Le centre de post-cure « Hélios » : assurer les soins de suite pour des hommes adultes qui présentent des « pathologies névrotiques » et « borderline » ainsi que des « troubles psychotiques »

Le centre de postcure « Hélios » est un établissement participant au service public hospitalier non sectorisé, géré comme le CPA par l’association ORSAC (Organisation pour la Santé et l’Accueil), disposant d’une autorisation de 30 lits pour accueillir des hommes adultes souffrant de « pathologies névrotiques et « borderline » ainsi que de troubles psychotiques »333. Il présente ainsi la particularité d’être un des rares établissements de soins de suite de la Région Rhône-Alpes spécialisé en psychiatrie.

L'offre de soin psychiatrique dans le département de l'Ain est limité à deux établissements de « court séjour » l'un assurant le service public hospitalier (Centre Psychothérapique de l'Ain), l'autre est un établissement du secteur commercial. Le Centre « Hélios » s’inscrit dans une volonté d'alternative de la suite à l'hospitalisation en Centre Hospitalier Spécialisé, alternative permettant une diversification qui se veut originale à la prise en charge des malades atteints par la maladie mentale.

L’établissement est composé d'un seul bâtiment divisé en quatre niveaux :

  • Le premier niveau (rez de jardin) est consacré aux vestiaires et aux activités collectives ;
  • Le second niveau (rez de chaussée) est le niveau d'accueil, de vie collective (salle tv) ainsi que des bureaux, de la salle de soins et de la salle de restaurant ;
  • Le troisième niveau (premier étage) comporte la salle d'ergothérapie et 8 chambres à un lit et 2 chambres à deux lits. Ainsi qu'une salle de réunion, une salle TV ;
  • Le quatrième niveau (second étage) comprend 11 chambres à un lit et 4 chambres à deux lits ainsi qu'une salle d'activités.

Le personnel soignant du centre est composé d’un médecin psychiatre qui dirige l’établissement, de six infirmiers et d’un ergothérapeute. « Alors les gens arrivent, on les installe, ils sont installés par l’équipe, moi je les vois le lendemain de leur admission, je ne les vois jamais le jour même. C’est histoire de leur laisser le temps de se poser ici, de trouver leurs repères. Donc je les vois le lendemain, on fait le point sur ce qui se passe, où ils en sont, quels sont un petit peu les buts du séjour, on présente la structure. La première semaine, on leur demande de ne pas sortir. Ca a un double effet, de se connaître et puis de trouver leurs marques ici, d’apprendre à connaître l’établissement. Petit à petit, il y a des prises en charge qui sont proposées, en particulier tout ce qu’on appelle psychocorporel. Beaucoup d’activités de gymnastique, de rééducation, de rééducation en piscine. On apprend un petit peu à se réinvestir, à réinvestir son corps, à réinvestir son vécu, à faire des liens avec les douleurs qu’ils peuvent ressentir avec des choses qu’ils ont pu vivre dans leur vie. Après dans un deuxième temps souvent, dans la mesure où ils sont d’accord, parce que les patients viennent ici en libre. Ils sont tous d’accord pour venir, on ne fait pas de placement. Ils viennent ici parce qu’ils sont d’accord pour venir et partie prenante au projet. On leur propose des prises en charge en ergothérapie qui sont soit des prises en charge individuelles sur prescription avec des buts, c'est-à-dire pourquoi ils vont en ergothérapie, pourquoi faire etc., et des prises en charge plus groupales, en ergothérapie toujours, mais là c’est sur inscription libre. Par exemple, là c’est un groupe que l’ergothérapeute appelle « lecture collage ». C’est autour d’un thème, par exemple, la dernière fois c’étaient les élections présidentielles, c’est souvent des thèmes d’actualité. Et autour de ça, il y a toute une activité de collage, de recherche de documents, etc. Et puis, il y a tout ce que j’appelle moi, la vie institutionnelle au quotidien, les liens qu’ils se font entre eux. Toutes les activités du style jeux de cartes, scrabble, la télévision aussi, on incite les gens à ne pas rester dans leur chambre. Par exemple, il n’y a pas de télé dans les chambres pour que les gens soient ensemble. Au bout d’une semaine, il y a mise en place d’une ouverture sur l’extérieur donc des temps de sortie proposée, seul en général mais ça peut aussi être à plusieurs. On travaille beaucoup sur la confiance ici. Parce que s’ils sont dehors, ils peuvent aller en ville, on ne va pas forcément le voir. L’endroit n’est pas fermé à clef, à part la nuit. Et la journée c’est ouvert, donc on n’est pas tous à la fenêtre en train de regarder qui part. Donc la première semaine, ils n’ont pas le droit de sortir de l’enceinte mais ils peuvent aller dehors évidemment. Après, je crois que ça fait partie de la prise en charge et la confiance. S’ils vont en ville, on ne va pas le voir sauf si on les cherche à ce moment-là. […] Les gens ici ne viennent jamais en situation de crise. Les gens qui viennent ici sont déjà dans un travail de stabilisation qui s’est fait et déjà, ils viennent avec une idée quelque part de ce qu’ils veulent mettre dans leur projet de vie. Nous ici, on part avec le postulat que ce sont des gens qui ont accepté de se soigner. Ils sont déjà dans une démarche de soin, de demande d’aide. Donc on travaille beaucoup sur la confiance, c’est une espèce de contrat moral entre guillemet, qu’on passe ensemble. On ne va pas les surveiller non plus, on n’est pas des flics, c’est pas notre boulot. On n’est pas une structure hospitalière, on est une structure post-cure, cure au sens de soin, ça dit bien ce que ça veut dire. » (Dr DUCHEMIN, médecin psychiatre, responsable du centre « Hélios »).

Notes
333.

Extrait de la revue de l’ORSAC, Avec, n°8, Décembre 2003, p. 5.