4. L’action concrète pour le « développement » : monopole étatique et investissement public 

Le volontarisme économique de l’Etat, dont nous avions abordé certaines manifestations plus haut, s’est aussi exprimé à travers l’importance des investissements publics, leur affectation sectorielle, ainsi que les sources -choisies  par l’Etat- pour leur financement. Les actions engagées par l’Etat algérien dans l’ensemble des secteurs d’activités traduisaient la farouche volonté de moderniser le pays à partir de l’industrie. Pour mettre en place le modèle choisi, les dirigeants algériens ont eu recours à toutes les formules possibles : des « usines clé en main » importées, aux « usines produit en main » (importées elles aussi avec leurs ingénieurs pour les faire fonctionner une fois sur place)  en passant par les constructions des usines de montages locaux. Ne voyant dans l'entreprise de modernisation que son aspect technique, H. Boumediene avait cru que l'Etat pouvait « importer » le développement.

Cet acharnement étatique pour « semer le développement » s’exprimait aussi dans le secteur agricole et celui des services. L’Etat à travers les différentes politiques engagées avait manifesté une volonté de promouvoir sous son contrôle tous les secteurs d’activité. C’est aussi cela le volontarisme économique : croire en la possibilité de l’Etat de tout développer sous son impulsion. L’investissement public massif futl’instrument phare utilisé pour atteindre cet objectif.

Bien que la priorité fût accordée au secteur industriel quant aux investissements publics, l’ampleur des investissements étatiques était présente dans tous les secteurs d’activité. Pour ce qui est des sources de financement de ces investissements colossaux, l’Etat s’est appuyé sur la rente que procure la vente sur le marché international des hydrocarbures et l’endettement extérieur lorsque les revenus pétroliers baissaient ou s’avéraient insuffisants.