III. Topographie et localisation : premières observations

A. La simultanéité des lieux d’inhumations

1. La tradition

La tradition funéraire du IIIème millénaire en Mésopotamie se caractérise par l’inhumation en nécropole et les tombes sous habitat. Ces deux pratiques sont discriminatoires puisque certaines catégories d’individus seront préférentiellement inhumées dans l’un ou l’autre des lieux sépulcraux. Ces critères sont établis par la communauté selon sa tradition et le système d’organisation sociale du groupe ; ils peuvent distinguer les individus selon l’âge, le sexe, le statut social. Les enfants sont inhumés le plus souvent dans les maisons, mais certains ne sont pas soumis à cette règle. Par exemple à Ur, dans le cimetière du DA IIIA sont enterrés au moins deux enfants appartenant à une classe sociale élevée798. Le statut social, dans ce cas, permet à l’enfant d’endosser dans la mort le statut d’adulte sans recevoir cependant dans la tombe tous les attributs de son rang799.

Les tombes sous habitats sont parfois l’unique mode d’inhumations connu dans certains sites de Mésopotamie, c’est le cas à Khafadjé et Abu Salabikh par exemple800. Dans ces deux sites, l’élaboration de la tombe et le matériel suggèrent que les individus appartenaient à une classe sociale élevée. Il est probable, malgré l’absence de documentation archéologique que les nécropoles et les tombes sous habitat étaient concomitantes. Les tombes de prestige sont localisées dans les nécropoles (Kheit Qasim, Kish, Ur).

Pour la Syrie du Nord, dans la région du Moyen Euphrate, il semble que les tombes extra-muros, en nécropole, soient le mode d’inhumation traditionnel. Les inhumations intra-muros sont un trait de distinction sociale. Les tombes de l’élite sont placées à l’intérieur des murs d’enceinte ou à leur proximité801. Des pratiques différentes concernent les personnages appartenant au plus haut niveau de l’échelle sociale ; les tombes sont localisées sous les palais comme à Ebla, à Tell Bi’a, Tell Banat et plus tard à Mari.

Notes
798.

La tombe dite de la  « petite Princesse » 1068, la tombe 1133, Woolley 1934 : 163-164, 167-168, 168, fig. 44. Un autre enfant est inhumé dans les Tombes Royales : il fait partie du cortège funéraire de la tombe 1237.

799.

Cf. infraIIIème partie.

800.

Delougaz et alii 1967; Martin et alii 1985. Pour la période d’Akkad, les tombes intra-muros, sous habitats, sont communes et selon Gibson elles sont les modes d’inhumations préférentiels sur d’autres périodes ; les cimetières étant des exceptions (Gibson, McMahon 1995).

801.

Peltenburg et alii 1997 : 11-12.