8.1.4.4 Dimensions normatives et accountability domestique

Le matin, la nécessité de quitter le domicile ensemble à une heure précise peut être prise en compte dans le contrôle qui s’exerce sur le temps des actions et sur les temps d’utilisation des artefacts et des média. A travers ce contrôle, la mère cherche à « rester dans les temps », à veiller à ce que les différentes activités qui doivent être réalisées par les différents participants, s’enchaînent au mieux jusqu’à l’heure du départ. Mais elle veille publiquement. En fin d’après-midi, d’autres impératifs - liés à la nécessité d’organiser et de prendre le repas par exemple - seront invoqués (cf. chapitres 9 et 10 notamment).

Et c’est justement dans sa dimension publicisée, que le travail de contrôle, de mesure et de délimitation des actions devient indissociable du travail qui consiste à rendre « normales » les moments et les phases d’actions ainsi ordonnés. Devenant des éléments constitutifs d’une organisation sociale et actionnelle plus globale, ces moments et ces phases ne cessent de puiser leur sens localement et écologiquement. La normalité temporelle (Zerubavel, 1981) dont rendent compte les activités du foyer, et de laquelle ils puisent une partie de leur sens social, est celle de l’interdépendance aussi bien entre activités individuelles et collectives, qu’entre temporalités institutionnelles et familiales. Les contraintes temporelles que des institutions comme la crèche ou l’école imposent à, et dont on se sert dans, l’interaction, montrent à quel point la configuration routinière de la vie domestique s’ancre dans des normativités à la fois locales et globales.