– Première partie –
Genèse et morphologie du « Carrefour Sante Mentale Précarité »

D’où l’appellation « Carrefour Santé Mentale Précarité » peut-elle provenir, quels en sont les inspirateurs, et aussi les questionnements sous-jacents ? Sur quoi ce dispositif publicisé par l’action publique peut-il localement s’appuyer, de quelle expérience sociale peut-il procéder ? Par quels processus socio-historiques la psychiatrie et le travail social, mobilisés à nouveaux frais dans le traitement de l’exclusion sociale, se sont-ils reconfigurés dans ce nouveau dispositif apparu à la fin des années 90 ? Cette première partie vise à rendre compte de la construction du processus de publicisation et de mise en intervention commune, associant psychiatrie et travail social dans un même dyptique que traduit l’expression « santé mentale précarité ».

Pour répondre à ces questions, nous focaliserons notre attention, principalement dans cette première partie généalogique, sur la fabrication des cadres interventionnels et organisationnels qui encadrent les pratiques cliniques. Il s’agit d’en restituer la dynamique, dans un premier temps de manière linéaire et chronologique, en décrivant les grandes lignes de l’émergence d’une clinique en réseauqui redéfinit les actions sanitaires et sociales au front de la précarité, sans omettre d’y replacer les acteurs (chapitre 1), puis de manière dialectique dans un deuxième temps, en dressant un inventaire raisonné (organisé et analytique) des activités du dispositif CSMP telles qu’elles ont évoluées, de sa création à la fin de notre période d’étude (chapitre 2).