Conclusion

Diverses approches en sciences sociales s’intéressant ou ce centrant sur les questions techniques ont été rappelées. Nous nous sommes concentrée ensuite sur la manière dont sont traités les usages technologiques domestiques et avons mis en lumière le déficit encore existant vis-à-vis des activités les plus récurrentes et omniprésentes de la vie à la maison, ainsi que l’intérêt encore limité vis-à-vis de leur dimension temporelle. L’importance du temps domestique est pourtant grande lorsqu’on s’intéresse aux temporalités et aux interactions sociales. Réciproquement, la temporalité et la dynamique fine du quotidien sont des questions susceptibles de nourrir les travaux de recherche mais aussi les projets de conception sur les technologies et les usages. Y compris ceux qui touchent aux paradigmes les plus sophistiqués ou « futuristes » de l’informatique, par exemple.

Les paradigmes de l’informatique ubiquitaire, longtemps tournés vers des préoccupations techniques ou vers les représentations, s’ouvrent peu à peu aux préoccupations et aux pratiques ordinaires. Il semble que la construction d’un intérêt commun chez les chercheurs en sociologie, en anthropologie et même en linguistique, d’une part et chez les concepteurs informatiques, de l’autre, soit possible et souhaitable : pour aborder empiriquement les relations entre activité et technologie des moyens sont nécessaires, que peuvent fournir des projets associant industrie et chercheurs. Réciproquement, les recherches apportent des connaissances théoriques et méthodologiques sur les activités et les environnements. Et les réflexions sur des notions telles que contexte, intelligibilité ou contrôle se voient pour leur part stimulées par les défis technologiques. Pour nourrir cette relation il est nécessaire d’examiner les activités, les interactions et les usages ordinaires en contexte. C’est ce vers quoi nous nous tournons à présent.

Les deux prochaines parties présentent des analyses d’entretiens (partie II) et des analyses de données vidéo (partie III). A travers une articulation à la Weider (1974)260 nous chercherons à passer de l’analyse de la routine comme modèle descriptif à celui de la routine comme schéma performatif d’interprétation et d’action. Deux manières articulées mais distinctes de dire et d’accomplir l’activité. Dans un premier temps nous présenterons les entretiens réalisés auprès des adultes, avant les enregistrements, en tant que ressources informationelles (chapitre 5). Puis, ces mêmes entretiens seront abordés en tant qu’activités descriptives et typifiantes, dans lesquelles sont engagés intervieweurs et interviewés (chapitre 6).

Notes
260.

Le travail de Wieder porte sur deux points: le premier soulève des questions programmatiques générales sur les règles, les motifs et l’action sociale de l’institution de réinsertion étudiée. Sur la base d’un travail ethnographique qui reprend d’autres approches conventionnelles sur la déviance, l’auteur signale les modèles normatifs de comportement auxquels fait référence l’ensemble des acteurs de l’institution de réinsertion observée en particulier sur le « code du détenu », reprenant sciemment la perspective sociologique prédominante. Le second point traite en revanche l’utilisation quotidienne du code du détenu, « dire le code », en tant qu’objet d’étude ethnométhodologique. De ce point de vue, les sujets traités dans la première partie deviennent des objets d’analyse de plein droit, où l’auteur, en tant que participant, cherche à comprendre comment est-il arrivé à la conclusion de l’existence même d’un tel code du détenu.