B. Les apports de l’anthropologie sociale

1. L’impact de la sociologie française de Durkheim

L’anthropologie anglo-saxonne naissante215 et la sociologie française ont mis en avant l’observation du phénomène funéraire, et plus largement de la mort, dans l’interprétation des sociétés. La sociologie française, sous l’impulsion de Durkheim, de Mauss, fonde la « spécificité du social », c’est-à-dire que toutes les institutions, du politique au religieux, sont des productions sociales : c’est le phénomène « social total »216. Au cœur de ces préoccupations, les systèmes de représentations symboliques de la société sont pris en considération (la mythologie, la religion, la magie…) pour montrer leur fonction et leur place dans la société217. Les productions symboliques sont des productions sociales qui sont, de fait, des pratiques sociales. Ainsi, chaque phénomène produit par une société est une représentation du social : la mort fait donc partie de la société totale d’autant qu’elle renvoie à d’autres représentations sociales, politiques et religieuses. Parmi les nombreuses observations de terrains sur les pratiques funéraires, Hertz218 puis Van Gennep219 vont distinguer les différentes phases institutionnalisées, collectives ou individuelles, en réponse à la perte d’un proche, pour reconstruire la société et le groupe. L’école anthropologique anglaise va, par la suite, insister sur les réponses collectives et les représentations symboliques produites par un groupe fragilisé par la mort d’un de ses membres.

Notes
215.

Laplantine 1995. Boas et Malinowski sont les fondateurs de l’anthropologie. Cf. Parker Pearson 2002 : 72-73.

216.

Laplantine 1995 : 111.

217.

Laplantine 1995 : 96, 107-110.

218.

Hertz 1970 [1905].

219.

Van Gennep 1981[1909].