3. D’autres régions, d’autres époques

a. La Chine

La Chine antique pratiqua massivement les sacrifices animaux et humains (ou « morts d’accompagnements ») lors des funérailles des empereurs. Contrairement à l’Egypte ou à la Mésopotamie, cette pratique s’étend sur une longue période (du XVIIIème siècle av. J.-C. jusqu’à 220 av. J.-C.), pour être ensuite proscrite588. En outre, les morts d’accompagnement sont attestés dans les textes ; il ne s’agit donc pas d’une pratique éphémère ou localisée, mais historiquement avérée et reconnue comme une pratique royale. L’une des dernières expressions de cette pratique ce sont les milliers de soldats en terre cuite inhumés dans la tombe de l’empereur Qin Shihuangdi.

Les rois de la dynastie de Shang se sont fait inhumer, accompagnés dans des tombes « monumentales ». À quelques kilomètres au Nord de la capitale dynastique d’Anyang, sur le site de Xibeigang, se situe un ensemble de treize tombes, dites royales, de plan cruciforme avec quatre ou deux rampes, entourées de milliers d’autres tombes589. La tombe M1001, par exemple, est constituée d’un large puits (16 x 20 x 10 m de profondeur) au milieu duquel est élevée une chambre en bois ; sous le plancher de la tombe sont creusées neuf fosses sacrificielles contenaient un sujet, un chien et une arme en jade. Entre la chambre sépulcrale et les parois du puits, onze squelettes ont été retrouvés soit sur le dos soit sur le ventre. Des victimes sont disposées dans les rampes. À l’extérieur, il semble que la tombe soit associée à des fosses, trente et une au total : dans une même fosse sont regroupés des corps mutilés, dans les autres, des corps entiers plus richement pourvus, et dans quatre, des chevaux décorés. Il y a donc une hiérarchisation parmi les « victimes sacrificielles »590, qui est signifiée dans les traitements différents des corps (mutilation) et leur disposition591.

Notes
588.

Testart 2004a : 40-59.

589.

Testart 2004a : 43-44, fig. 8.

590.

Testart 2004a : 53-54.

591.

Testart 2004a : 49-50. Le facteur de distinction statutaire entre les morts d’accompagnement est intéressant. Nous avions évoqué cette hypothèse de traitement discriminant dans le cas des Tombes Royales pour le « puits de la morts » 1137, par exemple, dans lequel les individus sont très pauvrement parés.