2.3.4. Un système bancaire en surliquidité

La formation de la liquidité bancaire en Algérie est corrélée, dans une large mesure; à l’évolution de l’agrégat avoirs extérieurs nets qui tire l’expansion monétaire. Elle reflète les capacités limitées de l’économie algérienne à transformer son épargne en investissement. Le tableau suivant, retraçant respectivement les évolutions des taux d’épargne et d’investissement en pourcentage du PIB, le fait paraître amplement.

Tableau 6.9 Evolution du taux d’épargne et du taux d’investissement (En % du PIB).
  2000 2001 2003 2004 2005 2006 2007
Epargne monétaire 44,1 40,2 43,2 46,2 51,8 54,9 57,12
Etat - - - - 22,6 25,6 20,0
Non publique - - - - 29,2 29,2 37,2
Investissement 29,7 30,2 30,3 33,2 31,2 29,7 34,6
Dont non public - - - - 20,4 17,6 19,1
Solde épargne-investissement 14,4 10,0 12,9 13,0 20,6 25,2 22,6

Source. Office National des Statistiques.

On remarque, à travers la lecture des chiffres du tableau 6.9, que l’aisance financière observée au plan macro-économique ne s’est pas transformée en investissement créateur de richesses. L’épargne oisive représentait en effet, en 2007, près de 50 % de l’épargne monétaire nationale. Le lancement du programme de consolidation de la croissance 2005-2009 aurait pu permettre de créer des opportunités d’investissements, mais ce ne fut évidemment pas le cas. C’est la raison pour laquelle les ressources de création monétaire proviennent en majorité des avoirs extérieurs. En effet, l’analyse de la situation monétaire « consolidée » durant la période 2001-2007, montre que l’évolution de la masse monétaire continue à être tirée par celle de l’agrégat avoirs extérieurs nets, dans la mesure où ces derniers ont dépassé, depuis fin 2007, les 7 415,5 milliards de DA.

Tableau 6.10 Les sources de la création monétaire (2001 à 2007).
Milliards de DA 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Avoirs extérieurs (net) 1 310,8 1 755,7 2 342,7 3 120,7 4 179,7 5 515,0 7 415,5
Crédits à l'Etat 569,7 578,7 423,4 29,8 933,2 1 304,1 2 193,1
Crédits à l'économie 1 078,5 1 266,8 1 380,2 1 540,6 1 779,8 1 905,4 2 205,2

Source. Construit par nos soins à partir des données de : A. Naas, Le Système bancaire algérien…Op.cit. et des rapports de Ministèredes Finances in www.algeriafinance.org .

En conclusion, nous pouvons dire que la période 2001-2007, marquée par une augmentation prolongée des prix des hydrocarbures, a permis d’accumuler des liquidités abondantes, ces dernières se retrouvant stérilisées, non réinjectées dans l’économie. Pour preuve : les crédits à l’économie ne représentent en moyenne que 36 % des contreparties de la Masse Monétaire entre 2001-2007, pour 60 % concernant les Avoirs Extérieurs. (Voir tableau 6.8.).