3. Les « yeux » et les perruques

Les incrustations en formes d’yeux sont présentes à Tell Banat, à Umm el-Marra, dans le tombe 928 à Mari (figure 58a) et à Tell Bi’a ; ce sont des éléments composés de coquille pour le fond de l’œil et de pierres pour l’iris. Ces objets sont déposés tels quels, les fouilleurs ne mentionnent pas de traces pouvant laisser supposer la présence de statue, ou de statuette. Il est possible d’envisager le dépôt de ces incrustations comme des objets en tant que tels, ayant une signification qui nous échappe1726.

La présence d’une statuette dans la tombe se confirmerait pourtant à Tell Banat où une coiffure a été retrouvée ; il s’agit d’une coiffure en pierre incisée figurant des cheveux (figure 58b)1727. En tout cas, tout laisse à penser que des statues étaient fabriquées pour les funérailles et déposées dans les tombes : en effet, le texte K.7856 + K.6323 (annexe 1-Ad) inclut dans le mobilier « une statue sur base ». Dans l’Epopée de Gilgameš, à la mort d’Enkidu, le héros proclame :

‘«  Fondeur de métaux ! [Lapidaires] !
[Travailleur]s du métal ! Orfèvres ! Joailliers !
Faites à mon ami
[Sa Statue]! »
Ainsi Gilgameš fit-il faire
Une statue de son ami,
Aux proportions […],
Dont le thorax était de lazulite
Et d’or (tout le reste du corps) ! »1728

Dans le premier texte, il n’est pas précisé si la statue représentait le défunt ou une divinité ; pour Gilgameš, il n’est pas certain que la statue d’Enkidu était destinée à être déposée dans la tombe. Les statues des rois et des divinités se côtoyaient dans les temples pour être honorées lors de fêtes. Les statues ou les fragments, les yeux et les coiffures, retrouvés dans le palais G d’Ebla (figure 58c), dans le quartier administratif et la cour des audiences, sont interprétées en tant que statues divines1729.

Un petit objet en stéatite provenant d’Harappa représente une chevelure1730 qui s’apparente aux perruques ou à la chevelure des figurines féminines composite en albâtre et en stéatite, provenant de Bactriane1731. Cette perruque est fixée par trois trous, dont sont situés derrière la tête et un au centre.

Notes
1726.

Cf. infra pp. 400-402.

1727.

Porter 2002a : 19 ; Aruz et alii 2003 : 171, n° 109d, TB197.95.

1728.

Bottéro 1989 : 152, v.25-28.

1729.

Matthiae et alii 1995 : 316, n° catalogue 91-93 TM.75.G.703/704, n° catalogue 94, TM.78.G.135 ; Aruz et alii 2003 : 171, n° 109b-c.

1730.

Meadow 2002 : 191-202, fig.1,2, H98-3521/8668-02, l. : 20,6 mm. Provenance stratigraphique : tell F Sud-Ouest, period 3c.

1731.

Pottier 1984.