Conclusion de la première partie

Cette première partie, consacrée à la présentation des différentes manifestations du volontarisme qui était à la base des pratiques économiques de l’Etat algérien, permet de tirer plusieurs conclusions pouvant être regroupées autour de trois axes :

Le premier, est que l’Etat algérien, ou le pouvoir qui l’a investi, n’a épargné aucun effort pour mettre en place le modèle de développement qu’il considérait être le plus adéquat pour industrialiser le pays. L’Algérie a opté pour un système radical d’étatisation de richesses et de centralisation de la décision économique. Elle était classée parmi les premiers pays au monde en termes d’investissements, la première à avoir implanté autant d’usines en quelques années, etc. C’est aussi cela le volontarisme économique : l’acharnement étatique extrême à vouloir « semer » le développement, souvent sans se donner les moyens politiques et idéologiques que ce même développement nécessitait implicitement.

Le second axe est relatif à l’échec de l’Etat algérien à se doter d’un système économique productif, après plus d’une quinzaine d’années de « développementarisme acharné ». En effet, les statistiques relatives aux résultats de la S-A-D montrent clairement le caractère rentier du système économique algérien. Ils démontrent l’échec de toutes les tentatives étatiques de se doter d’un système productif.

Les raisons de cet échec, telles qu’analysées dans le cadre du troisième chapitre, sont nombreuses mais tendent tous vers une même explication : celle de l’utilisation des ressources économiques dans la compétition pour le pouvoir. En effet, c’est cette fonction instrumentale, assignée par le régime politique à l’économie, qui explique le refus par l’Etat des implications politiques du développement. Conséquences : en refusant tous les paramètres idéologiques du développement économique, l’Etat lâche la discipline d’usine pour éviter le pouvoir syndical, tolère le déficit des entreprises publiques pour éviter les licenciements, et couvre les travers du système par l’émission monétaire. Ce faisant, l’Etat -sans le vouloir mais de par ses pratiques- a donné naissance à une inflation structurelle, à une économie parallèle, au développement de la corruption et à la conversion du secteur privé vers la spéculation.Enfin, nous nous sommes intéressés aux contenus et aux résultats des deux processus « réformistes » initiées durant les années 1980 pour améliorer les performances de l’économie administrée. Nous nous sommes parvenu à deux conclusions ;

La première est que les restructurations financières et organiques des entreprises publiques initiées par le gouvernement de A.Brahimi n’étaient d’aucun impact sur la performance du système productif national. Cependant, elles avaient été d’un apport politique important pour la nouvelle équipe dirigeante. Elles avaient permis à Chadli d’écarter des postes de commandes ses principaux adversaires parmi les industrialistes, tout en élargissant sa base sociale.

La seconde conclusion est relative aux actions initiées par l’équipe de la réforme instituée au lendemain du contrechoc pétrolier de 1986. Celles-ci, malgré leurs caractère novateurs étaient d’un apport limité étant donnée la persistance des « lignes rouges » que traçait la constitution et le rapport de force au sein des différentes factions composant le régime politique de l’Etat-FLN.

Les événements d’Octobre1988 marquent la fin d’une époque ; celle du monolithisme politique et économique. Ils libérèrent une puissante dynamique politique qui a permis l’amorce d’une double transition vers la démocratie et le marché. Cette transition était conduite essentiellement par le Gouvernement réformateur de M. Hamrouche.

Les actions menées dans le cadre de cette transition, les raisons de sa remise en cause, ainsi que les principaux évènements économiques et politiques vécu par l’Algérie durant les décennies 1990 et 2000 constituent l’objet de la seconde partie intitulée : L'échec de la transition vers le marché comme expression de la subordination de l'économie.