Chapitre 1 : La rupture avec l’économie coloniale

Colonie française durant un siècle et trente deux ans, l’Algérie hérita, au lendemain de son indépendance, d’une structure économique de type colonial où « la mise en valeur du territoire » était faite en fonction des intérêts économiques de la métropole et de la minorité européenne vivant sur le sol algérien. En dépit des efforts tardifs des autorités coloniales afin de réduire le fossé entre les communautés musulmane et européenne en lançant un plan de développement (le plan de Constantine) propre aux « départements d’Algérie », la situation demeurait marquée par les principales caractéristiques de l’économie coloniale. Ces caractéristiques se résument comme suit : une sous industrialisation, un dualisme du secteur agricole et une dépendance financière et commerciale de la métropole.

A l’instar de la plupart des pays anciennement colonisés, l’Algérie décide de rompre avec « son économie coloniale » considérée comme la source principale de son sous-développement. Deux éléments matérialiseront cette rupture. Sur le plan politique, le nouvel Etat optera pour le système du parti unique et de l’économie planifiée et centralisée. Ensuite, les autorités algériennes décidèrent d’axer la stratégie de développement national sur l’industrie, délaissant largement le secteur agricole dont le niveau de modernisation était pourtant très avancé.

Les données développées dans ce chapitre tendent dans un premier temps à retracer brièvement les caractéristiques de l’économie algérienne sous la colonisation, à travers l’étude des différentes politiques sectorielles (industrie, agriculture, commerce), et dans un second temps, à établir un état des lieux de « l’héritage économique colonial »7. Enfin à analyser les premières actions économiques du jeune Etat algérien et étudier dans quelle mesure elles constituaient une rupture avec l’économie coloniale.

Notes
7.

L’intérêt est de montrer que l’Etat algérien n’avait pas entamé sa stratégie de développement à partir du « néant » : au-delà de leurs caractères déséquilibrés et inégalitaires, les structures économiques coloniales étaient productives notamment dans le domaine agricole.