II. Les tombes extra-muros

A. Ur

1. Le Cimetière Royal du Dynastique Archaïque IIIA

Le Cimetière « Royal » d’Ur du IIIème millénaire se situe dans la partie Sud-Est de la ville, en contrebas (pl. 22). Il est coupé par le Téménos construit par Nabuchadnezzar II (604-562 avant J.-C.), dans la partie Sud. À l’extrémité Est, s’élèvent les bâtiments des Mausolées des rois de la IIIème Dynastie.

La chronologie du Cimetière Royal établie par Woolley détermine trois phases : l’époque prédynastique, la « Seconde Dynastie », et la période akkadienne. La périodisation du Cimetière a été revue par plusieurs auteurs (Nissen760, Buchanan761, Moorey) et a subi des modifications récentes762. Pollock établit six périodes763 : deux phases (I-II) pour le Dynastique Archaïque IIA, une phase du Dynastique Archaïque B, puis Akkad, Akkad récent et post-Akkad. Les Tombes Royales appartiennent aux deux premières phases du Dynastique Archaïque IIIA. Reade remet en cause l’attribution chronologique traditionnelle des Tombes Royales ; en rabaissant la chronologie du IIIème millénaire, il positionne les Tombes Royales dans la seconde moitié du IIIème millénaire (2390-2280 av. J.-C.). Cependant les données matérielles provenant des sépultures ne permettent pas d’étayer son hypothèse ; les études comparatives semblent confirmer une datation des Tombes Royales de la première moitié du IIIème millénaire.

Tableau 3- Phases chronologiques des Tombes Royales (d’après Pollock 1983)
Tableau 3- Phases chronologiques des Tombes Royales (d’après Pollock 1983)

De plus, quelques études ont porté sur les cimetières antérieurs au Cimetière Royal et elles établissent une continuité entre les phases. Des sondages effectués à proximité du Téménos ont permis de mettre au jour des tombes datées de l’époque d’Obeid et de Djemdet Nasr (pl. 23). Le cimetière d’Obeid (sondages X, Z, F) comporte environ une cinquantaine de tombes, le cimetière de Djemdet Nasr (sondages W, X, Y, Z) est plus étendu : 340 tombes ont été mises au jour. Ce dernier cimetière semble avoir été utilisé jusqu’au Dynastique Archaïque II ; certaines tombes côtoient celles attribuées au Cimetière Royal. Son implantation n’est donc pas arbitraire, il existe une tradition dans cette partie de la ville. On constate également une tendance à une répartition géographique des classes sociales. Pour le cimetière d’Obeid, à cause de l’absence de traits funéraires particuliers, il est difficile d’affirmer qu’il s’agisse d’une couche sociale inférieure ou d’une structure sociale égalitaire. Au contraire, pour le cimetière de Djemdet Nasr, il existe une structuration sociale et géographique. Seules les couches modestes sont attestées dans la partie qui a été étudiée. Mais il peut exister d’autres tombes, dans des parties inexplorées du cimetière, concernant des couches sociales différentes. Dans le cimetière de Djemdet Nasr, les tombes se déplacent dans le temps : dans le sondage W, les tombes sont récentes, d’autre part, dans le sondage X, on constate un va et vient Sud Ouest-Nord Est /Nord Est-Sud Ouest764. Entre les trois époques, on constate un mouvement d’implantation progressant de l’Ouest vers l’Est, des premières tombes de l’époque d’Obeid aux dernières Tombes Royales 789 et 800.

L’ensemble des tombes, sur toute la période d’utilisation du Cimetière Royal, représente un total de 2100 tombes. Pour la période du DA IIIA, 347 individus seulement y sont enterrés. Des estimations chiffrées de la population vivant à Ur, montrent qu’au DA III, celle-ci devait approximativement atteindre 28 000 à 50 000 personnes. Ainsi la population inhumée ne représente qu’une fraction infime de l’ensemble de la population d’Ur. De plus, ces individus représentent une classe de privilégiés d’après la richesse du mobilier. Donc le reste de la population a dû se faire enterrer ailleurs, dans un ou plusieurs autres cimetières ou sous les maisons. La pratique de l’inhumation sous les habitats domestiques est connue pour Ur à l’époque paléo-babylonienne.

Notes
760.

Nissen 1966.

761.

Buchannan 1966.

762.

Reade 2001.

763.

Pollock 1983, Pollock 1991. Nous employons pour la Mésopotamie les périodes traditionnellement utilisées.

764.

Forest 1983 : 120.