Conclusion générale

Nous avons présenté ici une étude praxéologique des pratiques organisationnelles de deux foyers français. Le regard a été porté sur les interactions au cours desquelles émergent ces pratiques, et qui révèlent des orientations constantes des participants vers la dimension temporelle de l’action. Si les ressources mobilisées par les participants pour gérer leur quotidien sont fondamentales langagières, une multiplicité d’autres ressources interviennent, en articulation avec les premières : l’espace domestique est un espace outillé et équipé, marqué historiquement par une culture matérielle importante, et toute sorte d’objets et d’artefacts sont mobilisés dans la vie de tous les jours.

Nous avions fait l’hypothèse que ces éléments de la matérialité domestique, puisqu’ils supportent de très nombreuses activités, contribuent à leur tour à les organiser. Nous pouvons confirmer aujourd’hui la justesse de cette idée, qui s’impose dès que l’on intègre les interventions verbales constantes réalisées par les parents sur l’environnement et sur les cours d’action des différents membres ; qu’on intègre les multiples interactions et négociations qui se déploient dans le foyer autour des usages des artefacts et des objets ; qu’on considère donc l’organisation de la vie quotidienne comme un accomplissement social. Le rôle organisationnel que jouent la matérialité et la technologie est donc loin d’être purement technique. La thèse enrichit ainsi le corpus des connaissances de la linguistique interactionnelle, apporte des pistes de réflexion sur la relation entre temps et langage, et fait une contribution à propos des questions sociétales liées au temps, à la vie familiale et aux usages technologiques.