3. Tell Ahmar (pl. 10)

Le site est un tell d’une soixantaine d’hectares, de forme ellipsoïdale, qui culmine à vingt mètres au-dessus de la plaine (pl. 10a)704. Au pied de la butte principale, s’étend la ville basse semi-circulaire, de 1200 m de diamètre. Une terrasse intermédiaire s’élève à une dizaine de mètres au-dessus de la plaine, et s’étend jusqu’à 400 m de la ville haute. C’est sur l’Acropole que Thureau-Dangin met au jour un hypogée qu’il date du IIème millénaire. Celle-ci est entourée de tombes en cistes, creusées dans le sol de bâtiments. La localisation n’est pas indiquée par le fouilleur, qui décrit seulement la position relative des tombes entre elles705. La tombe principale est donc située au centre de la ville et d’une série d’inhumations.

Le bâtiment sous lequel a été retrouvé l’hypogée, nommé par l’expédition française « Bâtiment Est », est daté de l’époque araméenne. Dans la publication de Thureau-Dangin, la tombe est située sous la pièce 13, puis, sous une autre pièce 17. Cette contradiction semble s’expliquer par la présence, sous la pièce 17, d’une structure de forme rectangulaire (2,2 x 1,4 m). La forme, les dimensions et l’élévation sont identiques à celles de l’hypogée. Bunnens suggère que la structure sous la salle 17 est l’entrée de l’hypogée, courant sous les salles 17 et 13, et à l’Est le puits d’accès est situé sous la salle 13. Les murs Ouest et Sud de la tombe sont situés exactement sous les murs Ouest et Sud du «Bâtiment Est ». Les fouilleurs, dans les années trente, ont conclu donc que l’hypogée était intégré dans les fondations du bâtiment, ou du moins que les fondations sont des restes d’une phase ancienne. Il y a une relation entre les deux structures, mais un problème chronologique subsiste : un millénaire les sépare. Bunnens, en reprenant le matériel retrouvé dans les niveaux « araméens » identifiés par ses prédécesseurs, remonte la datation à la fin du IIIème millénaire-début du IIème millénaire. L’occupation débuterait environ à l’époque d’Obeid.

Les sondages effectués sur l’Acropole, dans le secteur A (pl. 10b), distinguent quatre niveaux d’occupation successifs (A, B, C, D). L’hypogée se situe au Nord d’une dépression, correspondant à une ancienne tranchée des fouilles de 1936. Il apparaît que l’hypogée est en relation avec un mur orienté Nord qui « semble être la continuation du mur Est de la tombe »706, ce qui indique que celle-ci fait partie d’une structure plus grande. La tombe est orientée Est-Ouest. Cette aire n’a pas été fouillée auparavant.

Pour l’hypogée de Tell Ahmar, il n’est pas possible de savoir quelle est la relation entre la sépulture et le bâtiment, ni la nature exacte de ce bâtiment. Lors des fouilles récentes, la mise au jour d’une autre sépulture permet d’envisager la présence d’un complexe à destination funéraire. Perpendiculaire à l’hypogée, elle est orientée Nord-Sud. L’accès se fait par une volée de treize marches descendant vers le Nord, le long du mur Ouest de deux pièces construites au Nord de l’hypogée. Elle a été pillée dans l’antiquité, elle est donc perturbée, le matériel est épars et les restes ostéologiques sont absents. Il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’une tombe. Le matériel est daté du Bronze Ancien IV707. Plusieurs phases de construction ont été identifiées pour les deux pièces adjacentes. Une seule grande pièce dans la phase ancienne est associée à l’Hypogée. C’est au cours de l’exploration qu’il a été établi que la tombe était visible, ou partiellement visible à sa construction. Des tombes d’enfants ont été découvertes sous les constructions au Nord. Le matériel est contemporain de l’hypogée708 .

Notes
704.

Thureau-Dangin 1936 : 3.

705.

Thureau-Dangin 1936 : 98, fig. 28, 108-112.

706.

Bunnens 1990: 15.

707.

Bunnens 1998/2 : 27-30, 27, fig. 1 ; Bunnens 2001/3 : 65-68.

708.

Bunnens 1998 : 65-66, la céramique est datée du BA IV, incluant les types de Plain Simple Ware et Euphrates Banded Ware. Les individus sont âgés de 5 à 10 ans.