a. Jerablus-Tahtani

Le tumulus de la tombe 302 est en bordure des murs d’enceinte de la ville. Le complexe est situé sur l’axe de passage montant vers l’intérieur de la ville : cet emplacement est symbolique et idéologique comme cela a été souligné plus haut. La diposition a une fonction dans le déroulement des cérémonies et des commémorations. En effet, les rites pouvaient se pratiquer soit à l’extérieur, à proximité de la tombe, soit de l’intérieur vers l’extérieur.

Les rites ou les rassemblements commémoratifs sont publics. Toute la communauté, participants et spectateurs, ainsi que l’a souligné Peltenburg, se réunit autour de cet espace funéraire. L’accès de la tombe est coudé ce qui restreint la visibilité de l’entrée et, à un moment donné, les rituels ou pratiques. La localisation de la tombe permet de supposer des processions traversant la cité pour atteindre l’hypogée ; ce qui implique que l’ensemble de l’espace de la cité est transformé en lieu de cérémonie. La manipulation idéologique de cérémonies publiques fait de chaque habitant un participant -passif ou actif- au culte des défunts.

Le passage de l’intérieur vers l’extérieur de la ville permet d’associer l’ensemble de la communauté et du territoire et d’enraciner le pouvoir dans la communauté territoriale¹⁰²². De plus, les communautés du Moyen Euphrate étant des communautés tribales attribuant une importance au territoire, le culte des morts constitue un lien constamment réaffirmé avec les origines ; la présence de tombes monumentales à l’extérieur est un point d’ancrage matériel de la mémoire collective¹⁰²³. Les tombes fixent les communautés dans l’espace et le temps : le temps, selon Jonker, « was introduced by demarcating the previous time, which was relevant to the present »¹⁰²⁴, et pour le futur, pour laisser des traces matérielles (à défaut de documents écrits).