1. La typologie

L’approche typologique est la première étape de l’analyse des objets funéraires. L’approche cognitive appréhende la symbolique et la dialectique du matériel, sans forcément insister sur les facteurs qualitatif et fonctionnel des objets funéraires. Cette distinction typologique permettrait d’envisager une distinction entre les catégories de matériel funéraire : offrande, dépôt, ou de mobilier.

Pour la Mésopotamie, des  textes désignent des objets destinés à la tombe402, sans préciser leur destination et leur fonction ; pourtant, certains textes littéraires permettraient d’envisager les objets comme des dons lors du passage pour le Monde d’En Bas403, ce qui ne concernerait qu’une partie du mobilier. Une typologie d’ensemble du matériel funéraire n’est pas clairement établie dans le contexte mésopotamien. La distinction se fait au niveau de l’utilisation des objets et dans une perspective de distinction sociale et du statut des individus. Postgate établit des critères de distinction du matériel des tombes d’Abu Salabikh404 : la nature de l’objet, sa fonction et sa place, la quantité d’objets identiques. Il admet une « fonction symbolique » de certaines catégories d’objets, dont la fonction est connue ou non405. Les plus importantes catégories sont les récipients en céramique, puis la vaisselle en métal ou en pierre ; d’ailleurs, il est rare d’observer une distinction fonctionnelle, selon la nature des matériaux, pourtant significative406. La distinction des objets « personnels » nécessaires ou non nécessaires est aléatoire ; les objets ont toujours une nécessité à être dans la tombe.

L’apport de l’archéométrie est considérable dans l’utilisation du mobilier. De rares études de la bijouterie ont confirmé que plusieurs catégories de parures ont été portées (bagues, bande frontale,…), alors que d’autres, comme les « couronnes » d’Ur, ne portant aucune trace de réparation ou de frottement, ne l’ont sans doute jamais été407. Cette constatation est à corréler à une seconde, toujours dans le contexte du cimetière d’Ur où il est avéré que des parures ont été faites spécialement à la dimension des enfants (tombe de la princesse 1048). Ainsi, des parures étaient fabriquées pour les funérailles, pour certains individus. Par contre, Archi souligne que les bijoux de la dot de la jeune mariée, déposés dans la tombe, représentent son statut de femme, de reine, mais ne sont pas portés.

Ainsi il est possible de distinguer effectivement (malgré un manque de données archéométriques) trois catégories d’offrandes : les objets personnels, marqueurs identitaires, des offrandes de communication (objets de parure, armes,…) et des offrandes funéraires (vaisselle)408.

Notes
402.

Cf. annexe 1-A.

403.

Chiodi 1994b : 19.

404.

Postgate 1981 : 77. Il distingue les ornements personnels, les possessions nécessaires (sceau, ensemble de toilette…), les possessions personnelles non indispensables (non précisées).

405.

Postgate 1981 : 77.

406.

Dans l’ouvrage de Cohen (2005) la séparation selon les matériaux est absente.

407.

Communication personnelle d’Emmanuelle Hubert.

408.

Chesson 2001 ; Baduel 2005 : 45.