4. L’impact de la nouvelle tentative de réformes

Les différentes actions réformatrices initiées vers la fin des années 1980 ont été au plan strictement économique d’un apport limité. Plusieurs raisons expliquent cette situation. Nous en citerons les plus visibles :

Premièrement, le projet portant sur l’autonomie des entreprises publiques et la réorganisation du secteur agricole n’était pas une démarche globale visant à rompre avec le système d’économie administrée. Ces promoteurs ne disposaient ni d’un pouvoir de décision, ni d’un appui politique clair au sein du régime ou au niveau de la société. Le groupe des « réformateurs » ne bénéficiait que d’un appui limité de la Présidence dont la composante était loin d’être cohérente et homogène.

L’influence de leur chef de file, M. Hamrouche, alors Secrétaire-général de la Présidence, était limitée, d’un côté, par le gouvernement de A. Brahimi qui préférait l’attente d’une conjoncture favorable à l’augmentation des prix des hydrocarbures, d’un autre, par le cabinet présidentiel dirigé alors par L. Belkhir dont le souci principal était d’assurer l’ascension du « clan » privatiste et non de redynamiser le secteur public national. Ajoutons à cela l’influence non négligeable de ce que l’on nommait, les « conservateurs », regroupés au sein de l’appareil du parti, qui se sentaient écartés délibérément par les réformateurs de l’élaboration du projet de réformes. L’action combinée de ses acteurs s’est manifestée sur le terrain par le manque d’adhésion et la lenteur dans la mise en œuvre des lois réformatrices.

Deuxièmement, le poids de l’organisation globale du système. Rappelons que jusqu'à 1989, la Constitution algérienne affirmait que le socialisme était un choix irréversible de l’Etat. Ce fait obligea le groupe de réforme à tempérer ses ardeurs et à adopter une démarche ambivalente qui a rendu, in fine, leur démarche peu visible et compréhensible par la population, ce qui explique, au moins en partie, les nombreuses résistances qu’elle a suscitée.

Enfin, il semble que l’équipe des réformateurs ait sous estimé le degré du rejet de la population du système en place. Celle-ci, longtemps désabusée, préférait l’émeute ou l’apathie, plutôt que l’adhésion à un projet provenant de « l’Etat » -ce dernier est assimilé au pouvoir. Cependant, il faut souligner que si ces réformes ont été globalement d’un apport limité à l’efficience de l’appareil productif national, il n’en demeure pas moins qu’elles ont eu plusieurs effets déterminants sur l’évolution du système économique algérien, notamment après les événements d’octobre 1988. La réorganisation du secteur agricole et l’autonomie des entreprises publiques ont ouvert une brèche qui n’a pas cessé de s’élargir depuis dans le système économique en place.