5.3.3. L’organisation quotidienne

5.3.3.1 Réveil et premières activités (hygiène et petit-déjeuner)

Christine et Albert se lèvent pratiquement en même temps, vers 6 heures 45, avec un radio-réveil sur France Inter : « on entend dans les brumes et puis, petit à petit, on commence à mettre les idées un peu plus en place et là on se lève, allègre (rire) » ironise Christine. Lorsqu’elle se réveille avant que Albert, plus particulièrement le samedi, elle utilise en revanche son téléphone portable comme réveil, ce qui lui évite de le déranger en passant « par-dessus ». Par ailleurs, en semaine, il peut arriver qu’Albert n’ait pas de contraintes fortes pour arriver à une heure déterminée le matin, et qu’il puisse donc dormir une heure « quand tout le monde a fini sa routine » et que la maison est vide (Christine). Sinon, plus habituellement, pendant qu’Albert prend sa douche, Christine prépare le petit-déjeuner pour toute la famille (la semaine ainsi que le week-end). Christine a fait sa toilette le soir pour avoir du temps le matin (routine très régulière). Une fois le petit-déjeuner prêt, Christine appelle les enfants ou va les chercher. Albert revient de la douche et les quatre membres de la famille prennent le petit-déjeuner ensemble à la table du salon/salle à manger. Un moment important de la journée, comme l’explique Christine dans l’entretien du 28 décembre 2004:

‘IF : (…) donc vous parliez du repas et vous disiez notamment que le petit-déjeuner en famille était important, c’est ça ?
C.R. : oui…. enfin, le petit-déjeuner…oui, on les prend toujours en même temps pratiquement (…) j’avais l’impression que c’était une pratique standard et un jour un médecin qui venait de bonne heure (…), en voyant la table du petit-déjeuner commune a dit « ah, vous prenez votre petit-déjeuner ensemble ? c’est incroyable, plus personne ne fait ça » (rire)…(…) on voit pas du tout [les enfants] dans la journée, donc c’est important. les repas, c’est pareil. alors, y a eu des périodes où pendant le repas du soir, la télévision était allumée mais on s’est quand même un peu gendarmé là-dessus et on a essayé d’arrêter pour pouvoir nourrir un peu les conversations … d’abord c’était source de conflit parce que la petite n’arrive pas à manger et à regarder les images en même temps, elle traînait, elle mangeait froid. et puis (…) le nombre d’informations qu’on échangeait était restreint même si on pouvait parler de ce qui était en train de se dire (…) y a eu des périodes aussi où (…) l’émission qu’on voyait était assez choquante [guerre en Irak].
IF : et pour le petit-déjeuner, est-ce que vous écoutez un peu la radio ?
C.R. : oui, oui, y’a presque toujours France Inter en fond…
Christine R., entretien du 28/12/2004’

A la différence de Christine, qui à plusieurs reprises souligne la dimension relationnelle et communicationnelle des repas pris en commun, Albert met l’accent sur leur dynamique générale consistant à aller vite298. Nous verrons dans les analyses que cette différence dans le récit rend compte de pratiques et de responsabilités différentes entre les membres du couple, sur le plan de l’accomplissement et du maintien de l’organisation temporelle.

Notes
298.

Le fait de regarder la télévision le matin, comme le remarque aussi Christine, est susceptible de ralentir le rythme général du petit-déjeuner ; il faut donc pousser les enfants (notamment Maguelone) à garder voir à accélérer le rythme de l’activité pour ne pas se mettre (et mettre le parent en charge) en retard.