Chapitre 2. Le volontarisme économique des années 1960/ 1970

Le volontarisme économique, à la base des pratiques de l’Etatdurant les deux décennies 1960 et 1970, s’est exprimé à travers la mise en œuvre de ce qui est communément qualifié de Stratégie Algérienne du Développement (S.A.D). Ces différentes manifestations peuvaient se repérer à travers le contenu du modèle économique adopté, mais aussi et surtout par l’ampleur des moyens déployés par l’Etat pour le réaliser.

Quelques années après l’indépendance, précisément après le coup d’Etat du 19 juin 1965, les choix économiques de l’Etat s’affinaient et se radicalisaient. Le développement devenait étatique, industriel et centralement planifié. S’entamait alors, un long processus d’étatisation des sources de richesse. En effet, en l’espace de quelques années, la mainmise de l’Etat s'est généralisée à l’ensemble des secteurs d’activité ; de l’industrie à l’agriculture en passant par les circuits du commerce intérieur et extérieur. Les entreprises, les banques, les sociétés d’assurances ont toutes été mises sous tutelle ministérielle. Il s’agissait d’un transfert massif des richesses de la société civile vers l’Etat.

Encouragé par une importante rente pétrolière suite à la nationalisation des hydrocarbures, l’Etat a construit sa stratégie sur un investissement public massif et généralisé à tous les secteurs d’activité. Aussi, en vertu des principes du développement par la planification, c’est l’Etat lui-même qui s'est chargé de définir les variables de régulation des flux et reflux de richesses : les prix, le taux d’intérêt, le taux de change, les salaires, sont définis à priori par l’organe de planification. Ainsi, c’est tout l’environnement politico-administratif régissant la sphère économique qui s'est trouvé complètement transformée afin de mettre la société économique sous la coupe étatique.

Par ailleurs, le pouvoir monétaire fut assujetti dès 1964, suite à sa mise sous l’autorité politique de la Banque Centrale d’Algérie. De ce fait, la politique monétaire fut conçue non pas à travers les instruments et les objectifs définis par la théorie économique mais en fonction des besoins de financement des plans de développement élaborés centralement par le pouvoir politique.L’objectif du présent chapitre est de saisir la logique du volontarisme qui était à l’origine des pratiques économiques de l’Etat algérien durant les années 1960 et 1970 et ses différentes manifestations à travers l’organisation et le fonctionnement de l’économie administrée à laquelle il a donné naissance.

Pour cela nous avons jugé utile de présenter la matérialisation du volontarisme à travers l’analyse des cinq éléments suivants :

  • Les fondements théoriques et la mise en œuvre concrète de la S.A.D.
  • La mise en place de l’étatisation de l’économie et de la planification centralisée.
  • Les modes de régulation de l’économie administrée.
  • Le monopole étatique et l’importance des investissements publics.
  • La gestion de la monnaie et du crédit en économie administrée.