2.2.1.4 B. Adam : dépasser la limitation épistémologique du temps standard

Bien qu’on reconnaisse aujourd’hui assez aisément que le temps standard des horloges n’est qu’un aspect spécifique et partiel de la complexité des temps sociaux, sa validité en tant qu’outil de recherche demeure centrale y compris en sciences humaines (Adam, 1995 : 71). Selon Adam, pour dépasser la limitation épistémologique du temps standard il faut aborder la temporalité, le timing, le tempo, l’intensité et la rythmicité, ainsi que l’extension temporelle du présent et la prise en compte de l’impact du passé et du futur sur le présent scruté.

Si le corps et l’environnement matériel sont généralement exclus de l’étude du temps social elle note aussi l’importance de la socialisation. Depuis l’enfance, nous dit-elle, nous sommes socialisés au cadre temporel qui valorise l’utilisation et la planification efficaces du temps. Afin de rendre compte de ces phénomènes, et soulignant l’inséparabilité du temps, de l’espace et du contexte, Adam a développé la notion de  timescape  et un modèle appelé des cinq « C » : clock time, commodification, compression, colonization and control, qui intègre à la fois des phénomènes socio-économiques actuels et des évolutions historiques.

La question des standardisations temporelles et des instruments de mesure qui en permettent la production et la diffusion occupe une place centrale dans les réflexions sur le temps, en particulier sur des phénomènes tels que l’accélération des rythmes, la rareté temporelle ou encore l’enchevêtrement de temporalités différentes.