5.4. Similarités et variations entre les deux foyers

5.4.1. Similarités et variations sur la semaine

Le degré de contrainte/flexibilité professionnelles distingue clairement les deux foyers, avec des effets globaux sur de l’organisation et la répartition des responsabilités organisationnelles : alors que chez les PR cette responsabilité (en termes de planification et d’exécution) est prise en charge essentiellement par Justine, parce que, selon les déclarations des participants, Eric travaille plus longtemps et à une plus grande distance du foyer qu’elle, chez les RAF, il existe un équilibre entre les deux époux : les horaires de travail de Christine l’empêchent d’être à la maison avant 19 heures (rappelons toutefois que certains jours de la semaine elle ne travaille pas) et lui demandent de quitter le foyer tôt, alors que, réciproquement, ceux d’Albert lui permettent de prendre en charge autant de tâches domestiques que sa femme. Cet impact des distances à parcourir sur l’organisation du foyer, sur la répartition (massivement genrée) des tâches et responsabilités domestiques, a été traité en géographie humaine (Dowling, 2000, ou McKie, Gregory et Bowlby, 2002 par exemple). La Time-Geography aussi, avec son idée fondamentale selon laquelle non seulement toute action se réalise dans l’espace mais aussi que toute action, tout déplacement, se réalise dans le temps (Hägerstrand, 1970), est concernée par la question des parcours (paths) et de l’accès spatio-temporel des membres des familles, ainsi que par l’intégration de l’utilisation des TICs dans ces parcours (Ellegärd et Vilhelmson, 2004). Du point de vue de ces courants, on pourrait dire que, dans notre étude, le foyer PR représenterait l’exemple classique de la femme travaillant à temps partiel, plus près du foyer, et de l’homme travaillant à temps plein et plus loin du foyer), alors que chez les RAF ce serait le contraire. Or, cette distinction n’est pas aussi nette, et, surtout, notre étude n’a pas de prétentions de représentativité.

Comme on le verra plus clairement dans les analyses des données vidéo, Albert, bien plus que Christine, s’occupe de « suivre » le déroulement d’un nombre important d’activités dans lesquelles les enfants sont directement impliqués, jouant un rôle majeur sur le plan de la structuration des activités, ainsi qu’au plan éducatif. En ce qui concerne les enfants, la seule différence remarquable est que Simon P. rentre tous les jours déjeuner à midi, alors que ce n’est pas le cas chez les RAF.