2.5.2. Questions ouvertes par les nouveaux modèles temporels

En Occident, après la lente consolidation du modèle unique de famille nucléaire, le pluralisme familial a mis moins de vingt-cinq ans à s’imposer» (Bessin, 2005). La crise du mariage et l’augmentation des divorces/séparations, pour leur part, symbolisent une crise des engagements durables en matière d’union ; ces phénomènes (ensemble avec le célibat de masse), bien étudiés en sociologie, expliquent par ailleurs la recentration sur les multiples liens de filiation-parentalité143.

Les régimes familiaux contemporains, issus des recompositions morphologiques au cours de l’existence de chaque famille, rendent compte d’un «nouveau modèle temporel» (Bessin, 2005) qui comporterait une plus grande flexibilité et diversification des calendriers familiaux (et professionnels, comme nous venons de le voir). Dans ce cas-ci, la notion de flexibilité fait référence à l’individualisation des choix et à la plus grande liberté en matière de fertilité, phénomènes qui bouleversent les temporalités démographiques ; et ce dans un contexte où les femmes doivent massivement gérer une double carrière, familiale et professionnelle, ce qui, néanmoins, nous fait revenir au premier sens donné au terme de flexibilité.

Ainsi, la double responsabilité travail payé/travail non-payé (familial) qu’endossent aujourd’hui de très nombreuses femmes en Occident, leur relative indépendance économique vis-à-vis des hommes, et la place croissante qu’elles occupent dans le monde du travail et dans certaines instances décisionnaires, obligent à penser les sphères familiales et professionnelles de manière plus relationnelle qu’auparavant.

Notes
143.

Des études réalisées à la lumière des enjeux démographiques, économiques, sociaux et politiques des évolutions de la famille et de l’emploi ces trente dernières années (l’articulation entre production et reproduction étant souvent vue comme ressort historique du changement), montrent que la France a traversée trois périodes de régulation sociale différentes. Pour certains, il s’agit des trois suivantes : une première, fondée sur la préservation de la famille – le Familialisme -, puis celle d’une régulation cherchant à préserver la place des femmes - le Féminisme – (entre les années 1980 et 1990-1995) et enfin celle, actuelle, de la préoccupation sociale de l’enfant et de la parentalité (d’où la dénomination de Parentalisme). Puisque ce n’est plus le couple conjugal qui fonde la famille, les relations parent-enfant sont définies de part et d’autre du couple parental (la mère d’un coté, le père de l’autre). (Cf. Barrère-Maurisson, 2007, mais aussi Singly, 1993).