3.1.1. Le foyer comme organisation de l’espace dans le temps

A partir des enseignements de l’école durkheimienne sur les communautés de solidarité, l’anthropologie171 a développé des travaux spécifiques sur l’espace domestique et, plus largement, sur l’interaction entre les populations et leur environnement construit. Au début des années 1990, la New School of Social Research a développé un projet de recherche sur le concept et le terrain de l’espace domestique. La conférence Home: A Place In the World 172 a notamment été organisée pour aborder les dimensions morales, culturelles et historiques dans lesquelles l’idée et les pratiques de la maison sont ancrées173. Nous passerons en revue plus particulièrement les analyses et conceptualisations de M. Douglas (1991), qui résonnent fortement avec nos résultats.

Notes
171.

Pour l’anthropologie structuraliste, le concept classique de famille, qui part d’un substrat biologique lié à la sexualité et à la procréation, est l’institution sociale qui canalise, régule et octroie des significations sociales et culturelles à ces deux nécessités biologiques. Elle inclut également la cohabitation quotidienne, massivement exprimée dans l’idée du foyer et du toit, notamment dans la modernité. Cette cohabitation comporte des éléments tels qu’une économie partagée, une domesticité collective, la nourriture et l’entretien, ensemble avec une sexualité légitime et avec la procréation

172.

Publiée dans la revue Social Research, vol 58, n°1 (1991).

173.

Il s’agissait entre autres de répondre à la question (évoquée plus haut) de la « perte » de la dimension symbolique de la maison en tant que dimension fondamentale des humains. Une perte que certains anthropologues pointent comme responsable de phénomènes d’aliénation et qui poserait des problèmes particulièrement sérieux (sans-abri, violences intrafamiliales, etc.).