Face au manque de travaux sur la question spécifique du temps spécifique consacré aux enfants par les parents144, le Groupe Division Familiale du Travail de MATISSE145, a coordonné une recherche qui renouvelle l’intérêt pour les questions de définition et de quantification du temps de travail et qui introduit la notion de temps parental146. Avec l’objectif d’isoler le temps spécifiquement parental (habillage, repas, etc. mais aussi loisirs, parcours jusqu’à l’école, devoirs, etc.) et de le comparer au temps de travail, l’enquête se compose de quatre aspects : la qualification de quatre temps parentaux (suivant la nature des activités exercées : temps de sociabilité, temps domestique, temps taxi et temps scolaire), la mesure d’une norme de temps parental total, une mesure des pratiques individuelles et une description des modes de partage des tâches parentales.
Le temps parental est définit comme celui qui regroupe toutes les activités effectuées par les parents avec et pour les enfants et du point de vue de la quantification, il a été calculé en 19 heures 37 minutes par individu et par semaine, soit environ un mi-temps par rapport à la norme professionnelle. Aussi, les femmes feraient plus du double d’heures parentales que leur conjoint alors que dans les familles monoparentales, la répartition individuelle des temps pénaliserait le temps professionnel, pour les hommes comme pour les femmes. Comme nous le verrons aussi dans les quelques sections qui suivent, le problème de « conciliation » entre vie de famille et vie professionnelle se règle généralement par la « double journée », l’externalisation des tâches parentales ou domestiques restant très rare.
Malgré l’indéniable intérêt de cette conceptualisation, notamment au service des études statistiques et sociologiques « classiques » (qui permettent, comme d’autres l’ont fait avant, de dévoiler l’invisible), il est difficile pour nous d’utiliser les catégories proposées dans l’étude de MATISSE : comme dans le cas de tous les résultats produits par des méthodologies de type allocation temporelle (ou budget-temps), l’imbrication observée au cours de la réalisation des diverses activités dans les foyers ne peut être sérieusement prise en compte. Alors qu’il s’agit d’un imbrication constitutive, selon nos analyses, de l’organisation temporelle de la plupart des activités observées.
L’idée avait été évoquée lors des travaux menés par le Groupe «Production Domestique» (CNRS-INSEE) il y a une quinzaine d’années. Mais depuis, elle n’a pas été développée : au sein de l’enquête Emploi du Temps de l’INSEE, par exemple, ce temps est dilué à l’intérieur du temps domestique et du temps libre (Méda, 1999).
Unité Mixte de Recherche du CNRS et de l’Université Paris I.
Cette enquête a été menée dans le cadre d’un Comité de pilotage comprenant la DARES (Direction des études du ministère du travail) et le Service des Droits des Femmes.