C. Les Tertres : les Monuments Blancs de Tell Banat Nord

Les Monuments Blancs au Nord de Tell Banat sont des constructions artificielles de 100 m de diamètre et de 20 m de haut (pl. 40). Il s’agit d’un monticule de forme conique contenant trois phases de construction A (I), B (II), C886. La première phase C, constituant le cœur de « l’édifice », est une succession de replâtrages alternés avec des couches de tessons, sur une longue période précédant la période IV de Banat. Des petits tumuli de terre et de pierre (B2) sont creusés sur les côtés du Monument C. Ils contiennent des fragments de céramiques, des os humains et animaux. Á l’intérieur du monument B d’autres petits monticules de terre sont intercalés dans le remplissage. La surface a un aspect cranté qui est dû à l’emploi de briques crues de type plano-convexe placées en boutisse légèrement inclinées, et recouvertes d’enduit887. Le monument A est la phase finale incorporant les deux précédentes. Il forme un seul ensemble. Il a été élevé en couches horizontales ce qui devait donner une apparence de « pyramide à degrés »888. Le remplissage contient des dépôts d’objets et d’ossements.

L’architecture « pyramidale » inhabituelle de ces monuments funéraires est comparée par McClellan à d’autres constructions de Mésopotamie (ziggurat, temple) ainsi qu’à des monuments égyptiens889. Le problème de l’identification de la fonction de ce monument (temple plateforme ou monument funéraire) n’ôte en rien la monumentalité de la construction et sa destination cultuelle : les comparaisons de superficie effectuées par McClellan positionnent les monuments de Tell Banat Nord parmi les plus grandes de Mésopotamie et de Syrie890.

Il semble, d’après des prospections menées aux alentours de Mari qu’il existe un monument conique, auquel Porter se réfère en tant queparallèle possible pour le IIIème millénaire aux Monuments Blancs ; la fonction reste encore à démontrer. Cependant, dans une note, Sasson891 fait référence à la documentation concernant le terme humusum. Ces monuments sont peut-être associés à un culte des ancêtres, selon l’hypothèse de Porter et la documentation de Mari.

Notes
886.

Porter 2002a : 11-17, 14, 15, fig. 4- 5 ; McClellan 1998 : 243-269.

887.

McClellan 1998 : 244, 254-255, figs 7-10.

888.

Porter 2002a : 15.

889.

McClellan 1998 : 247-48, tabl. 1-2.

890.

McClellan 1998 : 247, table 1.

891.

Sasson 2001 : 418, n. 27. Butterlin signala également ce monticule lors d’une conférence à Lyon, décembre 2005.