A. Entre réalité sociale et symbolisme des pratiques funéraires

Les pratiques funéraires sont reconnues comme l’un des moyens d’analyse sociale les plus représentatifs pour saisir les changements des comportements sociaux et le niveau de complexité sociale227. Deux visions de l’interprétation sociale se confrontent : l’une voit dans les pratiques le reflet de la réalité, l’autre met surtout l’accent sur les représentations symboliques du statut du défunt et de son entourage, au travers des funérailles.

L’école américaine de la Nouvelle Archéologie est héritière de l’anthropologie fonctionnaliste228 et culturaliste qui établit des schémas d’évolution de la société, du système le plus simple au plus complexe ; elle se fonde sur des modèles évolutionnistes historique et diffusionniste229. La « sociologie française »230 propose, elle, une tout autre orientation de la « société globale » 231 dans laquelle chaque institution est une production sociale ; ce courant, avec le structuralisme232, jouent un rôle marquant dans l’archéologie cognitive ou post processuelle qui insistera sur le symbolisme des représentations sociales et matérielles.

Notes
227.

Forest 1983 : 14 ; Carr 1993 : 112-114.

228.

Laplantine 1995. Le fonctionnaliste voit la culture et ses institutions comme une réponse fonctionnelle à des besoins humains ; il est issu de la biologie et interprète comme une fonction biologique tout aspect social.

229.

Laplantine 1995 : p. 96. La complexification d’une entité culturelle se fait par diffusions et contacts avec d’autres entités.

230.

Laplantine 1995 : 111.

231.

La « totalité » ou la « société globale » sont des concepts sociologiques visant à définir la Société, à partir de pratiques individuelles, collectives et des représentations humaines particulières. Il existe deux niveaux d’approches possibles : les réalités sociales, les systèmes de relations (politique, économique, religieux, culturel) et les groupes et les groupements (familles, clans, tribus) qui ont la cohésion et les contraintes de sous-sociétés. Dictionnaire de sociologie 1998 : 734-748. Godelier (1979), ou Giddens (1987) reprennent ce concept, fondamental pour comprendre les méthodes d’analyses des pratiques sociales.

232.

Le structuralisme, est associé à Lévi-Strauss, auteur de « L’anthropologie structurale » (1958). Il vise « à construire ‘une science de la communication’ […] toute culture est une modalité particulière de la communication (des femmes, des mots, des biens), régie par des lois inconscientes d’inclusion et d’exclusion » (Laplantine 1995 : 128). C’est en étudiant le domaine de la parenté que Lévi-Strauss élabore le structuralisme (Laplantine 1995 : 132-133). La pensée structurale démontre qu’il existe en réalité qu’un nombre limité de structurations possibles malgré la variété des relations sociales observables, c’est-à-dire par exemple que les relations hommes/femme s’organisent en fait selon un nombre d’options limité (monogamie, polygamie, rapt, union libre,…).