B. Le cimetière de Kheit Qasim

Le site de Kheit Qasim a une superficie modeste de 150 m x 200 m (pl.25). Il se divise en trois phases d’occupations : KQ III, phase d’occupation Obeidienne, KQ II du début du IIIème millénaire et KQ I, le cimetière, qui correspondent aux Dynasties Archaïques I785. Le cimetière est installé « sur une très légère éminence d’environ 7.500 m² prolongeant l’anticlinal qui limite la vallée à l’Est » ; il occupe une surface circulaire d’environ 80 m de diamètre, dont la moitié Ouest a été explorée. Il se divise en deux phases d’utilisation : le cimetière dit « ancien », du DAI, le cimetière tardif daté du IIème- Ier millénaire (pl. 25a). Le cimetière se situe en dehors de la zone habitable, mais le fouilleur ne précise pas quelles sont les relations entre les deux secteurs. Les tombes étaient visibles par les habitants, les fosses étaient protégées par des structures construites au-dessus du sol.

L’organisation spatiale des tombes n’est pas aléatoire. Forest a pu montrer la logique de répartition structurelle du cimetière et son évolution géographique786. Le cimetière ancien forme une couronne semi-circulaire (pl. 25b). Les plus grandes tombes s’organisent en rangées parallèles ; à l’arrière se placent les tombes plus petites. La rangée Ouest forme un « V » très ouvert à la pointe duquel se situent les deux tombes (S19 Loc2, T19 Loc1) qui accumulent les caractères exceptionnels (murets, banquettes, plateformes). Alors que le cimetière tardif s’est déplacé vers l’Ouest, à la limite du cimetière ancien. Les tombes sont réparties sur deux et trois rangées parallèles. On remarque une double distribution spatiale : dans la partie centrale, les tombes, très resserrées sur deux, trois rangées, sont les plus petites. En s’éloignant du centre, vers le Nord et le Sud, les tombes s’espacent et sont plus grandes. Les deux plus grandes sont situées aux extrémités787. Le cimetière respecte le précédent mais la hiérarchie, selon la taille et l’élaboration des tombes, est différente.

La répartition des tombes du cimetière ancien exprime la répartition sociale des individus. Elle met en opposition des individus de rang inférieur, à l’extrémité Est, inhumés dans des tombes simples de petite taille, et des individus de rang supérieur, à l’Ouest : ce sont les tombes plus élaborées de la pointe Ouest du « V ». Les plus petites tombes se distribuent de façon non ordonnée entre les deux rangées Ouest et Est. Il s’agit plus d’une répartition selon les liens familiaux, que d’une répartition sociale. En effet, les tombes construites dans la rangée Est sont, selon le fouilleur, les tombes des épouses des individus enterrés dans les tombes Ouest. Les traits sociaux sont mis en évidence par la présence/ absence d’autres caractères (parures, armes, et les matériaux utilisés).

Le cimetière de Kheit Qasim précède chronologiquement les Tombes Royales. Les deux sites ont une tradition ancienne de cimetières. Avec cette tradition, nous pouvons estimer l’ancienneté des sociétés hiérarchisées, devenues plus complexes avec l’urbanisation. L’organisation des sociétés est reproduite dans l’organisation du cimetière. À Kheit Qasim, les tombes les plus imposantes accumulent les caractères, et tiennent une position précise et dominante dans le groupe. Elles sont le centre autour duquel se construisent les autres tombes.

Notes
785.

Cf. chronologie 1, volume 3.

786.

Forest 1983 : 133-143, pl. 63, 227, pl. 74, 238.

787.

Forest 1983 : 238, pl. 74.