7.3.3.3 Structuration séquentielle de l’action : la place des marqueurs discursifs

D. Schiffrin, dans son travail sur les connecteurs discursifs, définit d’abord ces éléments comme sequentially dependent elements which bracket units of talk (Schiffrin, 1987 : 31). L’auteur affine ensuite la définition du concept : les marqueurs discursifs sont des « coordonnées contextuelles d’énoncés » qui indexent les énoncés to the local contexts in which utterances are produced and in which they are to be interpreted (Schiffrn, 1987 : 326). Ici nous reprenons l’idée des coordonnées et l’élargissons : au-delà du contexte discursif, le marqueur bon, qui fait partie également de ce que Schiffrin appelle connecteurs réformulatifs ou récapitulatifs, « agrippe »463 l’énoncé, de manière ordonnée, à une spatio-matérialité donnée.

Ils peuvent ainsi se comporter comme des pré-séquences, indiquant qu’un certain comportement, qu’une certaine orientation est attendue. Ces pré-ouvertures ou pré-clôtures introduisent rentrent dans la catégorie « élargie » de pré-séquences (Sacks, 1992 ; Schegloff, 1980) : comme le montrent Galeano et Fasulo (2009), entre autres, l’existence de ces pré-séquences donne à penser que les séquences directives explicites sont évitées si possible, tel que l’avait déjà pointé Sacks (1992). Le locuteur peut ainsi induire l’interlocuteur à faire quelque chose sans que de trop grandes asymétries n’apparaissent. De ce point de vue, les particules discursives comme bon peuvent fonctionner comme une première partie de paire, verbale ou non-verbale.

Nous avons vu que les marqueurs et leurs combinaisons peuvent être abordés du point des clôtures ou pré-clôtures de l’activité en cours, et des (pré-)clôtures de l’activité en cours suivies d’ouverture d’une nouvelle activité. Indépendamment du cadre de participation (activités individuelles ou conjointes), des conjonctions/disjonctions de cours d’action et des particularités syntaxiques que présentent les tours (combinaisons de particules, single-unit turns, etc.), nous mettrons ici l’accent sur les positionnements séquentiels des particules discursives abordées précédemment.

Notes
463.

Ce terme est repris à Auchlin (1981 : 94), cité in Bruxelles et Traverso, 2001. Ces auteurs rappellent que Auchlin parle de la nécessité, pour tout locuteur, d’« agripper » son discours pour s’expliquer. En élargissant les critères de la maxime de pertinence de Grice, cela implique que les éléments du discours doivent non seulement ne pas se contredire mutuellement, mais suivre également un fil conducteur intelligible.