Les pratiques funéraires royales et de prestige : le symbolisme

Enfin, nous voulions montrer l’importance du symbolisme des pratiques funéraires de prestige dans l’étude des tombes. Les pratiques funéraires -particulièrement celles touchant la royauté et le prestige- sont un concentré de représentations sociales qui se jouent au travers de gestes symboliques adaptés à la dialectique sociale et compréhensible de la totalité des membres de la société. Les rituels sont des « arènes » symboliques indispensables qui expriment le lien social entre les individus. Lors des cérémonies funèbres il apparaît une diversité de rites qui sont la répétition d’une même obligation : le don rituel. Le rituel commensal est le plus représentatif de la pratique du don et surtout de l’importance de l’échange symbolique qui est au centre, nous en sommes convaincu, des cérémonies : c’est l’une des phases où les relations sociales sont les plus exacerbées, les participants étaient confrontés à leur responsabilité face au mort et à la communauté. La place que tient la commensalité dans les cérémonies, omniprésente dans l’imaginaire tant iconographique que textuel, montre la nécessité de dons entre les acteurs essentiels de la vie sociale : les morts et les dieux.

Les dons de la part des vivants sont de différentes natures (offrandes, dépôts) : il s’agit d’un investissement nécessaire pour le prestige du mort, dont l’enjeu primordial reste la cohésion sociale et l’équilibre. C’est le « paradigme du don » de créer ou de maintenir l’interdépendance des individus. Les dons impliquent un contre-don, mais comme l’a expliqué Godelier, les échanges n’impliquent pas obligatoirement de contre partie ; les offrandes et les objets déposés dans l’espace de la tombe font partie d’un système d’échange qui échappe à l’économie commune : il s’agit toutefois, selon nous, d’un système économique parallèle rentrant dans une sphère occulte et symbolique, qui ne saurait être assimilé à une perte de richesse, mais plutôt à un don participant à la représentation du pouvoir, à la négociation sociale et idéologique, et qui serait destiné à la négociation avec les garants de l’équilibre et du pouvoir même du roi. Les tombes de prestige sont engagées dans un système de don et de contre don pour assurer l’engagement des participants dans un équilibre instable et un souci constant d’assurer la cohésion sociale et le maintien du pouvoir en place.

Les pratiques funéraires de prestige sont donc, selon nous, un espace symbolique dans lequel se rencontrent, se confrontent, et surtout se négocient les intérêts politiques, économiques et idéologiques du mort, de l’élite, de la communauté et des divinités. C’est ce qui les rend complexes, ce qui fait toute leur importance et a suscité notre intérêt, car elles représentent un Tout, à intégrer dans l’étude du fait social et de la société dans son ensemble.