2. L’Étendard d’Ur

Parmi les objets de mobilier avec des incrustations retrouvés dans l’ensemble des tombes, nous nous devions de mettre en exergue « l’Étendard » d’Ur (U.11164) ; l’utilisation précise de cet objet reste encore à déterminer. Il a été retrouvé dans la chambre D, de la tombe 779, en mauvais état de conservation et reconstitué par les soins du fouilleur (pl. 85)1701. En forme de caisson trapézoïdal, il se compose de quatre faces principales : deux panneaux rectangulaires principaux et deux petits côtés. Les éléments figuratifs sont en nacre incisés, le fond est en lapis-lazuli et en nacre, le tout est incrusté dans du bitume.

Des éléments figuratifs en nacre apparaissent dans le remplissage de la tombe 580, mais ils ne sont pas reliés à la tombe par le fouilleur : il s’agit notamment d’un petit personnage tenant des gobelets empilés1702. Les deux petites plaques suggèrent une scène se rapprochant des thèmes représentés sur l’Étendard, comme un banquet. D’autres éléments gravés sont répertoriés dans les inventaires d’Ur, certains ont appartenus aux décors des jeux de dames ou à des panneaux décoratifs d’instruments dont les scènes sont plus bucoliques1703.

À Jerablus-Tahtani des éléments en nacre sont également répertoriés, mais rien n’indique qu’ils appartiennent à un ensemble1704.

Les panneaux décoratifs ont été retrouvés sur d’autres sites, à Mari et à Kish entre autre, mais en dehors du contexte funéraire. Les scènes sont narratives : des évènements majeurs de la vie politique sont reproduits. À Mari, le panneau dit de la « guerre », provient du temple d’Ishtar : sur un panneau en bois, divisé en plusieurs registres, sont incrustés dans le bitume des éléments de coquille et de pierre colorée1705. Dans ces scènes apparaissent des « vaincus », représentés nus et les bras attachés, escortés par des soldats. Ce groupe s’avance vers un groupe d’individus, appelés les « dignitaires », vêtus d’un kaunakès et d’un manteau et portant une hache sur une épaule. Ces personnages sont coiffés d’un bonnet ou d’une toque caractéristique que l’on reconnaît sur un panneau provenant de Kish1706. À Mari toujours, un autre panneau presque complet a été mis au jour dans un sanctuaire1707. Il s’agit d’une représentation cultuelle.

Les éléments d’incrustations sont les seuls témoins de la présence de mobiliers dans les tombes ; ils témoignent d’un goût prononcé pour le mobilier décoré et de qualité. Le mobilier en bois est présent avec certitude à Tell Bi’a, Tell Banat et Ur ; du mobilier miniature en pierre apparaît à Umm el-Marra. Nous pouvons nous appuyer sur les mentions explicites de meubles dans les textes tels que des tables, coffres ou chaises ; ce mobilier est important et indispensable (si l’on se réfère aux textes) dans les sépultures de prestige et auprès des individus de haut rang, de part la qualité et l’attention apporté dans la manufacture de ces objets. Il est pourtant difficile de déterminer leur fonction exacte : il peut s’agir de mobilier d’apparat, ou de support pour déposer des offrandes. Une autre incertitude persiste concernant l’appartenance du mobilier : le texte DP 75 suggère que les meubles appartiennent à l’Ensi 1708 ; il est possible que le mobilier qui est attribué au défunt soit « funéraire », c’est-à-dire fabriqué pour les funérailles.

Notes
1701.

Woolley 1934 : 61, 266, pl. 91-93.

1702.

Woolley 1934 : pl. 99, U.9905, U.9906.

1703.

Woolley 1934 : pl. 95-98a.

1704.

Catalogue, plaque 265 603, phase 1 ; 670, chambre ; incrustation, JT 203, coquillage.

1705.

Parrot 1945 : 127, 221-222 ; Parrot 1956 : 135-144, 137, fig. 78, 138-139, fig. 79-80, 140, fig. 81, pl.LVI, LVII.

1706.

Parrot 1956 : 139, fig. 80, 142, fig. 82, pl.LVII ; McKay 1925 : pl. XXXVI. Cf. figure 22b, figure 23b, volume 3.

1707.

Parrot 1962 : 163-168, 164-165, fig.11-12, 166, fig. 13, pl.XI-XII, 2a-3.

1708.

Annexe 1-Ac : v. III.