III. Les nouvelles orientations de la recherche sur les pratiques funéraires de prestige

Les années d’après guerre ont été marquées de toute évidence par la nécessité d’ouvrir de nouvelles voies de recherche336 et de prendre le contre-pied des périodes précédentes en s’orientant vers des courants de pensée plus idéologiques337. Les archéologues sont en demande d’analyses comparatives, tout en s’interrogeant sur les méthodes d’approches communes338. Dans diverses publications la perspective anthropologique est recherchée dans l’analyse historique et archéologique339. On constate aussi le phénomène inverse : des anthropologues débattent de problématiques archéologiques. Les relations entre archéologie et anthropologie sont encore d’actualité340, cependant ce débat semble franco-français, alors que les anglo-saxons empruntent à leurs confrères des hypothèses d’interprétations.

Les recherches récentes aboutissent, enfin, à l’intégration du phénomène funéraire de prestige dans le développement socio-économique-idéologique des entités sociétales, sans le considérer uniquement comme une manifestation périphérique de phénomènes sociaux. La diversité des pratiques funéraires de prestige constatée permet d’envisager des hypothèses nouvelles sur les sociétés orientales et de faire évoluer les analyses antérieures sur les pratiques funéraires. Les Tombes Royales d’Ur s’insèrent dans des problématiques et des dialectiques différentes. Les découvertes archéologiques montrent, en particulier, que les tombes ont tenu une place centrale dans le développement urbain (Tell Banat, Jerablus-Tahtani, Umm el-Marra) ainsi que dans les pratiques socio-cultuelle en relation à l’idéologie du pouvoir. Toutes ces dialectiques ont été mises en évidence, en corrélation avec des études archéologiques européennes et des réflexions ethnologiques. La part de la documentation textuelle reste majeure dans la réflexion sur les changements sociaux et idéologiques de la société mésopotamienne. Les orientations prennent en compte, également, des phénomènes communs à l’archéologie : le territoire, les relations vivants/mort.

Notes
336.

Ces nouvelles voies sont ouvertes avec le structuralisme. Cf. supra n. 232.

337.

Godelier 1977 ; Friedman, Rowland 1977 ; Spriggs 1984 ; Miller, Tilley 1984a.

338.

Bazzana, Delaigue 1995 ; Ethnoarchéologie 1992 ; Forest 1992.

339.

Par exemple Ruby 1999 ; Baray 2004.

340.

Testart 2006.