27202‑208)’

La victoire d’Olivier ne résout rien, puisqu’il devra à nouveau affronter le diable qui s’est échappé du corps du nain pour se réfugier dans celui d’un poisson1082, lors d’un combat démesuré dont le narrateur s’est appliqué à restituer la violence1083. Le dénouement de ce deuxième combat reprend la même thématique que celle exprimée dans l’ensemble du poème selon laquelle le héros reçoit la certitude de la justification par Dieu de ses engagements. Alors que ses forces déclinent et qu’il semble près de perdre le combat, Olivier bénéficie de l’aide du Blanc Chevalier, qui transperce d’un coup d’épée énergique le cœur du monstre marin1084. Ce secours providentiel, bien concret et particulièrement efficace, renouvelle l’engagement du mort reconnaissant aux côtés des héros. Il témoigne également de l’impossibilité pour l’homme de vaincre les forces du mal s’il ne reçoit pas l’aide divine.

La réapparition du mal, issu d’un corps d’apparence humaine, n’est pas un détail gratuit ou pittoresque. Elle traduit les infinies possibilités de réveil de ce dernier et la constante nécessité pour le héros de lutter, et, lorsque cette réincarnation se fait dans le monde animal sous la forme d’un monstre marin, elle renvoie l’image amplifiée de ce qui est enfoui en l’homme, au plus profond. C. Ferlampin‑Acher établit une relation entre la liberté d’écriture apportée par la prose romanesque à partir du XIIIsiècle et le renouvellement de la figure du monstre : « Le monstre se définit donc surtout comme un potentiel, tant au niveau de sa forme que de sa signification : lorsqu’il se perd dans l’ombre ou dans la lumière, il se laisse imaginer plus que discerner ; lorsqu’il est « métamorphique », il présente en général une forme humaine tout en risquant à tout instant de se transformer, il révèle ce qui, refoulé en l’homme, est susceptible de se réveiller, et peut être le but proposé à sa perfectibilité »1085. Moins familier de l’univers épique que de l’univers romanesque des XIIIe et XIVe siècles1086, le nain diabolique dédoublé en monstre marin occupe dans Lion de Bourges cette place essentielle du miroir. C’est aussi dans cette lutte constante contre un surnaturel maléfique que s’inscrit l’exigence d’une destinée héroïque fondée sur la volonté de repousser sans cesse les limites de l’accomplissement.

Le héros peut également se trouver confronté à une autre forme de merveilleux : la magie noire, une magie « du côté du Diable », selon l’analyse de J. Le Goff, qui constate que « le terme magicus, et ce qu’il recouvre, très rapidement a balancé du côté du mal, du côté de Satan »1087. Or, les magiciens ont la faculté de détenir leur savoir du diable et sont les destinataires privilégiés de ses enseignements. Ils pratiquent l’art de Tolède ; la description de leurs connaissances1088 laisse penser que le trouvèrede Lion de Bourges a utilisé le motif des magiciens instruits, par recherche d’un certain « pittoresque oriental »1089. S’ils ne pratiquent pas de divination à proprement parler dans le poème, leurs actes, dont ils restent maîtres, exercent une influence incontestable sur la destinée des protagonistes. Cependant, malgré leur savoir, ils ne peuvent éviter le sort funeste qui leur est réservé. Le cas le plus explicite dans Lion de Bourges est celui du magicien Gombaut de Cologne, dont les agissements atteignent irrémédiablement la première cellule familiale du poème, les parents de Lion, et influent sur le parcours de ce dernier. L’intrigue apparaît en début de poème, alors que la duchesse Alis se cache sous des habits de mendiante dans les rues de Tolède ; à leur arrivée, deux magiciens, Gombaut et Mandait de Cologne, font des révélations importantes à l’émir sur la véritable identité d’Alis et sur sa famille. Déjà, Gombaut, qui détient son savoir du diable, sait qu’il périra de la main de Lion :

‘Tant fist a l’ennemi que moult bien aprins l’ait
Qu’i sot bien que Florie a ceu fait courpe n’ait ;
Et avuec tout ceu, diable dit li ait
Que la damme ait ung filz que Lion on clamait,
Qui est li plux herdis qui jamaix naisterait ;
Ne jamaix cilz Gombaut de mort ne fenirait
Jusqu'à tant que Lion li anffe l’ossirait.
Quant Gombaut ot le diable qui ceu li recordait,
Moult en devint dollant, forment li an pesait. (v. 2816‑824)1090

Pour la seconde fois, le poète greffe, sur le thème principal de la lutte contre le mal, le thème secondaire : une personne sait qu’elle doit mourir de la main du héros. Il semblerait que le destin soit dès lors scellé et que les héros – ni Gombaut, d’ailleurs – ne puissent se soustraire au pouvoir de la magie noire. Au tournoi de Tolède donné à l’occasion du mariage de Gombaut avec Florie, fille de l’émir1091, Lion joute contre le magicien, le blesse et l’humilie ; la vengeance est inéluctable1092 et Lion sera touché au plus profond de lui-même, quand il apprendra que Gombaut a tué son père Herpin. Ce meurtre lâche (Herpin est abattu par Gombaut d’un coup de hache, au cours d’une embuscade1093) appelle une autre vengeance, et pour longtemps encore dans le poème, la route du héros éponyme va croiser celle du magicien1094. Beaucoup d’acteurs en jeu, quelques tours de sorcellerie entre Basin et Gombaut1095, pour aboutir à terme à l’abandon de la magie lors de l’ultime combat où Gombaut est destiné à être tué de la main de Lion :

‘« Sire, per Mahommet que je doie avoir chier,
Je me combaterait contre le chevalier
San nul enchantement ne san lui engignier ;
Maix en droit fait d’arme san nulz aultre mestier
Me volrait au jour d’ui contre lui chalongier ;
(…)
La voy Baisin d’ancoste vous jocquier ;
Il me covient qu’i me ju[e] san point de l’atargier
Qu’i ne me ferait de rien contrarier,
Ne ne ferait sort de quoy me puist engignier ». (v. 22489‑500)’

Cette proposition loyale pourrait surprendre, mais le poète prend soin de ménager quelque effet de surprise pour mieux préparer l’issue finale : Gombaut ignore l’identité du chevalier qui l’affronte et, sachant qu’il ne peut mourir que de la main de Lion, il ne redoute rien de ce duel1096. Et lorsque Lion révèle son nom, à la fin du combat1097, il devient évident que la prédiction du diable s’accomplira, ce qui fera regretter au magicien de ne pas avoir utilisé quelque peu de sorcellerie1098. Comme les païens brisant leurs idoles au soir d’une défaite, le magicien est tenté pendant un instant de désavouer son maître (« or ment li ennemis »), mais il refuse de se convertir :

‘« Jai a la loy de Dieu ne me convertirai!
A l’ennemmi d’anfer tout adés me tanrai;
Je l’ai loingtampz servir, jamaix ne li faura ». (v. 22726‑728)’

Une si belle profession de foi mérite une mort à la hauteur de celles qui sont généralement réservées aux créatures possédées par le diable, comme le nain Otinel, et le diable emporte l’âme de Gombaut vers l’enfer1099. La défaite finale de Satan, lors du combat corps à corps entre Lion et Gombaut, ne signifie pas seulement que le pouvoir diabolique est vaincu : elle a pour intérêt majeur de mettre un terme final à la vengeance de Lion, une vengeance qu’il avait commencée avec la récupération du fief de Bourges et sa reconnaissance par Charlemagne comme héritier légitime. On retrouve bien présent ici, comme dans chaque détail qui pourrait sembler minime, le fil conducteur d’une période de la destinée terrestre du héros, obligé de venger son père et de poursuivre son action1100 : on ne peut évoquer, en effet, qu’une période, parce que c’est à cette charnière du récit que Lion participe – pour la première et dernière fois – à une bataille aux côtés de l’empereur et qu’il fait connaître, à l’issue de celle‑ci, son désir de se consacrer à la défense de ses intérêts familiaux1101. Autre élément non négligeable : cet épisode met en évidence la place que le merveilleux chrétien occupe. En effet, Lion reçoit l’aide du Blanc Chevalier, qui agit, selon la volonté divine (« au volloir Jhesu Crist »1102), en reconnaissance du geste qu’il a fait en sa faveur, témoignant ainsi de la constante présence de Dieu dans le déroulement de sa destinée. En ce sens, l’opposition des forces sataniques à celles du pouvoir divin dessine les contours dans lesquels le chevalier doit inscrire son action pour parvenir à la perfection, car c’est précisément cette incessante dualité qui révèle l’emprise du merveilleux sur celui‑ci. Cela confirme la place caractéristique que la rencontre du merveilleux joue dans la quête de l’identité.

Des magiciens, plusieurs créatures anthropomorphes : l’auteur n’a pas cédé à la tentation de faire appel à un bestiaire imaginaire tel que celui qui envahit la littérature romanesque, sans doute par souci de conserver une certaine vraisemblance. L’élargissement du champ textuel par l’apport de motifs appartenant à un substrat folklorique se trouve sans cesse limité par le rapport à la thématique centrale de l’accomplissement héroïque. Le fantastique apporte des détails pittoresques, mais ne se propage qu’à l’intérieur d’aventures imaginées, organisées dans le récit avec un but précis. Il interfère à des niveaux différents dans le déroulement de la destinée héroïque, selon une progression minutieuse. Ainsi, les géants Lucien et Orible, combattus par les seigneurs de Bourges, appartiennent au monde épique comme ceux‑ci. La victoire des chrétiens s’inscrit dans la logique du récit épique, et ce trait apparaît dans de nombreuses chansons de geste. F. Dubost en donne l’interprétation suivante : « Qu’ils soient de simples figurants, ou qu’ils participent effectivement au combat, les géants et les monstres incorporés dans les armées païennes ont pour fonction essentielle d’accentuer le clivage manichéiste de l’univers épique, de composer un monde de l’anormalité qu’il est souhaitable, et même légitime, de détruire »1103. Les géants rencontrés à Rhodes, à Magloire et le nain Otinel partagent cette même vocation – incarner le mal – mais le fait que ces motifs soient reliés à l’errance des chevaliers apporte un renouvellement dans la célébration de la prouesse, en isolant celle‑ci du pur contexte épique de la lutte contre les Sarrasins : la genèse du héros n’a pas de fin, tout comme le combat contre les forces du mal, – un mal omniprésent sur lequel il faut mettre un nom, auquel il faut donner une forme (la plus hideuse possible) pour prendre la mesure de son altérité1104.

Ces puissances, qui n’obéissent pas au contrôle de l’homme doivent être sans cesse combattues, car elles sont en constant renouvellement. Et c’est ainsi qu’elles transmettent une image amplifiée de l’instabilité, dont le poète s’est appliqué à restituer les interférences dans le parcours de Lion et d’Olivier, jusqu’à mettre ce dernier en présence de Satan, sous l’apparence d’un nain belliqueux. Image fortement ancrée dans l’imaginaire médiéval, le diable ne meurt jamais complètement1105. Et la vaillance du chevalier chrétien peut se révéler insuffisante pour lutter contre Satan, s’il ne reçoit pas l’aide de Dieu. En prenant conscience de la limite de ses forces et du fait qu’il n’est pas totalement invincible, le héros perd cette démesure caractéristique des premières gestes et acquiert une dimension plus humaine.

La victoire des chrétiens, aussi bien que les aides envoyées par le Tout‑Puissant, renvoient le mal vers les profondeurs, tandis que les puissances célestes tentent de hisser l’homme vers la perfection. Dans toutes ces occurrences, le même principe d’organisation de la destinée, s’inscrivant dans un axe vertical1106, est présent et trace la voie à suivre. Notion fondamentale de la pensée médiévale chrétienne, la représentation en une dimension verticale des forces qui gouvernent l’humanité imprègne la chanson de Lion de Bourges. Par l’association de diverses manifestations du merveilleux et en mettant ses personnages en face d’êtres surhumains, le poète révèle la présence d’un monde intermédiaire entre niveau terrestre et niveau surnaturel du sacré, appelé lui aussi à interférer dans la destinée héroïque.

Les tentations, le péché et toutes les confrontations avec les émissaires de Satan interviennent dans un parcours héroïque tendu par une volonté de perfection. Ce sont des mises à l’épreuve émanant de la volonté de Dieu1107, qui teste en quelque sorte son candidat, pour lui prodiguer une première leçon : il doit dépasser sa condition de pécheur, se purifier pour accéder à la glorification dans la sainteté. Sur ce chemin encombré d’embûches, Dieu a cependant pris la précaution de parsemer quelques veilleuses pour guider le héros dans sa nuit. Ce sont des objets magiques, des miracles, ou des avertissements célestes, qui sont autant de signes manifestes de son amour et de sa bienveillance.

Notes
995.

Cf. à ce sujet les réserves émises par J.L. Picherit sur le manque de cohérence dans les poèmes tardifs (« Le motif du tournoi dont le prix est la main d’une riche et noble héritière », in Romance Quaterly, 36, 1989, p. 115-128).

996.

Cf. F. Dubost, Aspects fantastiques de la littérature médiévale (XII e –  XIII e  siècles), Paris, Champion, 1991, t. I, p. 568 sq.

997.

Cf. P. Nouzille, article « Bernard de Clairvaux », Dictionnaire du Moyen Âge, dir. C. Gauvard, A. de Libera et M. Zink, Paris, P.U.F., 2002, p. 151‑164 : « L’accomplissement de l’homme ne se trouve qu’en Dieu et dans sa connaissance, mais celle‑ci est impossible du fait de la distance mise entre eux par le péché » (p. 153).

998.

La cousine de Garnier de Calabre, Genoivre, s’introduit dans les appartements de Florantine et conduit celle-ci dans le verger, abuse le portier pour ouvrir les portes du château permettant ainsi à Garnier de Calabre, au prince de Tarante et au sénéchal de Florence de pénétrer et de s’emparer de Florantine (cf. v. 8412‑590).

999.

Cf. v. 8654‑8662.

1000.

Lion projette d’emprunter les vêtements d’un pèlerin pour s’introduire dans la forteresse de Reggio. Le Blanc Chevalier délivre un premier avertissement : « avant que revenés arés encombrement » (cf. v. 9363‑398).

1001.

C’est une caractéristique propre aux créatures d’origine surnaturelle. Dans Huon de Bordeaux, Auberon affirme :

« Je sai de l’omme le cuer et le pancez,

Se li sai dire comment il ait ovrez,

Et enaprés son peschief criminez ».

(Huon de Bordeaux, éd. W. W.Kibler et F. Suard, Paris, Champion, 2003, v. 3513-515).

1002.

Cf. v. 10416-487. Le départ du Blanc Chevalier est étroitement lié au péché suscitant la colère de Dieu.

1003.

Autres conséquences : pendant cette nuit passée avec Clarisse, Lion engendre le bâtard Girard, tandis que Florantine et Marie prennent la fuite pour finalement se retrouver en présence de leur plus redoutable ennemie, Genoivre, qui n’aura de cesse de leur tendre un nouveau piège (cf. v. 9929-10097, 11621-745).

1004.

J. Ribard, « Pour une lecture allégorique et religieuse des œuvres littéraires médiévales », Littérature et religion au Moyen Âge et à la Renaissance. Études réunies par J.‑C. Vallecalle, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1997, p. 15-26 (p. 22).

1005.

Vers 10479.

1006.

Cf. F. Bogdanov, La Quête du Saint Graal, Paris, Le Livre de Poche, 2006, p. 15-16 ; L’auteur fait référence au sermon 16 (Sermones in Cantica)en évoquant « le visage courroucé [du Puissant] ».

1007.

La Quête du Saint Graal, éd. cit., chapitre VI, paragraphes 76 à 84.

1008.

Cf.v. 12365-383.

1009.

V. 12381-383 :

Et que tant puisse vivre, plux ne vuelz demander,

Que je puisse mon perre et ma mere trouver,

Car ceu est une chose que moult doie desirier ».

1010.

Cf. v. 12542-548.

1011.

Cf. v. 12659. Les échanges entre le héros (qui se trouve fort désemparé par la perte de Florantine et par ses blessures) et le Blanc Chevalier ne manquent pas d’humour. Le jeune chevalier se plaint de ne pas savoir où est Florantine ; « Ne vous chault d’esmaier, répond le revenant, la belle vous atant per dessus cel lorier ». Nouvelle plainte de Lion sur ses blessures – nouvelle réponse enjouée du Blanc Chevalier, avec toujours la même désinvolture : « Ne vous chault d’esmaier ; Ains que de vous me veuille partir ne eslongier / Vous ferait aussi sains que poisson de vivier » ! (Cf. v. 12674‑684).

1012.

Auberon, « promis dès sa naissance à une sorte de sainteté naturelle », possède les mêmes dons, comme l’analyse Marguerite Rossi : « Auberon se trouve donc pourvu de tous les dons que confèrent l’union à Dieu ». (op. cit., p.364-367).

1013.

J.‑L. Picherit, « Le merveilleux chrétien et le motif du mort reconnaissant dans la chanson de Lion de Bourges », Annuale Mediaevale, éd. Herbert H. Petit, Duquesne University, 1974, t. 16, p. 41-51 (p. 46).

1014.

En effet, J.‑L. Picherit s’appuie, pour cette comparaison, sur les remarques de J. Huizinga (Le Déclin du Moyen Âge, Paris, Payot, 1932, réimpr. 1967), cf. notamment p. 200-201.

1015.

Ce qui est aussi une action pour sa famille.

1016.

Cf. v. 20848‑858.

1017.

Cf. J. Le Goff, L’imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985.

1018.

M. de Combarieu, « Le nom du monde est forêt. (Sur l’imaginaire de la forêt dans le Lancelot en prose) », Cahiers de Recherches Médiévales,n° 3, Paris, Champion, 1997, p. 79‑90 (p. 90).

1019.

Cf. v. 20859‑912.

1020.

Cf. v. 20913‑937. La description du lieu magique est relativement brève ; les seules touches dominantes sont la richesse et la joie d’une agréable compagnie.

1021.

Cf. v. 20968, 20971 et 20973‑974.

1022.

L. Harf‑Lancner, Les Fées au Moyen Âge. Morgane et Mélusine. La naissance des fées, Paris, Champion, 1984, p. 210.

1023.

Sur la notion de temps, cf. J.C. Schmitt, « Chroniques. Les tribulations du roi Herla », Formes médiévales du conte merveilleux. Textes traduits et présentés sous la direction de J. Berlioz, C. Brémond et C. Vélay‑Vallantin, Paris, Stock, 1989, p. 155‑164.

1024.

L’épisode de Tolède est tout récent : Lion a obtenu la reconnaissance de sa valeur par son père en joutant contre lui, ainsi que sa reconnaissance en tant que fils par ses parents.

1025.

M. Éliade, Initiation, rites, sociétés secrètes, Paris, Gallimard, 1959, p. 80.

1026.

Cf. J.C. Schmitt, « Chroniques. Les tribulations du roi Herla », Formes médiévales du conte merveilleux, op.cit., p. 161 : le héros est guidé dans la forêt par un animal merveilleux. (cf. le Lai de Guingamor).

1027.

C. Cazanave, « À la cueillette de pommes greffées sur un schéma initiatique. Les péripéties symboliques que rencontre Huon de Bordeaux dans la Chanson d’Esclarmonde », Cahiers du C.R.I.S.I.M.A., n°1/t. I, Montpellier, Université Paul‑Valéry, 1993, p. 109‑128 (cf. p. 113).

1028.

Huon de Bordeaux, éd. cit., v. 3722‑723 : « Dou grant povoir que Jhesu m’ait donnér / En faierie ou je sus arestez »

1029.

Cf. F. Suard, « La Bataille Loquifer et la pratique de l’intertextualité au début du XIIIe siècle », Actes du VIII e Congrès International de la Société Rencesvals (1981), p. 497‑503, repris dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge, Caen, Paradigme, 1994, p. 127‑141 : « l’épisode de la Bataille Loquifer est le point de départ d’une série impressionnante de visites au royaume d’Arthur et des fées, que nous rencontrons dans les œuvres épiques du XIVe siècle » (p. 133).

1030.

Cf. A. Moisan, « De l’illusion à la magie dans la geste de Rainouard », Magie et Illusion au Moyen Âge, Aix‑en‑Provence, CUER MA, 1999, p.351‑363, (p. 358‑359). Cf. également F. Suard, art. cit., p. 136.

1031.

Pendant son séjour en Avalon, Rainouart doit affronter Chapalu, un monstre à tête de chat.

1032.

La Bataille Loquifer, éd. M. Barnett, Oxford, Blackwell, 1975, v. 3654-661.

1033.

Cf. v. 20993‑994. Dans la Chanson d’Ogier en alexandrins, l’amour de la fée Morgue est octroyé au héros éponyme dès sa naissance.

1034.

La Bataille Loquifer, éd. cit., v. 3942-948.

1035.

Le Bâtard de Bouillon, éd. R. F. Cook, Genève/Paris, Droz/Minard, 1972 : cf. pour l’ensemble de l’épisode v. 3297‑3689.

1036.

Le Bâtard de Bouillon, éd. cit., p. xxxi.

1037.

F. Suard, « La Bataille Loquifer et la pratique de l’intertextualité au début du XIIIe siècle », art. cit., p. 136.

1038.

Tristan de Nanteuil, éd. K. V. Sinclair, Assen, Van Gorcum, 1971, v. 8310.

1039.

Ibid, v. 8366‑375, v. 8399‑461.

1040.

On peut noter, dès à présent, que Lion recevra des cadeaux d’une fée, mais ce motif se trouve déplacé dans le poème, car il répond à une signification précise et n’aurait pas, au moment du séjour en féerie, une vocation appropriée.

1041.

A. Georges, Tristan de Nanteuil. Écriture et imaginaire épiques au XIV e siècle,Paris, Champion, 2006, p. 528‑529.

1042.

Tristan de Nanteuil, éd. cit., v. 8704‑705.

1043.

A. Georges, op. cit., p. 502.

1044.

Cf., par exemple, l’avertissement d’Auberon lorsqu’il remet le hanap magique à Huon. (Huon de Bordeaux, éd. cit., v. 3698‑708). Dans Dieudonné de Hongrie, les objets magiques remis par Gloriande sont soumis aux mêmes conditions.

1045.

M. Rossi, Huon de Bordeaux et l’Évolution du genre épique au XIII e siècle, Paris, Champion, 1975, p. 365. Cf. également C. Lecouteux, Les nains et les elfes au Moyen Âge, Paris, Imago, 1988, p. 45‑62 (« La légende d’Auberon).

1046.

Cf. F. Suard, « La Bataille Loquifer et la pratique de l’intertextualité au début du XIII siècle », art. cit., p. 135. Cf. également A. Georges, op. cit., p. 540‑543 (tableaux comparatifs des principales caractéristiques des voyages en Féerie dans quelques œuvres du XIIIe et XIVe siècles).

1047.

Cf. L. Harf‑Lancner, Les Fées au Moyen Âge. Morgane et Mélusine. La naissance des fées, Paris, Champion, 1984, p. 279‑288.

1048.

Cet épisode se situe à l’un des paliers dans l’évolution de Lion : il a retrouvé ses parents, mais sa propre cellule familiale est dispersée et le fief de Bourges est toujours aux mains des traîtres.

1049.

Vers 21008.

1050.

Lion s’agenouille et prie (cf. v. 21012-017).

1051.

F. Dubost, « La pensée de l’impensable dans la fiction médiévale », Écriture et modes de pensée au Moyen Âge, VIII e  – XV e  siècles, Paris, Presses de l’E.N.S., 1993, p. 47-68, (p. 62).

1052.

Cf. J.‑C. Vallecalle, « Ci falt la geste… Réflexions sur l’inachèvement de quelques chansons de geste », L’ Œuvre inachevée. Textes rassemblés par A. Rivara et G. Lavorel,Lyon, C.E.D.I.C., Université Lyon 3, 1999, p. 11-20 : « l’action des héros n’est qu’un épisode dans la lutte toujours recommencée contre les suppôts du mal ». (p. 18).  

1053.

J. Le Goff, « Le merveilleux dans l’Occident médiéval », L’Imaginaire médiéval. Essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 21.

1054.

Cf. v. 1496‑503. On retiendra particulièrement le fait que cette créature appartient au règne infernal, « car oncque de par Dieu teilt chose [ne] raingna ».

1055.

Cf. v. 17293‑308.

1056.

Cela n’est pas systématiquement retenu par les trouvères ; ainsi, dans Huon de Bordeaux, Marguerite Rossi note une intention parodique, qui tend à ridiculiser les géants Orgueuilleux et Agrapart, sans valoriser à l’excès les exploits de Huon : « l’effet produit n’est plus de grandir l’effort guerrier de Huon, mais de souligner l’invraisemblance, le caractère fortuit et fantastique de son exploit » (op. cit., p. 449).

1057.

Dans la Chanson d’Aspremont, Eaumont (fils d’Agolant) est tué par Roland. Dans Aliscans, Aérofle est tué par Guillaume, tandis que le géant Bauduc, cousin de Rainouart, est vaincu par celui‑ci et choisit de se convertir (v. 7315-327).

1058.

Cf. F. Dubost, Aspects fantastiques de la littérature médiévale (XII e  –  XIII e siècles), Paris, Champion, 1991, t. I, p. 580 sq.

1059.

Florent et Octavien, chanson de geste du XIV e siècle, éd. N. Laborderie, Paris, Champion, 1991, v. 1915‑920 et v. 2805‑942

1060.

Cf. v. 17646‑657.

1061.

Cf. v. 1570­‑599.

1062.

Vers 1825 ; une nuée vient troubler la vue du géant et empêche celui‑ci de riposter aux dernières attaques d’Alis.

1063.

Cf. v. 2704-721.

1064.

L’émir de Tolède lui accorde le château de Hault-Lieu, où ses chevaliers et lui‑même peuvent librement pratiquer la religion chrétienne (cf. v. 18098-126).

1065.

Cf. à partir de v. 16442.

1066.

Ce géant exige le versement d’un péage de vingt florins par navire (cf. v. 19222‑­226), que Lion refuse de payer.

1067.

Cf. à partir de v. 27022. Olivier a répondu à l’appel du roi Herpin de Chypre qui sollicitait son aide.

1068.

J. Le Goff, « Le merveilleux dans l’Occident médiéval », L’Imaginaire médiéval. Essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 36.

1069.

F. Dubost, « La pensée de l’impensable dans la fiction médiévale », Écriture et modes de pensée au Moyen Âge, VII  e - XV e  siècles, Paris, Presses de l’E.N.S., 1993, p. 47-68 (p. 61).

1070.

Vers 16602­‑603

1071.

Cf. v. 27027, 27089‑090. Cf., pour les descriptions habituelles des nains, C. Lecouteux, Les nains et les elfes au Moyen Âge, Paris, Imago, 1988, p. 29‑30.

1072.

Cf. v. 19222, 27091.

1073.

Le Couronnement de Louis, chanson de geste du XII e siècle, éd. E. Langlois, Paris, Champion, 1984, v. 504­‑510. Cf. également pour les descriptifs des géants dans le cycle de Guillaume, B. Guidot, Recherches sur la chanson de geste au XIII e siècle (…), Aix‑en‑Provence, Université de Provence, 1986, p. 612‑613.

1074.

Cf. Fierabras, chanson de geste du XII e siècle, éd. M. Le Person, Paris, Champion, 2003, v. 607‑612. Cf. également J.C. Vallecalle, « Fierabras ou le gigantisme discret », Le Rayonnement de Fierabras dans la littérature européenne, Lyon, C.E.D.I.C., Université Lyon 3, 2003, p. 137‑150, (p. 138‑139).

1075.

Cf. v. 16444 (pour Mallabron), 19240‑241 et 19251 (pour le géant qui assiège la comtesse d’Eu à Magloire), 27033 (pour le nain Otinel qui retient prisonnière la reine d’Ascalon). De plus, Mallabron ne donne que du pain et de l’eau à la jeune fille prisonnière (v. 16462).

1076.

Cf. v. 16465.

1077.

Cf. v. 19261, 19291, 19361 sq, 27026 sq.

1078.

Cf. – à titre de comparaison – le combat entre Corsolt et Olivier dans Le Couronnement de Louis, éd. cit., v. 636‑658 et 909‑1136, ainsi que celui d’Olivier, blessé, contre Fierabras, dans Fierabras, éd. cit., v. 786 sq.

1079.

Cf. F. Dubost, Aspects fantastiques de la littérature médiévale (XII e –  XIII e  siècles), Paris, Champion, 1991, t. I, p. 588-589.

1080.

J.­­‑C. Vallecalle, « Fierabras ou le gigantisme discret », art. cit., p. 141.

1081.

Vers 27095. Cf. également v. 27156‑157.

1082.

Cf. v. 28391‑400. (Le monstre détruit les navires des chrétiens se rendant en Terre Sainte ; la flotte du roi Herpin de Chypre et plus de soixante mille pèlerins ont déjà péri).

1083.

Cf. à partir du vers 28474. La narration est riche en détails (« li sang li deffille sur l’escut », « la vehue li trouble », « li sang vermalz li coulle grandement ») et le héros est blessé.

1084.

Cf. v. 28543‑548.

1085.

C. Ferlampin‑Acher, « Le monstre dans les romans des XIIIe et XIVe siècles », Écriture et modes de pensée au Moyen Âge (VIII e  –XV siècles), Paris, Presses de l’E.N.S., 1993, p. 69‑87. (p. 86).

1086.

A la différence de ce qui se passe dans le roman arthurien, le diable ne se cache pas ici sous des apparences trompeuses, comme de la demoiselle tentatrice rencontrée par Perceval dans la Quête du Saint Graal. Il conserve les attributs que la tradition épique lui a conférés dès l’origine.

1087.

J. Le Goff, « Le merveilleux dans l’Occident médiéval », L’Imaginaire médiéval. Essais, Paris, Gallimard, 1985, p.22.

1088.

Cf. v. 2800‑812, notamment 2805‑807 :

Tant sorent d’ingremance qu’ennemis lour mostrait

Que c’est une hideux grant merveille ou en a

De ceu que scevent faire, (…)

Cf. également vers 19596 : « Compaing est au diable qui tout ceu li aprant ! »

Cf., pour le savoir habituellement prêté aux magiciens, J.‑C. Herbin, « L’enchanteur Tulles dans Anseÿs de Metz », Magie et illusion au Moyen Âge, Aix‑en‑Provence, CUER MA, 1999, p. 209‑232.

1089.

Cf. J.C. Vallecalle, « Remarques sur l’astrologie et la divination dans les chansons de geste », Le soleil, la lune et les étoiles au Moyen Âge, Aix‑en‑Provence, CUER MA, 1983, p. 401‑418.

1090.

Cf. également v. 2831‑850 (Gombaut fait part de la prédiction du diable à l’émir de Tolède).

1091.

Cf. v. 19587‑604.

1092.

Cf., pour le combat, v. 20110‑147, et, pour le motif de la vengeance : 20559‑563. Ce projet de vengeance appelle d’ailleurs une remarque : Gombaut sait qu’il ne peut vaincre Lion ; c’est donc le personnage le plus fragile qui sera atteint.  

1093.

Cf. v. 20682‑738. La vengeance est alors dénuée de tout contexte religieux : Gombaut ordonne que l’on ne touche pas aux autres chrétiens.

1094.

Un bref rappel de l’intrigue : l’enchanteur Basin de Gênes avait enlevé Honnorée, fille du roi Guitequin de Trémoigne, pour la donner en cadeau à Charlemagne. En fuyant Tolède, après s’être échappé de prison par magie et avoir tué l’émir (cf. v. 20761,25 sq), Gombaut enlève Honnorée et va se réfugier chez Guitequin de Trémoigne (cf. v. 21036‑046). Basin édifie (per ingromance) un château où il enferme Gombaut et Honnorée (cf. 21620‑626), puis se rend à Bourges, où Charlemagne est retenu par son combat contre Lion, pour l’avertir (cf. 21968‑997), car Gombaut a demandé de l’aide à Guitequin qui encercle avec ses troupes le château.

1095.

Le motif du combat entre deux magiciens (Maugis et Noiron) existe dans Maugis d’Aigremont. Selon D. Boutet, l’auteur de Lion de Bourges a puisé dans cette chanson différents modèles, dont celui du combat entre les magiciens (La Chanson de geste, Paris, P.U.F., 1993, p. 212‑213.

1096.

Cf. v. 22553‑555, 22621‑623 (« Car je ne pués morir, je l’ai piessait sorti, / Fors per Lion de Bourge, mon felon ennemmi »), 22672‑676, 22706‑708.

1097.

Cf. v. 22683‑689.

1098.

Cf. v. 22693‑698.

1099.

Cf. v. 22759-760 :

Li diable d’anfer vont l’arme enportrer ;

En ynfer le puant la l’ont fait osteller.

1100.

Cf. pour mémoire les déclarations de Lion lors de son départ de Monlusant (v. 14581‑638).

1101.

C’est une action qu’il a déjà entreprise, mais il n’a pas encore réalisé la réunification de la famille et le royaume de Sicile est retombé aux mains des traîtres (cf. v. 23092-102).

1102.

Vers 23054.

1103.

F. Dubost, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale, Paris, Champion, 1991, t. I, p. 583.

1104.

Cf. J.‑C. Vallecalle, « Fierabras ou le gigantisme discret », Le rayonnement de Fierabras dans la littérature européenne, Lyon, C.E.D.I.C., Université Lyon 3, 2003, p. 137-150 (p. 140‑141).

1105.

Et cela, malgré la précaution prise par le héros de renvoyer en enfer l’âme de son adversaire ! Cf., pour exemple, v. 16718‑719 : après avoir vaincu le géant Mallabron, « Lion se vait dressant, / Au diable d’anfer vait l’arme commandant ».

1106.

Cf. F. Dubost, « La pensée de l’impensable dans la fiction médiévale », Écriture et modes de pensée au Moyen Âge, VIII – XV e  siècles, Paris, Presses de l’E.N.S., 1993, p. 47‑68.

1107.

Cf. C. Cazanave, « À la cueillette de pommes greffées sur un schéma initiatique : les péripéties symboliques que rencontre Huon de Bordeaux dans la Chanson d’Esclarmonde », Cahiers du C.R.I.S.I.M.A. n° 1/t. 1, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1993, p. 109-128 : les épreuves traversées par Huon dans la Chanson d’Esclarmonde sont voulues par Dieu (p. 112).