Annexe 4-B. La vaisselle en pierre, en métal

La vaisselle en pierre et en métal concerne peu de sépultures dans notre corpus²³²⁶. Le graphique 14 permet d’établir les répartitions des différents types de vaisselles dans les tombes présentant les trois matériaux différents : pierre, métal, céramique. Les vases de terre cuite sont une constante et ils composent la majorité des assemblages de vaisselle²³²⁷. Les récipients en métal et en pierre se répartissent majoritairement dans l’ensemble du Cimetière Royal, puis à Kish et à Mari.

La vaisselle en métal des tombeaux de Mari s’inscrit dans la tradition mésopotamienne. Il n’y a pas de récipients en pierre dans les tombeaux, pourtant de nombreux exemplaires provenant du site montrent une pénétration de la vaisselle en chlorite, très répandue dans le Sud et la Diyala, et de la vaisselle en calcaire également inspirée d’une tradition mésopotamienne. Il existe par ailleurs en Syrie une fabrication locale de vases en calcaire : à Tell Banat, une coupe en pierre issue de la production locale est répertoriée dans la tombe 7, mais elle n’apparaît pas sur le graphique, comme la coupe en pierre de Jerablus-Tahtani. La vaisselle de métal est peu répandue dans les tombes de Syrie : trois coupes sont répertoriées dans l’hypogée de Tell Ahmar ; l’assemblage de coupes et d’aiguière à Umm el-Marra est le plus important pour cette région. Le tableau 1 infra permet ainsi de mieux quantifier les objets présents dans les assemblages. On constate que quantitativement Umm el-Marra atteint une concentration significative de vaisselle en argent ramenée aux proportions du site et au nombre de sépultures en question, par rapport aux tombes d’Ur.

En outre, le tableau 1 permet de compléter les répartitions des métaux employés : le cuivre est largement utilisé ; l’argent, l’or et l’electrum sont réservés à une vaisselle luxueuse présente dans les Tombes Royales et quelques tombes privées (tombes 755, 1068, 1130, 1133). Ainsi qu’il a été noté supra d’un point de vue quantitatif, la vaisselle d’Umm el-Marra est aussi intéressante d’un point de vue qualitatif : tous les récipients sont argent. Il s’agit d’une vaisselle luxueuse dont l’origine est difficile à établir. Cependant, au regard des répartitions régionales, il semble fort probable de rechercher une influence mésopotamienne. La typologie des formes d’Umm el-Marra étaye cette hypothèse²³²⁸. La vaisselle de Mari et de Tell Ahmar est en bronze.

Le graphique 15 apporte un éclairage sur les répartitions au sein des tombes d’Ur. La vaisselle en cuivre est numériquement très importante dans les deux catégories de tombes du cimetière, les Tombes Royales et les tombes privées ; elle est cependant supérieure dans les tombes privées du DA III (tableau 1). Les tombes d’Ur III possèdent quantitativement peu de vaisselle en métal, et elle est surtout en cuivre (tableau 1). Ensuite, la vaisselle en argent représente presque la moitié de la vaisselle dans les Tombes Royales ; elle beaucoup plus rare dans les tombes privées par rapport au cuivre et quasi absente dans les tombes d’Ur III. L’or et l’electrum sont très exceptionnels, réservés à la vaisselle des Tombes Royales et des individus privilégiés dans les tombes privées (tombes 755, 1068, 1130, 1133).

Nombre minimum comptabilisé

Après avoir distingué les répartitions quantitatives des types de vaisselle²³²⁹ et des matériaux utilisés, nous nous sommes interrogés sur une corrélation possible entre les formes et les matériaux, en particulier pour savoir si certaines formes étaient fabriquées préférentiellement en pierre ou en métal. L’image apparaît dans le graphique 16. La répartition des formes en pierre ou en métal confirme une nette différentiation. Les formes en métal sont diversifiées : des formes communes (coupe, gobelet, cruches) côtoient des formes spécifiques telles que les « lampes » ou les coupes deltoïdes, et les tables ; tandis que les formes en pierre restent limitées aux gobelets, aux vases ou aux jarres. Les vases manufacturés en métal sont représentatifs d’une tradition locale (les « lampes », tables d’offrandes ou les cruches à bec), ils démontrent une esthétique recherchée et renouvelée par les artisans d’Ur particulièrement.

Le graphique 16 indique également qu’il existe une complémentarité des formes : les formes telles que les gobelets sont peu nombreux dans la vaisselle en métal tandis qu’ils sont plus répandus dans la vaisselle de pierre. Les récipients de métal copient les vases en céramique : les parallèles peuvent être fait entre les tables d’offrandes en céramique/ métal, il en existe d’ailleurs deux exemplaires en pierre.