4.2.1. Le paradigme de l’Informatique Ubiquitaire et ses problèmes245

A partir des années 1990, en s’appuyant sur la capacité de miniaturisation des composants, la transmission non-filaire de données, ou encore la baisse des coûts de production, Weiser a plaidé pour le dépassement du modèle et de la configuration traditionnels de l’ordinateur de bureau en vue du développement d’un modèle d’un niveau différent selon lequel le traitement de l’information serait complètement intégré dans les objets et les espaces des activités quotidiennes. A la différence de l’informatique classique, le paradigme de l’Informatique Ubiquitaire promet que l’utilisateur s’engagera avec plusieurs dispositifs et systèmes simultanément, sans en être nécessairement averti246. Saturée de promesses, l’UbiComp défie les chercheurs, les utilisateurs et les concepteurs à repenser et reconcevoir un grand nombre de pratiques sociales (Glimell et Juhlin, 2001).

A l’origine, Weiser (1991) parle d’Ubiquitous Computing en référence à une nouvelle vision d’ensemble, à un nouveau paradigme de l’informatique pour le XXI siècle qui devrait voir naître une technologie informationnelle et de calcul capable de se fondre dans l’arrière-plan de l’utilisateur247. Selon Weiser une telle fusion est actuellement impossible car les ordinateurs sont trop complexes et nécessitant une attention focalisée. Sur la base de ces constats, Weiser propose de disperser l’informatique dans l’environnement pour qu’elle réponde besoins des utilisateurs « naturellement », sans leur demander une orientation consciente. L’analogie bien connue de Weiser pour illustrer son projet sont les lunettes que nous portons pour voir, sans plus les voir. Cette vision basée sur la notion d’invisibilité a donné naissance à plusieurs interprétations qui constituent aujourd’hui autant de courants de recherche en informatique (mais pas uniquement).

Notes
245.

Pour ce panorama sur l’Informatique Ubiquitaire (Ambiante, Sensible, etc.), nous nous sommes basée sur un état de la question (document interne à FTR&D) réalisé par M. Relieu et M. Zouinar en 2004 dans le cadre de la préparation du projet auquel nous avons pris part par la suite. Je tiens à en remercier vivement les auteurs.

246.

Aussi, certains champs de l’informatique Ubiquitaire sont associés à des technologies spécifiques, telles que les objets communicants, l’Internet des choses, etc. et s’articulent aux technologies de mobilité et aux capteurs (RFID, par ex.).

247.

Les conditions de possibilité de cette « fusion », ou haute intégration, dans l’environnement d’utilisation sont la réduction du coût et de la taille des composants informatiques d’une part et l’importance croissante du rôle joué par les technologies dans la vie quotidienne et au sein de toute sorte d’environnement.