1.1. Le contenu de la « réforme »

De prime abord, il est à se demander si le concept de réforme est adéquat pour caractériser les premières mesures correctives de l’organisation économique algérienne en ce début des années 1980, tant que celles-ci étaient limitées au traitement des effets de l’ancienne stratégie de développement, non aux causes profondes de son échec. Le déficit constaté des entreprises publiques et les déséquilibres en dotation de ressources entre les différents secteurs d’activité ne sont, en réalité, que les résultats d’une conception mais aussi de pratiques économiques qui se voulaient à l’abri des lois de l’économie politique.

Les dirigeants algériens des années 1960 et 1970 pensaient qu’on pouvait développer l’économie uniquement en prenant des décisions administratives. Ceux qui leur ont succédé au début des années 1980 ne dérogeaient pas à cette règle. Ils tentèrent de corriger les « erreurs du passé » en remplaçant les anciennes directives par d’autres, tout en sauvegardant la logique de fonctionnement du modèle politico-économique en place. Dans ce sens, plutôt que de parler d’une réforme, il est plus juste de parler de « réaménagements ».

Les « réaménagements » apportés à la Stratégie Algérienne de Développement peuvent se résumer en trois principaux axes : le rééquilibrage du poids des secteurs économiques, la réorganisation interne des entreprises publiques, enfin la redéfinition de la place du secteur privé national. Ils poursuivaient, selon le discours officiel, deux principaux objectifs. En premier lieu, il s’agissait de consolider les structures de l’économie nationale au moyen d’un système de planification impérative mais décentralisée. En deuxième lieu, il était question d’annihiler les pesanteurs empêchant la gestion efficace des entreprises publiques en les restructurant organiquement et financièrement. Le tout devait se solder par la diffusion du développement sur l’ensemble du territoire et des secteurs d’activité.