2.5.1.2 Cycles de vie et rythmes familiaux

Tel que le rappelle l’état de la question sur les temps familiaux de la psychologue A. Courtois, (2002), les cycles individuel, familial et intergénérationnel sont généralement identifiés comme constitutifs de l’articulation de différentes temporalités (individuelle, groupale et sociétale) qui compose le temps familial. Cet auteur propose de traiter l’architecture temporelle de la famille non pas avec la seule notion de cycle, mais aussi avec celle de rythme (Courtois, 2002 : 30). La notion de cycle évoque à la fois l’irréversibilité du temps et la périodicité : ainsi, des micro-cycles organisent les rituels et les routines quotidiennes de la vie familiale et, parallèlement, chaque membre de la famille poursuit un cycle de vie propre, qui interagit avec celui des autres membres. Enfin, ces cycles s’insèrent dans des cycles intergénérationnels qu’ils modifient en retour. Mais la famille comme organisation humaine a également un cycle propre : le cycle familial142.

Le temps familial est balisé par des rituels qui canalisent les échanges dans la famille, permettent à l’individu et au groupe d’anticiper, et d’affronter le futur. Les familles ne vivent pas le temps de la même manière : pour Daly (1996), les diverses orientations temporelles qui peuvent caractériser une famille changent dans le cycle de vie de celle-ci, l’étape médiane de la vie correspondant à un temps plus accéléré, où s’accumulent les responsabilités et les tâches au niveau du couple, l’éducation des enfants et l’investissement professionnel. Sous l’influence des modèles culturels ambiants, la famille « post-moderne » vivrait un rétrécissement du temps qui résulte de l’accumulation des responsabilités et des tâches (Daly, 1996). Pour ne pas être prise par des forces centrifuges, la famille cherche (ou devrait chercher) à négocier les activités partagées et à adopter des stratégies de contrôle du temps familial.

Notes
142.

Le cycle familial est une notion largement théorisée en thérapie familiale depuis les années 1970 (cf. Haley, 1973, par ex.) ; une des idées centrales est que les événements qui affectent la structure symbolique sont plus déterminants dans le devenir de la famille que ses changements morphologiques, et, aussi, que chaque famille construit et fait sa propres expérience du temps.