I. Monuments funéraires visibles

Les monuments visibles indiquent que la tombe ou le complexe de structures funéraires sont construits sur le sol, entourant soit une fosse sépulcrale creusée, soit des corps déposés à même le sol. La distinction des deux types principaux de tombes se fonde sur la qualité des matériaux employés et la forme de la construction.

Les tombeaux de forme quadrangulaire sont construits en briques crues ; ils n’ont, semble-t-il, pas d’accès matérialisé par une ouverture obstruée. À Kheit Qasim, il est improbable que les tombeaux aient été ouverts.

La classification de Carter et Parker distingue entre autres les « dolmens »830 et les « tombes à entrée latérale » : le premier type concerne des tombes construites dans une fosse en moellons de pierres calcaires, couvertes d’une ou plusieurs dalles de couverture, avec un accès sommital. Ce sont de longues chambres étroites (inférieur à 3 mètres). Carter et Parker reconnaissent deux types de dolmens, ceux dont les parois sont en terre, et les dolmens en pierre recouverts de dalles de couverture831. Le second groupe est accessible par une entrée latérale, précédée d’un dromos ou d’un puits vertical : il inclut Tell Ahmar et Tell Hadidi832. La distinction faite par Carter et Parker repose surtout sur l’accès ; les dimensions entre les deux varient d’un mètre environ. La difficulté que nous soulignons ici repose sur la faible distinction entre les tombes de notre corpus syrien et les deux groupes typologiques de Carter et Parker. Certains auteurs soulignent la diversité des formes à l’intérieur du groupe des « dolmens », qui partagent néanmoins certains traits communs833. Contrairement à Carter et Parker, Porter distingue les « dolmens », constructions sur le sol, et les « galeries » (les « dolmens » de Carter et Parker), par opposition, souterraines834. Les différences typologiques mises en exergue dans les définitions des ‘dolmens’, auxquelles s’ajoute une confusion avec les dolmens du Néolithique européen et du Proche-Orient835, nous ont incité à établir une terminologie simple qui ne décrit que les caractéristiques morphologiques des tombes du corpus. Les tombes ont une longue chambre étroite, quadrangulaire ou ovoïdal, construites en encorbellement, avec des moellons calcaire, sur le sol ou dans une fosse creusée, à entrée sommitale ou latérale. Nous distinguerons les types d’entrée mais elles n’influencent pas la morphologie de la tombe.

Le troisième type est particulier. Le tumulus de Tell Banat Nord est un monticule artificiel dans lequel sont insérés des cairns funéraires. Les parois extérieures sont recouvertes d’un enduit.

Tableau 7- Les Monuments visibles
Monuments visibles
Tombeau Tombe à encorbellement Tumulus
Entrée sommitale Entrée sommitale Entrée latérale  
Kheit Qasim Tell Ahmar Mari 21-22,221-222,300 Umm el-Marra Tell Banat Nord
Qara Quzac Tell Hadidi Jerablus-Tahtani T302    

Notes
830.

Ce type appelé « dolmen », ne correspond pas aux dolmens que l’on rencontre en Europe du Nord et dans d’autres régions du Proche-Orient (voir Yassine 1985). Ces derniers dolmens se caractérisent par deux dalles latérales dressées recouvertes d’une troisième dalle de couverture. L’ensemble repose sur une plateforme en pierre, délimitant de façon circulaire l’ensemble funéraire ; sous le dolmen, est réservée une chambre funéraire dans laquelle repose le corps.

831.

Carter, Parker 1995.

832.

Carter, Parker 1995 : table 14.3.

833.

Porter 2000 : 384-385. McClellan 2004 : 63.

834.

Porter 2000 : 386, voir p. 457, tableau 2 (annexe A). La distinction entre constructions sur le sol ou enterrées

-dolmens et galeries- n’est pas précisée par Porter ; il n’existe pas de distinction morphologique entre les deux. Les galeries sont par ailleurs assimilées à des cistes. Nous définissons comme « cistes » des tombes construites dans des fosses, dont les quatre parois sont habillées de dalles monolithiques disposées de champ et recouvertes de dalles de couvertures. Ce type est répandu en Haute Mésopotamie et Mésopotamie méridionale (cf. Aurenche 1977 : 54 ; Carter, Parker 1995 : 130-133, fig. 25).

835.

Yassine 1985.