I. Les inhumations

La distinction entre les différents types d’inhumations est difficile à déterminer archéologiquement, mais des techniques de fouilles attentives permettent de détecter des phénomènes taphonomiques correspondant à des gestes funéraires définis1076. Cependant, l’étude des pratiques funéraires par des sources indirectes augmente la difficulté, surtout en ce qui concerne les fouilles anciennes. Celles-ci ne prenaient pas encore en compte des potentialités de l’anthropologie physique pour saisir, dans leurs caractères complexes et spécifiques, les gestes funéraires1077.

L’étude des inhumations s’est axée sur une approche critique des informations données par les fouilleurs, au regard des procédures de l’anthropologie physique actuelle. Nous avons distingué, dans un premier temps, les inhumations primaires et secondaires (tableau 17). Les inhumations primaires représentent les dépôts « frais » dans la sépulture définitive, préservant l’intégrité anatomique1078 ; les inhumations secondaires se caractérisent par un dépôt d’ossements « secs » dans la sépulture1079. Il y a donc eu un traitement en plusieurs temps. La réduction intervient lorsqu’une tombe est réouverte ; il peut arriver qu’un squelette soit réduit en un tas d’ossements disloqués.

Dans un second temps, sont distinguées les inhumations individuelles, collectives et multiples (tableau 17). Les inhumations collectives désignent des inhumations successives dans une sépulture identique1080 ; les inhumations multiples se caractérisent par la simultanéité des dépositions1081. La simultanéité ne repose sur aucune distinction stratigraphique ; d’infimes perturbations anatomiques permettent de déterminer ce fait. Les inhumations collectives indiquées dans le tableau ci-dessous reposent sur un critère négatif, c’est-à-dire que rien ne peut prouver la simultanéité des dépositions, et sur un critère positif, où tout indique la non simultanéité (réouverture, réductions).

La définition des pratiques d’inhumations prend en compte également les traitements des corps : l’emploi d’un contenant pour les corps, la position et l’orientation ainsi que des traitements plus rares, tels que la crémation. Ces dernières observations bien que fragmentaires pour des raisons diverses permettront d’établir des corrélations ou des spécificités dans les gestes accomplis, en Mésopotamie et en Syrie.

Tableau 17 -Les types d’inhumations
Inhumations primaires Réduction Inhumations secondaires
I ndividuelles C ollectives M ultiples Indéterminées I ndividuelles Collectives
Tell Ahmar   X          
Tell Banat 7 X         X  
Tell Banat Nord   X         X
Tell Bi’a   X          
Ebla G4       X      
Tell Hadidi              
Jerablus -Tahtani   X     X    
Kheit Qasim X            
Kish     X        
Mari 21-22, 241-242, 300       X      
Mari 763, 928       X      
Qara Quzac X            
Ur cimetière X   X        
Umm el-Marra X   X   X   X

Notes
1076.

Duday, Masset 1987 ; Duday et alii 1990 ; Crubézy et alii 2000 ; Crubézy 2000 ; Duday 2005 ; Chambon, Leclerc 2007.

1077.

Duday et alii 1990.

1078.

Duday 2005 : 165.

1079.

Duday 2005 : 190.

1080.

Chambon, Leclerc 2007 : 290.

1081.

Chambon, Leclerc 2007 : 290.