1.2.1 Le P.A.S « Algérien » entre la théorie et la pratique

Comme nous l’avons souligné auparavant, l’accord de financement élargi, considéré comme le véritable P.A.S a été précédé par un accord moins contraignant dit de « stand-by ». Il consistait en l’application d’un programme de stabilisation économique, étape nécessaire avant de lancer le processus de réforme proprement dit. En guise de soutien à ce programme, le FMI accordait à l’Algérie, au mois de mai 1994, un prêt de 1,03 milliard de $. Les grandes lignes de ce programme s’articulaient autour de 6 points que l’on peut résumer comme suit :

  • la réduction du déficit budgétaire et l’adoption de la rigueur dans l’élaboration de la politique monétaire (réduction de la masse monétaire, stabilisation du taux de change…) ;
  • la dévaluation du Dinar ; le FMI considérait que la surévaluation de la monnaie locale était une des causes principale du déséquilibre de la balance commerciale en faveur des importations ;
  • la libéralisation du commerce extérieur : cette mesure visait d’une part la levée des restrictions sur les importations et la fin du monopole étatique sur les importations d’autre part. Cependant le gouvernement algérien avait négocié et obtenu le consentement du FMI sur une application progressive de cette mesure ;
  • la libéralisation des prix intérieurs, afin de permettre à la dévaluation d’exercer ses pleins effets sur le pouvoir d’achat global du pays, l’objectif étant la contraction de la demande afin de réduire les importations ;
  • la réduction des aides octroyées dans le cadre du filet sociale par l’Etat aux sans revenus, et leur remplacement progressif par un système d’activité d’utilité publique. On parlait de « rentabilisation des aides sociales » ;
  • l’assainissement progressif de l’économie, la levée de l’interdiction des licenciements et la préparation d’un programme de privatisation.

Après une année d’observation, le FMI et les autorités algériennes se mirent d'accord sur la poursuite du P.A.S, d’où la signature d’un deuxième accord le 22 Mai 1995. Ce nouvel accord a permis un second rééchelonnement de la dette algérienne auprès du Club de Paris en juin 1995 et auprès du Club de Londres en mai et juillet 1996268. Il portait sur un crédit total d’environs 1,8 milliard de $ au titre du mécanisme élargi de crédit. Ce crédit, visant l’appui du programme gouvernemental de réformes structurelles a été décaissé sur trois ans en plusieurs tranches. Théoriquement, ce crédit pouvait être à tout moment suspendu si l’Algérie ne respectait pas ses engagements selon le principe de conditionnalité.

Ce second accord, dit de « financement élargi », devrait permettre à l’Algérie, après trois années (en 1998), d’achever sa transition vers le marché. C'est-à-dire de réduire son déficit budgétaire, de maîtriser son inflation et sa dette extérieure, de libéraliser totalement les prix sur ses marchés et l’ensemble des opérations du commerce extérieur, d'assainir son secteur public et d'achever son programme de privatisation. Dit autrement, il s'agissait de construire un marché national sur la logique de la vérité des prix et de la libre concurrence, ouvrant ainsi la voie à une économie productive fondée sur l’impôt et non sur la rente pétrolière. Cet objectif a-t-il été atteint ? La réponse à cette question est « non ». Alors pourquoi donc le FMI n’a-t-il pas procédé à la suspension de ses crédits au nom des conditions qu’il a lui-même imposées ? Avant de répondre à ses questions, examinons les différentes actions menées par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre du P.A.S. Nous nous intéresserons particulièrement aux réformes structurelles relatives à la gestion du secteur public, au développement du secteur privé et à la question de la privatisation. Les aspects monétaires et budgétaires seront abordés dans le cadre de la présentation des résultats du P.A.S.

Notes
268.

On parle d’un second rééchelonnement, car l’Algérie avait déjà signé un accord de rééchelonnement de sa dette avec le club de Paris en 1994.