2.2. Le temps : une représentation collective

Les principaux travaux sur la temporalité en sciences sociales, de Durkheim à Mauss, en passant par Mead et Elias, considèrent la catégorie de temps comme une catégorie d’ordre et de sens, comme une dimension sociologique par excellence à travers laquelle les hommes s’efforcent de saisir et d’ordonner leur monde naturel et social91.

Notes
91.

Bien évidemment, les modèles existants sont trop nombreux pour être détaillés ici. Rappelons néanmoins celui de M. Halbwachs, qui a montré que des «durées sociales» pouvaient se manifester dans le cadre du phénomène de la mémoire collective ; celui de G. Gurvitch, qui distingue un grand nombre de dimensions du temps social (reprochant à l’Histoire et aux historiens leurs prétentions de soumettre les évènements à une temporalité « plate ») ; celui de M. Foucault, qui a prôné la destruction du temps et de l’espace inculqués lors de la formation des individus et y a opposé l’ambition de générer une nouvelle matrice spatio-temporelle pour un nouveau sujet ou encore le travail de P. Ricœur sur l’histoire du temps présent, qui a contribué à réviser le rapport histoire/mémoire (réf). Enfin, rappelons que P. Bourdieu, dans ses recherches sur l’art et la culture, a montré que les conceptions temporelles et spatiales portent avec elles un mécanisme de distinction sociale qui implique un réordannancement systématique des univers symboliques.