Deuxième partie
L'échec de la transition vers le marché comme expression de la subordination de l'économie

Introduction de la deuxième partie

Cette deuxième partie est une analyse critique de l’histoire algérienne des réformes. Son objet est l’étude des différentes entreprises de réformes initiées par l’Etat, à travers l’analyse du contenu et des résultats obtenus dans chacun des processus réformistes initiés pendant ces vingt dernières années. Nous allons aussi nous interroger sur les motivations explicites et implicites des acteurs ayant conçus et mis en œuvre ces réformes. Elle s’articule autour de trois chapitres.

Dans le cadre du premier chapitre (cinquième dans le texte), il sera question d’examiner l’histoire de la plus importante expérience de transition vers le marché qu’a connue l’histoire algérienne des réformes. Celle du gouvernement réformateur de M. Hamrouche, initiée après les événements d’octobre 1988. Il s’agit d’une analyse historique portant sur les différents changements apportés par cette expérience, ainsi que ses résultats concrets. Il s’agit particulièrement de la question des oppositions suscitées par ces réformes. Dit autrement, nous tenterons de comprendre les motivations politiques et économiques des acteurs ayant affiché une résistance au changement du mode de régulation de l’économie algérienne.

Le second chapitre s’articule autour de deux points. Le premier est relatif à l’analyse du contexte, des actions et des résultats des années d’application du Plan d’Ajustement Structurel. Il sera question de comprendre comment l’Etat est arrivé à accepter de rééchelonner sa dette extérieur, de se faire dicter une politique économique foncièrement austère et sous contrôle des IFI, alors qu’il a toujours refusé, au nom de la souveraineté nationale, toute concession sur ses « choix » économiques, notamment à l’étranger. Il s’agit également, d’analyser les différentes actions entamées dans le cadre du P.A.S, ainsi que les résultats obtenus.

Le deuxième point abordé dans le cadre de ce chapitre concerne l’analyse de la politique économique de l’Etat algérien durant la première décennie 2000. L’importance de cette analyse provient du fait qu’elle nous permet de comparer entre l’attitude de l’Etat algérien concernant la question des réformes économiques entre deux périodes totalement différentes : celle du milieu des années 1990 -qualifiées « années de  disette »- étant donnée les difficultés financières extrêmes de l’Etat, et celle des années 2000 ou l’Etat algérien a connu une opulence financière sans précédent dans son histoire depuis 1962.

Le troisième chapitre - le dernier de la présente étude- sera consacré à la question de la nature des obstacles qui ont empêché le passage de l’économie algérienne vers le marché. Il s’agit d’expliquer l’attitude ambigüe de l’Etat algérien vis-à-vis de la question de réformes économiques. Autrement dit, nous tenterons de répondre à notre problématique de départ à savoir, pourquoi l’Etat, malgré ses discours, a été incapable de réformer son économie ?

Afin de répondre à cette question -centrale dans le cadre de la présente étude- nous nous appuierons sur les enseignements théoriques de l’Economie de la transition, plus largement ceux de de la sociologie politique ainsi que les leçons de l’histoire algérienne des réformes de ces trente dernières années.