I. La reconstitution historique et la place des pratiques funéraires dans la connaissance de la société mésopotamienne

Les pratiques funéraires, bien que reconnues comme une source substantielle de matériel et de données culturelles, n’ont pas été traitées de façon exhaustive par les premiers archéologues. Jusqu’à la deuxième moitié du siècle précédent, les analyses en anthropologie physique étaient limitées et le domaine de la mort était cantonné aux représentations religieuses et à l’existence d’une vie dans l’au-delà. Certaines découvertes exceptionnelles ont bouleversé l’archéologie funéraire au premier rang desquelles la mise au jour des Tombes Royales d’Ur. Les discussions ont été vives et les opinions très tranchées, opposant les visions religieuses et sociales, soutenues par Woolley. Ces divergences révèlent une certaine vision de la société et du pouvoir en Mésopotamie : pendant longtemps le temple était considéré comme l’autorité suprême et le « roi-prêtre » exerçait les fonctions laïque et religieuse.

Les pratiques funéraires et celles de prestige n’étaient pas comprises en tant que phénomène sociétal : l’ostentation et les pratiques exceptionnelles étaient inhérentes au pouvoir, sans considérer les implications dans la société et la représentation du pouvoir. Pourtant, la sociologie, à la même époque, explorait ce domaine de réflexion avec succès. En effet, la mort et les représentations qui s’y rattachent sont impliquées dans des domaines plus étendus de la société. Hertz puis Van Gennep ont montré la part sociale intrinsèque aux funérailles. Ces orientations sociologiques ne seront prises en compte que plus tardivement.