3.2.1.1 Analyse catégorielle d’appartenance

Le consensus autour des difficultés à définir la relation entre espace domestique et famille résulte en un intérêt croissant pour la multiplicité des formes familiales et des organisations domestiques qu’il serait approprié d’aborder selon cette perspective. Tel que le montrent un nombre encore restreint de travaux, elle permettrait d’analyser de manière dynamique et détaillée ces nouvelles réalités sociétales, dont certaines en sont à leur genèse (Greco, 2006 [2008]) sur l’homoparentalité, par exemple). Après les analyses fondatrices du premier Sacks, quelques auteurs ont travaillé sur les conflits autour des catégorisations d’appartenance (ou membership categorization analysis 184) telles que {père/papa/chef de famille}185. Suivant le critère fondamental selon lequel ce sont les formulations, l’implémentation, l’application, la négociation et la contestation des règles familiales qui constituent les objets de recherche (et non pas les règles en tant que telles), les droits et responsabilités pratiquement associés à chaque catégorie de la collection famille peuvent également être abordées186.

Comme le montrent l’ethnométhodologie et l’AC, la conventionnalisation est non seulement liée à des collections et des catégories auxquelles on associe des attributs, des droits et des obligations, mais aussi au fonctionnement des catégories en tant que médiatrices influant sur l’organisation séquentielle et temporelle du cours de l’action. Si l’on peut rendre compte de procédés de conventionnalisation, sur la base de ce qui est dit et de ce qui est attendu, c’est parce que les actions, évènements et environnements distinctifs des espaces domestiques font sens pour les acteurs en tant qu’espaces sociaux et moraux organisés (Jayyusi, 1984).

Notes
184.

L’ethnométhodologie propose de passer d’une approche taxinomique à une approche procédurale de la catégorie : au lieu de reposer sur l’incorporation de représentations individuelles, elle est le produit d’une connaissance de sens commun, partagée, publique et observable, de la structure sociale. Ainsi, pour Fradin, Quéré et Widmer, 1994 (dans la « Présentation » de Quéré), la catégorisation est une « procédure réglée d’institution de la réalité objective des faits sociaux et d’accomplissement des activités pratiques» (ibid. : 10). (Cf. aussi Bonu, Mondada, Relieu, 1994).

185.

Cf. Dupret et al. (2007).

186.

Cette implémentation est particulièrement observable au cours des pratiques organisationnelles des activités, comme le montrerons les chapitres 7 à 10.