2.2.2.2 Temps, techniques et technologies

Avec la révolution industrielle, la coordination des forces de travail et des machines, ainsi que le rythme de plus en plus standardisé du travail industriel, reposait fondamentalement sur les instruments de mesure temporelle. Avec Mumford (1963)103 des auteurs comme Thompson ou Elias ont souligné la place centrale accordée à l’horloge dans les villes, à partir du XIX siècle. La technologie et la matérialité jouent un rôle majeur vis-à-vis de la résolution de problèmes dans la vie de tous les jours : problèmes d’organisation104 ou d’automatisation de tâches.

Après avoir fait l’objet de recherches dédiées au monde du travail, l’impact des technologies sur l’utilisation et la gestion du temps, notamment les technologies et les innovations de type NTICs, touche aujourd’hui la sphère domestique. Comme pour d’autres domaines, des travaux récents soulignent que cet impact relativise la distinction même entre temps de travail et temps domestique, car les contraintes de l’espace physiques seraient atténuées, sinon effacées, par l’utilisation de technologies. Il paraît pertinent, sinon de les dissocier, au moins d’interroger la relation entre les notions de famille et d’espace domestique105. Aussi, il est pertinent de prendre ses distances à la fois avec des dichotomies comme [sphère privée/sphère publique] et avec des nouveaux paradigmes parfois impressionnistes, comme celui selon lequel les frontières entre sphère privée et publique disparaissent.

Notes
103.

Pour l’historien et philosophe des technologies L. Mumford la première machine industrielle n’est pas la machine à vapeur mais l’horloge, qui serait devenue un modèle pour beaucoup d’autres types de machines.

104.

La planification peut ainsi devenir superflue (Pea, 1993, cité in Roth & McGinn, 1997), par exemple à travers la modification du contexte de manière à décharger la réflexion humaine sur l’environnement (Kirsh, 1995).

105.

Cette dissociation conceptuelle est bien illustrée par le travail de Sommerville (1992) sur les sans-abri, par exemple : l’auteur propose la notion de rooflessness afin de complexifier le phénomène (limité par des notions comme homelessness).