1.4. Le système bancaire colonial

A l’évidence, cette section consacrée aux caractéristiques de l’économie algérienne sous la colonisation ne saurait être complète si l’on néglige la présentation du système financier et bancaire. Notre objectif est de mettre en exergue les différentes structures qui assuraient le financement de l’économie coloniale.

Bien qu’il soit dépendant du système financier métropolitain - l’Algérie coloniale était rattachée à la zone « franc » et la plupart des banques « algériennes » étaient des filiales des banques métropolitaines- le système bancaire « algérien » jouissait d’une relative autonomie, et d’un système d’organisation propre à lui. Il était piloté par La Banque d’Algérie, créée par la loi du 4 août 1851.

La Banque d’Algérie jouissait d’une certaine autonomie, dans le sens ou elle avait de larges attributions - l’escompte, la circulation monétaire, les dépôts... Elle était à la tête d’un réseau de banques primaires dont le rôle était de financer l’économie locale. Ce réseau comprenait des filiales de grandes banques françaises (majoritaires) mais aussi de banques non françaises. En 1878 déjà le Crédit Lyonnais s’installait en Algérie suivi par la Société Générale. En 1945, le Crédit Lyonnais comptait 24 agences permanentes et la Société Générale 13. Quant au Crédit Foncier qui s’était implanté tardivement (1923), il comptait en 1930 un dense réseau de 73 agences.

Cette croissance rapide du crédit au foncier était due au dynamisme de la politique agricole coloniale. En effet, on constatait durant cette période, un développement important des organismes spécialisés dans le financement du secteur agraire, ainsi se sont implantées tour à tour des Caisses de Crédit Agricole Mutuel (C.C.A.M) et des Sociétés Agricoles de Prévoyance (S.A.P).

Cependant le système de l’assurance durant la période coloniale a connu, malgré son ancienneté, une évolution moins importante que le système bancaire29. Il se caractérisait d’une part, par la concentration de l’assurance entre les mains des compagnies métropolitaines (en 1952, sur les 218 compagnies agréées, seulement 3 sociétés étaient algériennes dont le siège était à Alger et les capitaux français et européens). D’autre part, par une concentration spatiale au nord du pays, du fait de l’implantation des Européens au bord de la méditerranée.

Notes
29.

C’est en 1861 que fut créée la première mutuelle spécialisée pour l’assurance en Algérie. C’était « la mutuelle incendie », suivie par « la mutuelle centrale agricole » qui pratiquait ses opérations dès 1933.