2. L’essoufflement de l’économie administrée

La seconde moitié des années 1980 est synonyme, dans l’histoire de l’Algérie, du début d’une longue phase d’instabilité et de bouleversements, tant sur le plan économique que sur le plan politique et social. Elle s’est ouverte par une dégradation accélérée de la situation socio-économique provoquée par la chute des prix du pétrole, et s'est terminée par une nouvelle vague de réformes économiques censée être plus radicale que la précédente.

À partir de 1986 en effet, la crise latente de l’économie administrée, longtemps cachée par les recettes des hydrocarbures, s'est dévoilée brutalement et provoqua la rupture de l’ensemble des équilibres économiques et sociaux sans que les pouvoirs publics n’y soient préparés. Au sein des différentes factions composant le pouvoir d’Etat, les contradictions s’accentuèrent et les divergences éclatèrent.

Face à l’ampleur des conséquences immédiates de la réduction des moyens de paiement extérieur, la Présidence chargea un certain nombre de cadres gestionnaires d’apporter les solutions « techniques » nécessaires afin de dépasser la crise. Conduit par le Secrétaire Général de la Présidence, M. Hamrouche, ce groupe, qualifié plus tard de « l’équipe des  réformateurs  », fut à l’origine de la nouvelle vague de réformes économiques mises en œuvre à partir de 1988.

Ce nouveau projet de réformes consistait à l’allégement progressif du système de planification centralisé et la soumission de la sphère économique aux règles du  commerce. Il préconisait la réorganisation du secteur agricole, l’autonomie de gestion des entreprises publiques et la  promotion du secteur privé. Mais malgré ses indéniables avancées, ce projet restait incomplet et sans impact économique sur l’appareil productif national. Cependant, il libéra une dynamique socio-économique et politique qui s'est transformée, au fil du temps et des événements, en un programme politique et économique de transition, après les événements d’Octobre 1988.

Avant de présenter les grandes lignes de ce projet, prélude à la transition de l’économie algérienne vers le marché, ses principaux résultats ainsi que ses limites, nous examinerons les conditions d’avènement du contrechoc pétrolier de 1986, ses conséquences immédiates sur l’appareil productif ainsi que sa gestion par les pouvoirs publics.