I. La Syrie du Nord

A. Umm el-Marra

Le site d’Umm el-Marra est situé entre Alep et l’ancienne Emar dans la plaine du Jabbul. Des fouilles avaient été entreprises dans les années quatre-vingt, avant d’être reprises par une mission conjointe américaine et hollandaise à partir de 1994. L’identification ancienne est encore incertaine, la plus probable actuellement serait avec la ville de Tuba qui apparaît dans les archives d’Ebla39. Le programme entrepris a pour but d’étudier l’histoire urbaine et son développement sur le site et dans la région40.

Le développement urbain de la ville est marqué par l’élévation de fortifications au début du Bronze Ancien ; elles sont mises au jour au cours des saisons 2002-2004. Des habitats domestiques sont dégagés dans plusieurs secteurs de la ville, ainsi que des zones de production artisanale de poterie et de métal41.

Une première tombe de type monumental est découverte sur l’Acropole Nord durant la saison 2000 ; les modes d’inhumations et le matériel la rapprochent, selon les découvreurs, d’une sépulture « royale »42. Les saisons suivantes, des sépultures similaires sont dégagées à proximité immédiate, permettant ainsi de reconstituer un complexe funéraire monumental situé au centre de la cité, daté de la seconde moitié du IIIème millénaire. Cet ensemble de sépultures, contenant du matériel de qualité, est associé à des structures construites contenant des équidés et d’autres animaux. La simultanéité entre les sépultures et les structures ne semble faire aucun doute et établit un précédent, car jusqu’à ce jour, aucun site mésopotamien ne présente ce type de pratique. Il montre une forme de pratiques de prestige, spécifique à la ville, à mettre en relation avec une volonté idéologique de la part de l’élite locale.

Ces formes de pratiques singulières s’avèrent partagées entre une tradition Nord Syrienne et Anatolienne.

Ces découvertes eurent un retentissement largement diffusé dans les publications scientifiques et lors de congrès internationaux43. Les nouvelles découvertes permettent aux fouilleurs de confirmer la terminologie suggérée dans un premier temps, de complexe funéraire « royal ». La présence d’un mobilier de qualité et la structure du complexe suggèrent, en effet, l’appartenance à une élite.

Dans cette région, des élites régionales plus ou moins influentes sont engagées dans des relations politiques et économiques étroites, localement et avec les régions limitrophes sous le contrôle du centre d’Ebla. La découverte des tombes royales sous le palais d’Ebla montre, à la fois, l’ancienneté de la royauté et le rayonnement de la cité sur la région tel qu’il apparaît dans les textes des archives.

Notes
39.

Schwartz et alii 2006 : 603, n. 3.

40.

Schwartz et alii 2003.

41.

Schwartz et alii 2003 : 239.

42.

Schwartz et alii 2000a.

43.

Schwartz et alii 2000, 2003, 2006 ; 2004, IVe ICAANE de Berlin ; 2006, Ve ICAANE de Madrid.